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La pédagogie Freinet dans le Second degré

Dans :  un niveau scolaire › 
Août 1964

Les bases de notre action

Nos techniques, nées et mises au point au 1er degré, s'avèrent aujourd'hui comme répondant aux besoins nouveaux des autres enseignements, tels que les révèlent et les définissent la Instructions ministérielles préparant la Réforme.

Cette évolution et cette extension de notre pédagogie sont naturelles et logiques. Elles prouvent la valeur de notre enseignement et corroborent notre opinion permanente : qu'il n'y a pas plusieurs pédagogies comme on l'enseignait naguère, qu'il n'y a pas une pédagogie des maternelles ou des enfants handicapés, une pédagogie du 1er degré différente de la pédagogie du second degré. Une bonne pédagogie est valable pour tous les niveaux. Il y a certes une adaptation à faire, dans le matériel et la technique, mais la méthode générale est unique.

C’est ce que nous révèlent les efforts faits depuis deux ans par notre large équipe Second degré. Le succès et l'importance du stage qui se tiendra début septembre à Senonches (É.-et-L.) marquent le fond que nous pouvons faire aujourd'hui sur cet aspect nouveau de notre pédagogie.

Il se révèle que toutes nos techniques sont en effet valables dans le Second degré. Il suffit donc de pourvoir à l'adaptation nécessaire, que nous poursuivons. Seules nous gênent, l'organisation actuelle des classes secondaires avec les professeurs spécialisés, le découpage excessif des horaires et le manque actuel de travail d’équipe.

Ces difficultés seront sans doute vaincues le jour où, notre pédagogie ayant prouvé son efficience, on prendra les mesures nécessaires pour son extension.

Dès maintenant notre expérience répercutée dans des centaines d’établissements secondaires nous permet d'affirmer quelques principes généraux qui pourraient servir de base à notre action.

Manifeste des Éducateurs Second degré de l'École Moderne

1°. - Les techniques et méthodes de la pédagogie du passé ont signé aujourd’hui la faillite totale d’une forme d’enseignement basé sur les leçons ex cathedra, les manuels scolaires, la mémoire et les devoirs, la préparation exclusive des examens.

Tout le monde est convaincu qu’il faut chercher d’autres méthodes, d’autres techniques de travail pour mieux préparer les enfants aux enseignements qui, aux degrés qui suivront, doivent aussi nécessairement évoluer.

2°. - Le délicat est de savoir et de déterminer :

— vers quel but on doit faire évoluer cet enseignement,

— et comment, pratiquement, parvenir à cette évolution.

3°. - Théoriquement, tout le monde est aujourd’hui persuadé qu’il s’agit moins de remplir les esprits de notions toutes faites, que de les sensibiliser à la recherche, à la compréhension et au travail.

On ne dit plus comme autrefois : apprendre tout ce qu’on ne peut pas ignorer, tellement devient infini le rayon de la connaissance, mais, apprendre à apprendre.

4°. - Les Techniques Freinet de l'Ecole Moderne, expérimentées et éprouvées au premier degré par un tiers de siècle de pratique offrent à l’enseignement moyen et au second degré, le résultat pratique de ses recherches et de ses découvertes.

5°. - Les techniques suivantes peuvent, dès maintenant pénétrer dans l’enseignement du second degré, étant bien entendu qu’une adaptation indispensable doit intervenir au niveau de la pratique, dans l’esprit d'une éducation du travail, base de notre pédagogie.

Plan de modernisation pour le Second degré

a) En français : l'expression libre, motivée par le journal scolaire ; la correspondance interscolaire ; les conférences d’enfants.

b) Pour les mathématiques : le travail auto-correctif et les bandes enseignantes.

c) En histoire et géographie : utilisation des BT et SBT pour l'étude du milieu ; enquêtes et conférences ; fichier documentaire.

d) Pour les sciences : l’expérimentation et l’observation et les travaux scientifiques expérimentaux, notamment par les Bandes enseignantes et l’utilisation des BT et SBT.

e) Pour l’organisation de la classe : les Plans de travail.

Toutes ces techniques sont applicables immédiatement dans toutes les classes pourvu que soient réalisées les conditions préalables à leur pratique.

5°. - Les plus gros obstacles à cette pratique sont actuellement :

a) Le morcellement du travail par disciplines et par professeurs, aggravé par le manque de travail d’équipe qui serait absolument indispensable pour cette modernisation.

Une collaboration entre les divers professeurs est absolument indispensable, notamment pour l’établissement de Plans de Travail et la pratique du journal et de la correspondance interscolaire.

b) L'insuffisance d’installation technique et pédagogique :

— Appareils spéciaux pour expérimentation ; 

— Documents pour fichiers ;

— Matériel d’imprimerie et de polygraphie ;

— Place suffisante pour cette installation ; etc...

c) Manque de formation des éducateurs.

11 y aurait lieu d’envisager très rapidement la formation des nouveaux maîtres et le recyclage des anciens.

6°. - Il appartient aux maîtres et aux parents de lutter activement pour que soient réalisées ces conditions indispensables du renouveau scolaire que nous souhaitons et préparons.

7°. - L'Institut Coopératif de l'Ecole Moderne est le lieu de rencontre de tous ceux — maîtres et parents — qui veulent œuvrer pour la réalisation en 1964 d'une Ecole 1964.

L'ICEM