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La Méthode Naturelle d'Apprentissage - Suivi de Conférence

Dans :  Région Grand Ouest › Principes pédagogiques › 

 

NICOLAS GO.
LA METHODE NATURELLE D'APPRENTISSAGE.
SUIVI DE CONFERENCE.
Jeudi 26 mars 2009.
 
Ecriture en italique : interventions, questions, réactions du public.
Écriture “normale” : réponses de Nicolas Go.
 
* Méthode naturelle : un monsieur demande s'il a bien compris ce que c'était.
Pour lui : - méthode = méthode d'observation
- ce qui est naturel = ce que font et choisissent de faire les enfants (sur la cour de récré, cf observations Freinet)
 
* Une méthode n'est pas forcément associée à des programmations ou à des procédures (succession d'actions à suivre).
Méthode = effort pour rationaliser en y associant la notion d'incertitude.
Référence faite aux travaux d'Edgar Morin (“Une éducation planétaire”, “la méthode” (?)). Il dit qu'une chose se découvre à mesure qu'elle s'engendre.
Il cite Machado : “C'est en marchant que se découvre le chemin.”
Donc, la démarche d'apprentissage est complexe.
 
Qu'est-ce qui est spécifique en méthode naturelle (M.N) ?
Exemple : La culture pré-existe, les maths existaient déjà avant ton arrivée.
Mais pour un enfant de 2 ans, les maths, ça n'existe pas.
M.N = engager un processus singulier qui consiste à utiliser les processus rationnels de l'enfant et à les mettre en oeuvre sur un matériau. Ce que l'enfant crée va devenir un objet de transformation orientés par les savoirs de référence. Le maître aide l'enfant à conceptualiser à partir de ce qu'il a créé.
Le maître est porteur des savoirs, il doit être cultivé sinon, il ne saura pas comment faire passer l'enfant du dessin du rond au tracé du cercle.
 
En M.N, le maître a quasiment une posture d'observation clinique. Il “diagnostique” la possibilité d'un cercle mais l'enfant peut faire évoluer sa création différemment. Donc le maître devra se ré-adapter aux nouvelles propositions de l'enfant.
Le principe d'incertitude est au coeur de la M.N qui est anti-programmatique. Production de n'importe quoi (dans le bon sens du terme) par n'importe qui : éducation populaire.
 
Quand il y a programme , exemple :
Le maître propose plusieurs situations problèmes (= objets du maître) :
- la moitié des élèves seront exclus car ils ne comprennent même pas la situation problème.
- le maître peut proposer de tâtonner, de comparer leurs procédures, mais les élèves travaillent de toute façon sur les objets du maître pas sur les leurs. Alors, même les enfants qui ont compris ne se sont pas véritablement appropriés ce savoir.
 
 
 
M.N : on prend en compte le primat du désir. Donc, on tente de créer un milieu favorable à l'émergence du désir. Le désir ne peut pas survenir de rien. Le travail de l'enfant est planifié sur la longue durée, il l'a planifié.
 
* Une enseignante du RASED intervient et dit sa difficulté à voir comment elle pourrait concilier son travail actuel (prise en charge de groupes d'enfants 1 à 2 fois par semaine pendant seulement ¾ d'heure) avec la M.N.
* Nicolas Go répond que les enfants suivis au réseau d'aide ont des puissances de vie abîmées. De plus, cette enseignante a un temps de fonctionnement très morcelé. Ce contexte différent permet plus difficilement d'envisager ce type de travail à long terme avec les enfants.
 
* Comment concilier puissance de vie et principe de plaisir/ satisfaction immédiate ?
 
* Le “tout, tout de suite” correspond à un désir souffrant (même si l'enfant ne s'en rend compte). L'enfant est alors victime de ce qui le détermine, il a une faible espérance dans son désir; c'est ce désir-là qui s'affirme par défaut d'un désir plus grand.
Le rôle de l'école est alors de créer un lieu tellement riche qu'il devient plein de promesses ; grâce à la relation coopérative avec le groupe, grâce à la bonne relation des enfants avec le maître.
Petit à petit, l'enfant crée et il sait que ça va déboucher sur quelque chose car ça lui est déjà arrivé. L'enfant peut présenter son oeuvre, apporter du savoir. N'importe quelle création est alors saturée de promesses. Il n'a plus besoin du désir “ tout, tout de suite”.
 
