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Pratique et évolution des techniques Freinet - De quelques-uns de nos problèmes urgents

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Novembre 1961

Notre Educateur n'est pas une revue ordinaire. Il est notre outil de travail. Nous serions certes intéressés par des séries d'articles qui étudieraient plus à fond certains thèmes et enlèveraient à notre revue cette apparence de dispersion qui rebute peut-être quelquefois les nouveaux venus.

Mais nous avons besoin de nos pages bimensuelles pour notre coopération pédagogique. Dans tous les domaines, nos chercheurs ont besoin de prendre contact avec ceux qui cherchent dans le même sens qu'eux. Ils ont besoin de faire connaître le résultat de leurs expériences qu’il leur faut confronter avec les expériences voisines. C'est ainsi que progresse notre pédagogie, d'une façon certes peu spectaculaire, mais avec une méthode, une continuité et une efficience dont nous pouvons avoir quelque fierté.

Comme la place nous est toujours mesurée, nous sommes obligés de temps en temps de donner comme un compte rendu résumé des travaux en cours, travaux qui se poursuivent d'autre part au sein de l'I.C.E.M. par circulaires et par notre Bulletin de travail : Chronique de l'I.C.E.M. qui est servi gratuitement à tous les travailleurs (les camarades qui veulent faire acte de travailleurs peuvent nous en demander le service).

I. - Les insuffisances de l’Ecole Laïque :

Dissipons un malentendu.

Notre camarade Poisson (Indre-et-Loire) nous écrit :

«Bien sûr, nous sommes tous d'accord avec ce que tu dis tout au long de l'article. Mais... il y a un mais très grave.

Pourquoi s’attaquer ainsi à l’Ecole laïque ? Serait- elle donc la seule à pratiquer en France ces techniques traditionnelles que nous réprouvons ? Que fait-on d'autre dans les écoles privées et les écoles confessionnelles ?

Pour avoir pu en juger quand j'étais dans l'Ouest, et pour en juger encore d'après les élèves qu'elles nous rejettent de temps à autre, je puis dire que leur pédagogie est encore fort loin derrière la plus traditionnelle des classes laïques.

Ne sommes-nous pas tous, les adhérents de la C.E.L., les défenseurs les plus acharnés de notre Ecole laïque ? N'avons-nous pas tous signé et fait signer la pétition laïque ? Ne sommes-nous pas tous prêts encore à la défendre par tous les moyens ?

Les écoles confessionnelles auront bientôt la partie belle car beaucoup déjà se lancent dans nos techniques. Toutefois je me demande comment elles en interprètent l'esprit et comment elles conçoivent la formation en l'enfant de l'homme de demain.

Déjà, dans nos rangs, les camarades appartenant aux paroisses universitaires sont nombreux.

Sur le plan syndical, cela ne marche pas toujours très bien avec la direction nationale. Et pourtant on trouve dans la motion pédagogique du Congrès de 61 des termes qu’on n'aurait pas trouvés les années précédentes. Mais dans les départements, nous nous arrangeons assez bien avec les sections.

Alors, cet emploi inopportun du terme « laïque » va faire à nouveau se durcir les positions et nous n'en tirerons aucun profit. Ce n'est pas par l'éclat et le scandale que nous obtiendrons des résultats, mais bien par le travail lent et en profondeur, par la persuasion de camarade à camarade, par la multiplication des stages.

En bref, ce n'est pas à l'Ecole laïque qu'il faut s’en prendre, mais plutôt à l'enseignement français en général, à l'Ecole tout court ».

J'ai cité longuement cette lettre parce qu’elle est l’expression de ce que nous pensons tous. Qu'on relise d'ailleurs mon article : le malentendu n’était guère possible que pour ceux qui le souhaitent et l’entretiennent.

Mes arguments demeurent cependant : Défendre l’Ecole laïque ! Bien sûr ! Mais la défendons-nous mieux en nous taisant complaisamment sur ses tares et ses imperfections ou en les dénonçant, étant entendu que cette dénonciation ne vise nullement les instituteurs qui en sont victimes, mais l'organisation elle-même de notre enseignement.

