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Thierry Savini

Juin 1999

 

 

 

 


 
* Vivre de son art, est-ce envisageable ?

- C’est un rêve auquel tout artiste aspire. Mais c’est actuellement difficile et l’a toujours été. Très rares sont les galeristes qui, en France, s’attachent à présenter régulièrement de jeunes peintres, et c’est malheureusement regrettable. Il est vrai que de plus en plus sollicités par des « gens qui peignent » et ne voulant pas galvauder leur rôle de découvreurs, ils deviennent méfiant, prudents. J’ai l’impression, et c’est sans doute vrai, que le marché de l’art est davantage peuplé de marchands d’images que de gens passionnés, engagés. Le seul vent de folie qui semble encore souffler dans ce milieu provient, en grande partie, des ventes aux enchères.

Personnellement, je ne sais pas me mettre dans la démarche du peintre vers la galerie. Je préfère croire aux rencontres imprévues. Sans refuser les opportunités, j’axe mon attention sur mon travail. Si un événement doit survenir, cela se fera de toute façon. Pour le moment, je vis plus régulièrement de l’enseignement : engranger des connaissances, échanger, guider, c’est aussi, pour moi, « vivre de mon art ». Et j’ai toujours eu la chance de vendre régulièrement. Des occasions se sont présentées. Je suis actuellement en contrat avec un agent américain. C’est bien, mais j’aurais préféré que cela se fasse d’abord en France.

 
Les draps. Acrylique, sable, pastel et encre sur draps montés sur châssis. 130 x 0,89 – 1998.
       

    

Mon parcours

J’ai toujours voulu dessiner et j’ai entretenu ce besoin dès l’enfance. Je ne faisais rien d’extraordinaire, je dessinais comme tous les enfants. En grandissant, je pris conscience que mes professeurs de dessin m’accordaient plus de considération que les professeurs de mathématiques. Et cela m’a conforté dans mon aspiration. Mes résultats scolaires ont eu raison de mon orientation. A seize ans, pas assez bon élève pour m’inscrire à un concours d’école d’arts graphiques, j’ai dû travailler, apprendre un métier.

Laissant de côté une part de mes rêves, je devins « peintre en lettres », décorateur d’enseignes. J’y acquis la rigueur de l’œil et la précision du geste. J’y ai même décroché le prix du meilleur apprenti de France en 1983. Mais au bout de huit années, le joli métier avait perdu de son charme, car j’y étais plus dans l’exécution que dans la découverte. N’ayant pas pendant ce temps abandonné le dessin, je m’inscrivis alors dans un atelier de dessin classique. J’étais alors complètement inculte en histoire de l’art, mes références n’allant pas plus loin qu’une rétrospective de Dali à Beaubourg, dont je garde encore la trace du choc émotionnel.

Je n’avais pas d’a priori quant à un apprentissage classique, me voyant mal triturer des matériaux, racler des enduits, et y trouver un sens. Ce qui aurait été prématuré dans ma démarche.

Après cette étape, je saisis l’opportunité d’une formation privée afin d’enseigner moi-même. Et c’est ainsi qu’en janvier 1988 j’arrêtais mon activité professionnelle pour me consacrer à la fois à mes recherches plastiques et à l’enseignement. Ce fut une revanche sur mes études.
Accumulant rencontres, recherches, visites d’expos, lectures et documentation, je donnais alors à mon travail une autre direction. Attiré par plus de spontanéité, j’abandonnai l’expression classique. Différentes étapes me conduisirent à désapprendre pour être au plus près de moi. C’est un parcours long et douloureux où le doute prend le pas sur les certitudes.

J’ai cherché et trouvé de l’aide auprès des anciens consacrés. Ils m’aident encore, plus d’ailleurs à travers leurs écrits qu’à travers leurs œuvres. Comme si j’avais davantage besoin de mots que d’images. Je pense à Klee, Dubuffet, Fautrier, Tapiès… Tous ces peintres et bien d’autres ont eu une profonde réflexion sur leur façon et leur choix d’aborder leurs travaux.

 

1990 – Création de L'Atelier Saint-Jamin à Paris.
1995 - Création de L'Atelier L’Eau Sauvage à L’Isle-sur-la-Sorgue.

Expositions personnelles

Octobre 1989 - Atelier Art et dessin, Paris.
Avril 1991 - Théâtre des Amandiers, Paris.
Septembre 1994 - L’ATELIER Saint-Jamin, Paris.
Novembre1995- L’ Atelier L’Eau Sauvage, L’Isle-sur-la-Sorgue (
Vaucluse).
Avril 1996 - Hôtel de Ville, L’Isle-sur-la-Sorgue.
Juillet 1996 – Espace Artifices, APT.
Juillet 1997 - Galerie 21, Santa Anna, Californie.

 



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