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L’école moderne a la croisée des chemins

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Mars 1961

Actualités de l’Ecole Moderne

 

L’école moderne a la

croisée des chemins
 
Ce n’est pas par manie du slogan que nous donnons ce titre à notre rapport préparatoire aux discussions et aux décisions du Congrès.
 
C’est que, outre notre souci permanent d’ajuster au maximum notre travail aux changements et à l’évolution du milieu, nous avons à examiner cette année un certain nombre de problèmes particuliers, souvent déterminants pour l’orientation de notre pédagogie.
 
1° La Réforme de l’Enseignement, avec ses incidences diverses et complexes, avec la création des C.E.G. et l’attention nouvelle que le 2d degré porte à nos techniques ;
 
2° Le fait que, la C.E.L. était à peu près remise du grave coup que lui avait apporté l’aventure Rossignol, nous pouvons être en mesure à Pâques de céder dans de bonnes conditions la direction de la Coopérative de l’Enseignement Laïc à notre camarade Pons, dont la compétence et le dévouement ont été déjà si appréciés ;
 
3° Cette mesure nous place aussi dans l’obligation de faire vivre séparément la C.E.L. et l’I.C.E.M. Nous garderons la responsabilité pédagogique de l’institut Coopératif de l’Ecole Moderne et de ses périodiques.
 
4° En prévision de cette éventualité, nous avons déjà, depuis octobre, mis en train une organisation nouvelle sur la base des Groupes et des Bulletins régionaux. Il nous sera possible de faire le point de l’expérience pour repartir avec sûreté.
 
5° Enfin, l’édition de l’Art Enfantin et de Techniques de Vie retiendra tout particulièrement notre attention, ainsi que le lancement de notre Association pour la Modernisation de l’Enseignement (A.M.E.).
 
FAUT-IL REORGANISER L’I.C.E.M. ?
 
Ne parlons pas de la réorganisation financière et légale. Elle est simple. Les statuts de l’I.C.E.M. sont déposés depuis longtemps et toujours révisibles. L’Association peut, statutairement, remplir ses fonctions. Nous y pourvoirons très facilement.
 
Mais faut-il réorganiser le travail et la vie de l’Institut ? Là est le vrai problème de ce jour.
 
Nous devons dire tout de suite que nous en voyons fort peu la nécessité, tellement l’organisation de notre travail a été depuis trente ans efficiente et productive, et non seulement matériellement parlant, mais surtout moralement et humainement. Un grand corps de plusieurs milliers de collaborateurs, travaillant généreusement dans un esprit de loyale et libre recherche est un bien trop rare et trop précieux pour que nous risquions d’y porter un tant soit peu atteinte.
 
Si nous avons besoin de statuts, de règlements et de décisions de justice pour organiser notre coopération, c’est que nous ne sommes pas à la hauteur de nos responsabilités et que les liens qui nous unissent ont besoin d’être renforcés par des autorités qui nous sont extérieures.
 
Nous dirons alors que, tant à la C.E. L. qu’à l’I.C.E.M. nous avons toujours travaillé sans nous reporter aux statuts, sauf pour ce qui concerne les formalités légales et fiscales. Nous n’avons jamais voté, pas même au C.A. ou à l’A.G. de la C.E.L., sauf en deux ou trois circonstances critiques, quand des éléments étrangers à notre esprit auraient voulu se référer à ces statuts et à ces lois pour troubler notre vie et notre travail.
 
Si la chose a été possible à la C.E.L. où des fonds importants sont engagés et donc les décisions sont toujours délicates, elle est évidemment plus simple au sein de l’I.C.E.M..
 
Que des statuts et des règlements interviennent pour ce qui touche - comme pour la C.E.L. - aux questions de droits, d’attributions de fonds ou d’intérêt, cela est indéniable. Et nous mettrons au point ces statuts pour garantir les droits de tous les camarades travailleurs. En général ces mises au point ne sont pas même de notre ressort, mais de celui du Conseil fiscal ou des avocats.
 