Est-ce desservir l’Ecole laïque, et les six suppléantes qui en sont victimes que de dire que, dans une banlieue de ville, six suppléantes sont seules dans une annexe d’une école distante de plusieurs kilomètres, donc sans directrice à demeure, sans personne qui puisse les conseiller et les aider.

Est-ce desservir l'Ecole laïque que d'enregistrer les plaintes des enfants qui disent :

« Le premier Jour, le maîtresse a donné à chacun de nous dix livres et une ribambelle de cahiers. Il y a le cahier de calcul, de français, de géométrie, de récitations, de rédactions, de compositions et bien d'autres encore.

Nous avons des leçons à apprendre pour tous les Jours. La maîtresse note tous les divers faits à l'école. Si on s'aide, on a zéro et une punition ».

Devons-nous nous abstenir de féliciter ce professeur d'histoire et de géographie qui lance ses élèves dans les enquêtes vivantes, pour ne pas désavouer ce professeur d'arithmétique qui, dans la même école a une discipline qui retarde de cinquante ans. nous dit notre ancienne élève.

Et devons-nous nous abstenir de signaler ce que nous dit un autre élève : « II y a un portique, mais il est défendu de s'en servir. La gymnastique est militaire ; elle ne nous apprend rien ! ».

Et ne dirons-nous pas notre mot sur les devoirs, les punitions, les examens, les études ?...

Laisserons-nous croire aux parents que notre Ecole laïque fonctionne à notre satisfaction ? Continuerons-nous à endormir leur vigilance en rejetant et en étouffant toutes critiques ? Nous étonnerons-nous ensuite si nos revendications pédagogiques majeures rencontrent si peu d'échos ? Nous n'avons pas à nous comparer, que diable, aux écoles confessionnelles ; Il nous appartient à nous de les distancer sans cesse et de les laisser en état d'infériorité, grâce à l'efficience de notre travail.

" Quant à nos collègues, écrit un camarade, les types sérieux que nous sommes devenus ne risquent-ils pas d’être empoisonnants s'ils se mêlent de vouloir remuer cette masse de petites habitudes dans laquelle ils s'enlisent doublement ? ».

Cet état de fait n'est pas d’aujourd'hui. Tant que nous n'étions pas nombreux, tant que nos techniques ne faisaient pas autorité on pouvait les dédaigner. Les collègues se contentaient de hausser les épaules. Aujourd'hui le problème Ecole traditionnelle Ecole moderne est ouvertement posé. Tous ceux qui cherchent loyalement seront avec nous et nous serons avec eux, même s'ils n'approuvent pas toutes nos techniques. Ce sont et ce seront nos compagnons. Quant à ceux — et ce n'est pas toujours leur faute — qui ont pris depuis longtemps en grippe leur métier de pédagogues, ils nous considéreront évidemment comme des énergumènes qui gênent et compliquent leur travail. Ils seront contre nous quoi que nous fassions et je ne crois pas que nous devrons tellement accepter les compromissions pour essayer de les amadouer.

Non, il ne faut pas avoir l'illusion de croire que nous serons un jour prochain persona grata de l'administration comme auprès des directions syndicales. L'avant-garde a toujours, et dans tous les domaines, ôté honnie par ceux qui ne veulent pas redresser leur marche. C'est dans la mesure où notre avant-garde deviendra nombreuse, active et puissante que nous serons considérés.

Alors, comme le conseille Poisson, nous continuerons notre travail.

 

***

II. - L'Action Syndicale et l'Ecole libératrice

Il est exact que les relations sont presque toujours bonnes, parfois excellentes, entre Ecole moderne et syndicats, à la base, dans les départements.

En me disant les bons résultats obtenus dons son département par la collaboration permanente avec la section syndicale, un camarade m’écrit : « Je ne voudrais pas que ton article puisse avoir une répercussion sur l'entente que je réussis à faire régner sur le plan local avec des collègues qui, pourtant, très sincèrement, ne nous sont pas tellement favorables mais qui acceptent loyalement la confrontation des idées et des résultats ».

