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Rencontre avec Piedad Bastos, venue d’Espagne

 

 

 Propos recueillis par Virginie, GD 76

Qu’est-ce qui t’amène à ce congrès ?
-Je fais partie du MCEP (Mouvement Coopératif de l’Ecole Populaire) de Salamanque, adhérent de la FIMEM (Fédération Internationale des Mouvements d’Ecole Moderne), comme l’ICEM. Je suis enseignante en école maternelle à Plazencia, petite ville de la province de Caceres, dans l’établissement à Miralvalle, qui reçoit près de 600 élèves.

Que peux-tu nous dire de la situation de l’école en Espagne aujourd’hui ?
-L’école change à tous les niveaux. Comme tous les services publics, elle subit des restrictions énormes qui se sont aggravées avec l’arrivée de la Droite au pouvoir :
-fermetures de postes qui se traduisent par l’augmentation du nombre d’élèves dans les classes (jusqu’à 30), licenciement des aide-éducateurs en maternelle, suppression de postes de remplaçant-e-s, fermeture des centres de formation des maîtres, laissant une large place au privé,

- Les enfants vont assez mal. Nous recevons beaucoup de leurs paroles sur la situation des familles. Il existe une grande détresse sociale : augmentation du chômage, expulsions. Nombreux sont ceux qui retirent leurs enfants de la cantine, par manque de moyens.

-Sur le plan pédagogique, les enseignant-e-s sont de plus en plus contrôlé-e-s. Nous avons l’obligation d’évaluer nos élèves sans cesse. L’école maternelle subit une « primarisation » (les activités de lecture-écriture doivent primer sur le jeu, ineptie contre laquelle je me bats tous les jours), notamment auprès des parents qui angoissent sur l’avenir de leurs enfants.

Quel est l’engagement du MCEP par rapport à cette situation ?
-Nous participons aux manifestations où nous tentons de faire venir les familles. Mais l’engagement est difficile alors que c’est le moment où on devrait être le plus nombreux.
On se réunit en petit groupe une fois par semaine, puis toutes les communautés des régions se retrouvent une fois par trimestre autour d’ateliers à thèmes (droits de l’enfant, expression…) Cette année, le travail porte sur les compétences.
Nous éditons une revue « Al vuelo » (littéralement : au vol.)

Est-ce qu’il existe des actions particulières dans ton école ?
-Là où je travaille, on a mis en place des ateliers sur le temps d’activité de l’après-midi, la classe se terminant à 14h. Nous mettons en place des ateliers de tous types (techno, sport, expression…) pris en charge par des parents, des bénévoles que nous formons et des enseignant-e-s investi-e-s à tour de rôle, une fois par semaine. Les activités d’animation de la Mairie sont intégrées dans ces ateliers depuis l’an dernier.

-On essaie aussi de développer des projets en direction des plus démunis.
Notre projet principal quant à l’apprentissage, est l’accès à la lecture pour tous-tes. Tout le monde peut venir prendre un livre, parents, grands-parents, étudiant-e-s, etc. (en général de littérature classique) et participer à des réunions où les gens donnent leurs impressions. C’est un vrai travail sur soi-même, un partage, c’est une ouverture de l’école sur le monde. En classe, nous travaillons dans le même état d’esprit. Le résultat est très positif. Mon rôle est de coordonner ces ateliers.
Nous avons également le projet d’ouvrir la bibliothèque au quartier.

Qu’est-ce qui t’attire dans la Pédagogie Freinet ?
-C’est l’aspect social, le fait de ne pas arrêter les apprentissages à la porte de l’école, les relations que nous nouons. « Il faut vivre et sentir ».

Pour finir, quelles sont tes impressions sur le congrès ?
-J’ai été très bien accueillie. Je suis contente de voir tous ces gens engagés. Et malgré les différences et l’obstacle de la langue, je me sens en terrain connu, c’est très agréable !