Raccourci vers le contenu principal de la page
Dans :  Arts › Arts plastiques › Arts › Principes pédagogiques › Techniques pédagogiques › Techniques pédagogiques › 
Juin 1999
 

CréAtions n° 87 - Traces - publié en mai-juin 1999

Classe de tout-petits, Ecole maternelle de Troarn (Calvados) – Enseignante : Nicole Aune

 

Baba Yaga

Ou comment le dessin d’une enfant de trois ans a pu provoquer le questionnement et entrainer de nombreuses activités dans une classe de tout-petits.


Lors d’un entretien du matin, Caroline a choisi de nous présenter un dessin. Nous posons des questions :
- « Tu étais en colère ?
- C’est le feu ?
- Tu as écrit à ton papa ? »

Caroline se met en colère : « NON ! C’est un bonhomme ! » Je demande à voir de plus près et constate qu’elle présente son dessin à l’envers. Je retourne et dis : « Ah ! oui, nous voyons les cheveux, les yeux. Peux-tu nous dire comment tu as fait ? »
A notre étonnement, Caroline fait un bonhomme devant le groupe et le barbouille. Elle ne donne pas de réponse quand on lui demande pourquoi.

Je propose : « Et si nous essayions, nous aussi ? » Tous essaient. Il n’y a pas assez de tables, certains s’installent par terre.  Et quel plaisir quand on se met à barbouiller son dessin !

Caroline (trois ans et deux mois) présente son dessin à l’endroit

 

 

Moi aussi je fais une tête en récitant une comptine (je raconte souvent des comptines aux petits pendant qu’ils dessinent) :
 
Deux petits ronds
Dans un grand rond
Pour le nez
Un trait droit et long
Une courbe dessous
La boucle
Et pour chaque oreille
Une bouche.

 

 

 

Corentin (trois ans et six mois) barbouille son bonhomme

 


La présentation de son dessin par Justine

Lucas, trois ans et deux mois

Manon, trois ans et demi

Manon, deux ans et huit mois

 Je demande aux enfants : « Alors, pourquoi nous le cachons notre bonhomme ? » Les enfants répondent : « Il a vomi », « Il est malade », « Il est méchant ! », « Oh ! Oui, il est très méchant ! » Et Clément rajoute du noir, le sourire jusqu'aux oreilles.

A la présentation, nous réalisons que nous voyons peu les détails essentiels. Il faut donc les repasser à la craie grasse et nous décidons de faire des portraits.

Un enfant utilise des craies noires bien grasses pour redessiner les yeux, la bouche : « Oh ! Il fait peur ! » dit une petite fille. « Peur comme BABA YAGA ! » dit Clément. Baba Yaga est le personnage de nombreux contes traditionnels russes. C’est une sorcière avec un aspect ogresse et qui mange les enfants.

Je découpe ensuite toutes les têtes et les colle sur des grandes feuilles Canson et je propose de faire le fond.
 
Nous venons de recevoir de gros pinceaux et tous les enfants optent pour les taches de peinture autour du visage, sauf Cassandra qui recouvre son personnage de peinture noire. Lors de la présentation, un enfant lui demande :

« Pourquoi l’as-tu caché ?
- Il me fait peur.
- Qu’est-ce qui te fait peur ?
- Papa est en colère ! Il fait les gros yeux !
- Il faut lui faire sa toilette, »
propose un autre enfant. Tout le groupe insiste et Cassandra accepte.
 
 
 
 
 Lucas et Clément

Julien, trois ans et trois mois

 

Je propose ensuite : « Et si nous faisions les gros yeux, nous aussi ? » Et nous nous défoulons en faisant des grimaces pour faire peur. On a même le droit de tirer la langue à la maitresse !
Et on rit…
 
 

dessin, craies grasses, peinture, présentation
  sommaire n° 87