Nous n’essayons jamais de convaincre par la discussion, mais seulement par l’action. Nous apportons le résultat d'une vaste et longue expérience menée dans les classes. Nous n'avons jamais dit que nos techniques soient une panacée puisque nous travaillons sans cesse à les améliorer et è les enrichir. Nous sommes d'avance d'accord avec tous ceux qui acceptent loyalement la confrontation des idées et des résultats.

Nous nous félicitons également sans réserve de l'amélioration du climat pédagogique dans les Congrès du S.N.I. et dans L'Ecole Libératrice où on nous annonce une tribune de discussion sur les méthodes pédagogiques. Nos camarades y apporteront le résultat de leur travail.

Quelques camarades me communiquent justement les réponses des responsables du S.N.I. aux lettres qu’ils leur avaient adressées. Nous nous félicitons de ces contacts, tout en relevant dans ces lettres quelques affirmations qui sont, selon nous, des erreurs.

J. Marongé écrit par exemple :

« La partie pédagogique de L'Ecole Libératrice constitue un tout. Elle ne saurait être dans sa conception, du strict point de vue de l'efficacité et compte tenu du nombre de Jeunes qui exercent actuellement sans formation professionnelle, une juxtaposition de méthodes ou de procédés pédagogiques, aussi intéressants qu'ils soient ».

Ainsi, parce qu'il y a des jeunes qui exercent sans formation professionnelle, la partie pédagogique de l'E.L sera totalement et exclusivement traditionnelle, et cela tant que durera cet état de fait déplorable... pendant des années et des lustres.

Il n'est pas possible que l’E.L s'accommode d'une ligne d'action aussi totalement réactionnaire :

— La partie pédagogique ne s'adresse tout de même pas qu’aux quelques milliers de débutants. Et les autres ?

— Est-on sûr que les méthodes traditionnelles sont plus faciles et plus efficientes pour les débutants que les techniques modernes ?

— Ne serait-il pas préférable, en tout état de cause, de présenter au contraire des solutions diverses parmi lesquelles chacun choisirait selon ses goûts et ses possibilités ?

Jeanne Lordon écrit dans le même esprit, dans une autre lettre :

« Le programme de l'Ecole Libératrice est établi pour l'année entière. L'ensemble des fiches a une unité de conception, et il est exact que, songeant aux jeunes très nombreux qui débutent à chaque rentrée, ces fiches s'inspirent de méthodes traditionnelles. Celles-ci ont fait leurs preuves et permettent de donner un enseignement vivant au même titre que les méthodes nouvelles. Les unes et les autres ont leur intérêt et leur valeur ».

C’est bien cela : l'Ecole laïque se glorifie de ses méthodes traditionnelles qui ont fait leurs preuves. Si cela est, Il n'y a rien à changer et nous sommes mal venus à mobiliser les bonnes volontés pour une modernisation de notre enseignement.

***

III. - Le thème de notre prochain Congrès

Notre prochain Congrès se tiendra à Caen, du 15 au 30 avril.

Toutes dispositions sont prises par notre comité d'organisation pour que l’accueil qui vous sera fait soit digne de l'ampleur et de la qualité de nos Congrès internationaux.

Le thème du Congrès a été définitivement décidé au cours de nos Journées de travail de Vence, en présence des délégués de l'O.C.C.E.. Si nous avons un peu tardé à le faire connaître, c’est que nous attendions de connaître dans quelle mesure l'office des Coopératives désire participer aux enquêtes et discussions qui précéderont le Congrès. Rien n'a encore été décidé au moment où nous écrivons ces lignes.

Nos Congrès sont des Congrès de travail, ce qui veut dire qu'on y passe obligatoirement en revue les multiples aspects de notre rénovation pédagogique. C'est dire qu'il ne saurait y avoir chez nous, comme dans certaines rencontres, un thème exclusif sur lequel seraient centrées toutes les discussions.