* François Perdrial parle d'un film (?) qui a été tourné sur l'école “Quoi” (?) à Riec sur Belon (Philippe Bertrand ??). Quand on arrive dans cette école, les enfants ne font pas forcément attention aux nouveaux arrivants, ils sont très occupés à travailler, très impliqués, c'est du sérieux. Les enfants jubilent.
 
* Créer un milieu où l'enfant va découvrir des satisfactions.
L'ICEM a maintenant 80 ans de pratiques et de recherches dans ce domaine, mais n'est pas à la hauteur de ses découvertes empiriques. Il faudrait pour cela tirer des principes théoriques des pratiques, hausser le niveau de connaissances théoriques, inventer des formes nouvelles de transmission des savoirs et des savoirs-faire.
 
* Marc Chatellier dit qu'il faut s'emparer de la caisse à outils conceptuelle, analyser ce qu'on fait et pourquoi on le fait. On peut prouver que tous les enfants sont capables d'accéder à la connaissance, à l'analyse (ce n'est pas un don).
 
* Désir = essence de l'homme.
Le désir est opaque, non-programmable, non-rationnalisable, et il est victime de ses déterminations.
Un enfant ne peut progresser que sur ses propres bases. Son désir ne peut être puissant qu'à l'intérieur de ses singularités. M.N : l'enfant devient le maître de son propre désir à travers le travail, dans le respect de sa singularité.
Nicolas Go reprend l'exemple de l'enfant qui dessine un rond.
On demande à l'enfant de réaliser une création personnelle puis on lui permet d'aller au bout de son tâtonnement. Quand il ne sait plus quoi faire (améliorer sa création, la transformer pour aller plus loin), il peut demander aux autres élèves, au maître qui se met alors “dans les pas de l'enfant” : “Qu'est-ce que tu as voulu faire ? Si tu essayais cela , comment vas-tu t'y prendre ?”
L'enfant peut alors retourner à son travail, il sait quoi faire et il va continuer à expérimenter et à tâtonner.
Ensuite, il peut continuer à retourner voir le maître ou d'autres élèves ou encore présenter sa création à la classe : “Qu'en pensez-vous ? Que peut-il faire d'autre ? Comment peut-il améliorer sa création ?” L'enfant est alors remis en situation de processus.
En travaillant ainsi, on organise socialemennt l'accès aux savoirs en interaction avec le maître, les élèves. De plus, ça donne envie aux autres, et même si la recherche est en cours, le groupe s'est approprié le sujet (le cercle) et il y a déjà transmission de connaissances --> travail de fermentation de l'idée.
Tout à la fin, après de multiples tâtonnements, l'enfant doit arriver à une production finale et rendre compte d'une notion mathématique. Ce n'est pas seulement une performance d'élève, un résultat mais aussi le processus pour y arriver.
 
On peut disposer dans la classe des objets de curiosité qui vont permettre le tâtonnement (cage à fils de Paul Le bohec, microscope ...)
 
* Témoignage d'une ingénieur en éducation thérapeutique du CHU de Nantes travaillant avec des adultes ayant des maladies chroniques (prise en charge individuelle et collective).
1er temps : diagnostic éducatif, écouter les patients (résistance des soignants mais bébéfice sur les patients)
Fin : bilan de tout ce qui a été dit, cercle magique, bâton de parole.
 
* Marc Chatellier dit que quand il est entré pour la 1ère fois dans une classe Freinet, il a eu l'impression que c'était magique. Tout ce à quoi il aspirait était mis en pratique. Mais ce n'est pas magique, c'est possible.
 
* Pour entrer dans la M.N et pouvoir la pratiquer, on ne peut pas uniquement partir d'une théorie prélable et la mettre en oeuvre pratiquement. Il paraît nécessaire d'entrer dans un processus personnel, de devenir son propre formateur, de tâtonner, d'oser se lancer et d'aller à la recherche de pistes, d'incitations ... comme : aller voir une classe au travail, voir le film de l'ICEM sur la M.N de lecture...
La M.N est appliquée à nous-même.
Le maître crée un milieu rigoureux. La M.N, ce n'est pas “Maintenant, tu fais ce que tu veux”.