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Conférence : Fabrice Zanello (prise de notes)

Dans :  Formation et recherche › connaissance de l'enfant › 

 

 

 

Dans le processus de formation de la pensée il y a d'abord :
L'ancrage corporel de la pensée : dans les premiers mois de vie du bébé : pensée/perception sont intriqués.
Le langage vient défaire ce lien : il y a donc un danger dans le langage.
Avec l'arrivée du bébé se développe l’empathie des parents pour répondre aux attentes du bébé, poser des mots, puis l’introduction du langage marque la fin d'une adéquation parfaite entre pensée et langage. La chose nommée par le langage ne sera jamais la chose elle même.
On voit bien le terrible de ce qui pourrait se rater dans ce tissage avec l'entourage de l'enfant (père, mère, celui ou celle qui s'occupe, qui prend soin)
Julien Gracq parle de la morsure du langage
Le tricotage entre le perçu et la pensée, met en jeu les relations entre le bébé et son environnement. Et puis la langue a ses contraintes, ses règles et il y a dans ce mécanisme verbal quelque chose qui pourrait « venir penser à votre place » (Gracq, encore)
Lacan dit la même chose en expliquant comment la langue vous fait parler malgré vous  avec les non dits, les sous entendus, le refoulement.
C'est pourquoi, apprendre à parler ce n'est pas si simple, et on peut aussi apprendre à parler pour s'empêcher de dire ce que l'on pense.

En plus de cette difficulté d'apprentissage de la langue, du langage, l'entrée dans l'école c'est l'entrée dans une culture qui peut se situer dans un écart trop grand avec les familles ce qui fait que la rencontre ne se fait pas. Trop de « pas assez » et pas assez de « pareil ».
L'apprentissage crée donc des situations de crise : conflits les plus archaïques, l'appropriation de la langue, la difficulté même au sein d'une même langue dû aux écarts entre le d'où l'on vient et où l'on se trouve.

Cas vignette : l'enfant terrible, qui fout tout par terre, agité, sans repos, provocateur, incapable de soutenir son attention, casse, renverse les choses. Ces enfants sont dans une recherche de continuité, il semble ne pas avoir de point d'appui et cherchent désespérément des agrippements, à être retenu.
On invoque souvent le défaut de père, un manque d'autorité et très souvent le père n'est pas là et donc en le convoquant on ne fait que confirmer son absence : Il y a ici une confusion entre le besoin (de l'enfant) et la demande ( de l'institution).
Comment faire : Il faut rester vivant, ne pas être submergé par leur hyper activité
avec l'enfant sans foi ni loi, mieux vaut miser sur sa propre capacité à le contenir et compter sur ce qu'il a de « bon » : prendre le mauvais et le bon de l'enfant.
Inventer des dispositifs, trouver le moyen de supporter jusqu'à ce que ça s'intègre dans la classe, dans le groupe  mais prendre, rester (continuité) avec et cet enfant docile et cet enfant transgresseur.

Autre cas : la question de l'enfant qui n'écrit pas. Exemple d'un enfant adopté à l'âge de 7 ans venant d'un pays de l'est ; son apprentissage de la langue française s'est faite dans une famille qui ne parlait pas sa langue d'origine. Il est bien rentré dans les apprentissages mais il lui était impossible d'avoir des productions écrites. Pour cet enfant il y avait la question de l'absence et écrire c'est pouvoir s'adresser à quelqu'un qui n'est pas là, pouvoir être seul : la question de l'absence était pour lui impensable, écrire était pour lui remettre en scène un Autre absent, un père, une mère et pour lui ça n'était pas pensable.

Avec ces enfants s' il y a psychothérapie (psychanalytique) en ce qu'elle aiderait ou travaillerait à la remémorisation n'est pas forcément le mieux. Il est préférable de travailler la reconstruction, la réinvention de l'histoire. L'école peut avoir ce rôle de tricotage de réinvention de ce qui n'a pas eu lieu.