Nous avons pensé cependant, et depuis toujours, que nos séances plénières doivent être consacrées à un thème spécial, plus particulièrement d'actualité. Les éléments majeurs de notre pédagogie jalonnent ainsi la liste de nos Congrès : le but de l'éducation est de former en l'enfant l'homme de demain — 25 enfants par classe — La notion de rendement — La discipline — A la croisée des chemigs.

Nous reprendrons cette année notre thème d'Avignon : La Modernisation de l'Enseignement, question plus urgente que jamais au moment où la mise en place de la réforme s'accompagne, du moins pour le premier degré, d'une réaction pédagogique dont on mesure mal encore les conséquences.

A vrai dire, nous attendions aussi pour mettre en train l'étude du thème du Congrès, une décision promise pour la relance de notre Association pour la Modernisation de l'Enseignement. Après le Congrès de St- Etienne, l'I.P.N. avait accepté le principe de l'édition d'une revue internationale qui aurait servi de liaison entre les groupes de la F.I.M.E.M. (Fédération Internationale des Mouvements d'Ecole Moderne) et qui nous aurait permis la discussion internationale de la question de la Modernisation de l'Enseignement. C'est le Centre régional de Marseille qui devait prendre la responsabilité de cette édition. Par manque de crédit, l'affaire traîne et nous ne savons encore si nous pourrons parvenir à la réalisation escomptée.

Alors, comme nous sommes habitués à compter d'abord sur nous-mêmes, nous allons sans retard organiser l’Association pour la Modernisation de l'Enseignement, qui aura ses sections départementales et régionales, ses colloques, son Bulletin.

La Modernisation de l'Enseignement ne peut plus, en effet, en 1961, se concevoir sur le seul plan scolaire, encore moins sur le seul plan enseignement primaire. Nos efforts resteront vains si nous ne parvenons pas à coordonner nos recherches par une collaboration indispensable d'éducateurs à tous les degrés et par la participation aussi de personnalités et d'organisations non enseignantes mais qui, pour des raisons diverses, sont directement intéressées aux problèmes qui nous préoccupent : architectes, constructeurs, éditeurs, médecins, administrateurs, parents d'élèves, municipalités.

Nous présenterons cette A.M.E., sa structure et son action dans notre prochain N°, en même temps que les questionnaires que nous lancerons pour la présentation de notre prochain Congrès.

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IV. - L'Ecole Moderne est plus que jamais militante

Nous sommes une avant-garde, ce qui veut dire que nous marchons bien souvent à contre-courant et que nous avons besoin, si nous ne voulons pas sombrer, d'agir tout à la fois avec hardiesse et prudence contre ceux qui défendent les positions acquises.

L'administration s'accommode plus ou moins de notre esprit militant. Cela dépend de la personnalité des administrateurs eux-mêmes, et nous devons dire avec réconfort que nous rencontrons souvent auprès d'eux un appui intelligent et précieux, même si cet appui reste strictement personnel, sans résonance administrative.

Toute action militante, qu'elle soit pédagogique, syndicale, coopérative ou pédagogique se nourrit obligatoirement d'idéal et de sacrifices. Elle ne rapporte que rarement aux militants eux-mêmes auxquels on vole volontiers les réussites. Et on leur reproche, du même coup ce qu’on appelle souvent le manque de sens pratique, cette aptitude si courante des individus à monnayer leurs activités et à faire breveter leurs inventions.

Alors, il est bien exact que nous avons vécu d'idéal et de sacrifices et que nous ne voyons pas, dans l'organisation sociale et politique actuelle, la possibilité pour l’avenir de trouver un autre mode d'innervation et de financement de notre activité. Nous faisons certes le maximum d’efforts pour une rentabilité maximum de notre I.C.E.M. et de notre C.E.L. C'est parce que nous avons pu créer et faire vivre ces puissants organismes quo nous avons réalisé une œuvre qui marque déjà et marquera notre pédagogie mieux que les plus éloquents discours. Les millions engloutis par nos 35 ans de recherches, c’est cela notre capital social. C’est malheureusement un capital peu rentable commercialement parlant et encore moins négociable.

