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La peur, j’adore …

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Février 2002

 

 

 La peur, j’adore…

 

Classe du CP, enseignante : Eliane Hérinx


Après discussion, plusieurs groupes se sont formés autour de quelques projets qui ont cheminé dans la classe pendant un mois, portés par un plus ou moins grand nombre d’enfants. Cela a favorisé les échanges dans le groupe classe et avec d’autres classes de l’école.
Durant cette période, parmi les divers textes libres, il y avait bien sûr des récits sur le thème de la peur. « Sophie et la sorcière » par exemple. Mais aussi d’autres histoires déclenchées par des dessins destinés à l’exposition et dictées à l’enseignante, dont une intitulée « Histoire de monstre ».

 

La contrainte du dessin en petit format (A5) demandé par les bibliothécaires pour réaliser l’exposition m’a amenée à proposer diverses techniques laissant à tous ceux qui étaient intéressés par l’une ou l’autre le temps d’essayer, de recommencer, d’abandonner ou de multiplier les productions. Quelques enfants ne se sont presque pas intéressés aux dessins de petit format et ont continué à peindre, à travailler au pastel, au fusain ou à l’encre sur le thème de la peur ou pas.

Pour choisir la partie la plus « effrayante » de leurs dessins au feutre, j’avais fourni aux enfants des cartons-caches » où j’avais découpé une fenêtre de format A5. Chacun s’en aidait pour tracer le cadre de l’élément qu’il avait sélectionné. Un petit groupe avait bien apprécié ces recherches. « On dirait que le fantôme est à la fenêtre ! » « On dirait que les dessins ce sont les fenêtres d’un château ! »
C’est à partir de leurs remarques lors de la présentation des dessins que m’est venue l’idée de découpages et de dessins sur des photocopies de cartes postales.

En effet, dans la ville de Vence et dans les villages environnants, les porches, les vieilles portes, les fenêtres et les voûtes ne manquent pas. J’ai photocopié en nombre des cartes postales qui semblaient propices à ce travail et je les ai proposées aux enfants. Une grande majorité de la classe s’en est emparé. En découpant, collant, dessinant, ils ont fait apparaitre des fantômes, qui traversaient les murs, des animaux, des monstres, des lacs de lave… Ils ont mis en scène des batailles au pistolet laser sous les voûtes moyenâgeuses, etc. Et ils se racontaient des tas de choses horribles en travaillant !

Une photographe et parent d’élève, Geneviève Roy, a accompagné le petit groupe d’enfants. Elle raconte :

« A chacun, tour à tour, je leur passais l’appareil photo pour qu’ils fixent leurs impressions sur la pellicule noir et blanc. Durant cette balade dans les ruelles de l’ancienne cité, ils ont partagé leurs joies et leurs effrois devant ces petits coins sombres, ces lieux de terreur qu’ils repéraient avec beaucoup de spontanéité.
Tout ce qui était béant et prolongé par le noir semblait devenir inquiétant à leurs yeux : un soupirail, avec ses barreaux au ras du sol, vu de la ruelle vers une cave aux odeurs de moisi ; une petite ouverture ronde, tout en haut d’un mur de pierre à l’angle de la cathédrale : une vitre cassée avec ses toiles d’araignée garantes d’une non-occupation des lieux ; une porte entrouverte, entrée d’immeuble et cage d’escaliers à la fois ; un auvent de bois où il devait se jouer quelque chose digne d’une peur puisque l’enfant y avait reconnu là son coin sombre ; plusieurs portes aux vitres fendues et surtout une à laquelle se mêla leurs rires nerveux lorsqu’ils entendirent grommeler une voix issue du noir et que j’ai entendue aussi, prêtre à les chasser s’ils osaient pousser plus loin leur reconnaissance aventureuse.
A la lecture finale des tirages, ils ont reconnu les lieux qu’ils avaient photographiés en les faisant partager aux autres de leurs commentaires.
Mais ils ont eu aussi la surprise de découvrir d’autres lieux. Ceux qui étaient apparus sur l’image par l’effet d’un « bouger » qui rendait l’objet plus incertain et d’autant plus inquiétant, ou ceux qui par l’effet d’un fort contraste rendait une ouverture sombre, plus sombre encore, sur le fond de pierres éclaboussées de la lumière du soleil. »

 

La présentation des photographies exposées sur un fond fait à partir des photocopies de photos agrandies donne aux enfants un nouveau prétexte à manipulation. Les tirages photographiques sont photocopiés pour être « trafiqués », de la même manière que les cartes postales, mais en grand format cette fois.


Un nouveau projet est apparu, suite évidente de l’activité précédente : une promenade dans la vieille ville de Vence et un objectif : photographier les coins sombres qui font peur.

Et là, dernier rebondissement, un enfant a lancé l’idée de l’image animée : porte qui s’ouvre, soupirail qui se soulève, fantôme et monstre découpés qui apparaissent.

L’atelier fusain et sanguine était très fréquenté durant cette période pour les effets effrayants qu’il favorisait.


 

Or, une autre classe faisait des recherches de bruitages pour leur projet d’expression corporelle, toujours dans le cadre du Salon du livre. Il m’est venu l’idée de mettre en relation ces deux recherches.

Plusieurs enfants de ma classe ont choisi des dessins ou en ont produit d’autres. Puis ils les ont proposés aux techniciens bruiteurs du CE2.



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