C’est ce que nous répondons à ceux qui, du dehors, s’étonnent qu'une administration coopérative fasse ainsi appel sans cesse à la bonne volonté et aux sacrifices de ses adhérents. Si demain il y a bénéfices coopératifs, c'est que se sera éteinte la fièvre de recherche dont nous vivons.

Si nous pouvons nous survivre, c'est que nous trouvons dans le milieu enseignant une proportion insoupçonnée de camarades idéalistes qui sont toujours prêts à sacrifier leur bien-être ou leur argent, à l'intérêt de leur travail au sein de notre mouvement. C'est ce qui nous vaut :

— d'avoir un nombre respectable d'abonnés à nos publications qui ne sont pas des revues ordinaires, mais des organes de travail :

— de trouver à volonté, parmi tant de dévouement, des responsables et des travailleurs pour nos commissions et notre entreprise B.T. :

— de compter un millier de participants à nos Congrès annuels ;

— d'avoir des souscriptions pour toutes nos nouveautés ;

— et de pouvoir compter sur des centaines de camarades qui font à notre mouvement une entière confiance au point de nous confier leurs reliquats de traitements et les économies de parents et d'amis.

Notre mouvement est puissant de cette conjonction exceptionnelle de bonnes volontés. Et c'est sur elles encore que nous comptons exclusivement pour l'avenir.

Tout ceci pour vous dire que nous allons encore une fois faire appel à vous pour une action qui, nous le savons, ne vous emballe pas, mais pour laquelle vous ferez le maximum, vu l'urgence : Il s'agit de la diffusion et du renforcement de nos B.T..

Nous avons à ce jour 10000 abonnés. Nous vendons chaque mois près d'un million de francs de B.T. en stock, ce qui nous permet de parer aux rééditions indispensables. Nous vivons. On apprécie notre oeuvre qui est cependant insuffisamment connue et devrait connaître aujourd'hui un succès qui nous permettrait des réalisations nouvelles.

Si nous disposions de 15 A 20 millions, nous pourrions faire comme la grande maison d'édition qui lance ces jours-ci une publication qui rappelle nos B.T. sans en avoir les essentielles qualités pédagogiques. Seulement les premiers numéros sont servis à tout le personnel enseignant, sans doute à quelque 500 000 exemplaires, publicité qui sera certainement doublée par une action parallèle auprès des inspecteurs et des mairies. Le résultat en sera automatiquement plusieurs dizaines de milliers d'abonnés.

Nous n'avons pas cette possibilité, mais par votre action à tous, nous pouvons faire connaître à la masse des éducateurs et aux parents une publication qui est en même temps un outil de travail exceptionnel.

Nous vous donnerons à ce sujet toutes indications techniques et nous comptons sur vous.

Certains camarades ont cru que, par nécessité de propagande, j'exagérais lourdement dans les pourcentages d'éducateurs intéressés à nos travaux.

Il y a certes chez nous le noyau d'adhérents qui participe directement à nos travaux et à notre gestion. Ils nous sont, bien entendu, les plus précieux. Mais nombreux sont les camarades qui, isolés, non adhérents aux groupes, nous suivent et nous aident. Et ils sont plus nombreux encore les éducateurs qui, timidement, essaient nos techniques. Nous ne disons pas que les essayer c'est les adopter, c'est du moins douter des techniques qu'on a employées jusqu'à ce jour, prendre conscience de la possibilité, de la nécessité de faire mieux. Quiconque s'est aventuré sur cette pente aboutira immanquablement à l'Ecole Moderne.

Et c’est pourquoi, malgré les attaques et les critiques, les calomnies parfois, malgré le comportement à notre égard d'une administration qui reconnaît assez souvent la valeur et la portée de notre oeuvre mais ne nous apporte jamais aucune aide technique, malgré les difficultés que rencontre, pour se survivre, une Ecole Freinet dont l'administration ne veut pas reconnaître le caractère expérimental, avec l'appui moral inégalé de la masse de nos adhérents nous restons plus que jamais confiants et enthousiastes.

L'Ecole Moderne est désormais le ferment théorique et technique des progrès pédagogiques de notre époque tragique et déconcertante.

Au travail !

C FREINET