Mais pour ce qui est de notre travail commun, ce serait comme une insulte à l’idéalisme et à la camaraderie des travailleurs I.C.E.M. de penser que nous allons par des articles de lois ou des règlements prévoir et ordonner les modalités de notre fonctionnement.
 
Nous sommes un groupe de chercheurs et de travailleurs désintéressés, et à ce titre nous devons toujours être en mesure de nous entendre sur le plan de la camaraderie ; comme nous sommes toujours en mesure de nous entendre sur le plan de la pédagogie, même si nous ne sommes pas d’accord sur les formes diverses de la pratique - ce qui est d’ailleurs inévitable et naturel si nous voulons que notre pédagogie reste adaptée au temps, au milieu et aux individus.
 
Je puis affirmer cette réalité qui nous est commune, et qui est d’ailleurs conforme à notre pédagogie :  nous ne travaillons bien, les uns et les autres, que si nous sommes en confiance, entre camarades. Si cette confiance, cette camaraderie sont, à quelque moment troublés, la qualité de notre travail s’en ressent immédiatement. Notre rôle essentiel sera alors d’essayer d’éliminer les corps étrangers qui gênent le fonctionnement de notre entreprise.
 
La chose est relativement facile, sans même avoir recours aux statuts ou à la loi. Il suffit que nous sachions exiger que tout notre travail se fasse toujours coopérativement, dans le cadre de notre mouvement, dans le sens exclusif de cette recherche commune qui est notre raison d’être.
 
C’est parce que, en général, ceux qui viennent chez nous par arrivisme n’y font pas une longue carrière, puisque peu profitable, que nous nous retrouvons toujours entre camarades, entre membres d’une même famille, mieux que d’une parenté, d’une famille spirituelle, d’une communauté de travail, et c’est toujours le travail qui nous unit.
 
A deux ou trois exceptions près, sur quelques sept à huit mille camarades qui ont collaboré avec nous depuis trente ans, nous avons fonctionné et travaillé ainsi, avec le succès que vous connaissez. Pour ce qui nous concerne, nous ne travaillons pas autrement et il nous serait impossible de collaborer avec des camarades qui, par leurs agissements, risqueraient de troubler cette atmosphère de confiance et d’unité.
 
Je pense, en conséquence, que ce serait une erreur et un danger de suivre les deux ou trois camarades parisiens qui, pour des buts dont nous ignorons les vraies raisons, voudraient nous pousser à discuter longuement au Congrès des statuts et du règlement intérieur de l’I.C.E.M., comme si nous risquions d’en être renforcés quand nous sortirons de notre séance du samedi soir avec des règlements inscrits noir sur blanc mais avec notre esprit troublé, et notre confiance ébranlée.
 
Il n’y a qu’une question à nous poser, à la réunion des Délégués départementaux et des responsables de Commission qui a toujours été considérée comme l’A.G. de l’I.C,E.M. : « Sommes-nous toujours tous d’accord pour travailler en totale camaraderie, en intégrant toujours coopérativement notre activité individuelle ou collective à l’ensemble complexe de notre mouvement ? ».
 
Il ne peut pas y avoir de discussion, ni de réserves. Nous ne voterons pas. Comme toujours, notre réunion restera ouverte à tous les camarades, mais nous demanderons, en principe, de laisser voix délibératrice aux responsables. En principe seulement.
 
Et alors, nous désignerons, parmi les meilleurs travailleurs, le Conseil d’administration qui désignera son Bureau. Je suis d’accord avec nos camarades parisiens (propositions de Lebreton, Faligand et Gaudin) pour que soient désignées diverses Commissions qui, au cours du Congrès, et ensuite aussi si possible, étudieront :
 
-          La Presse I.C.E.M. ;
-          Les Bulletins départementaux et régionaux ;
-          Les relations C.E.L. - I.C.E.M. – Techniques             Freinet - A.M.E. etc...
-          L’harmonisation des activités régionales ;
-          Les stages ;
-          La F.I.M.E,M. et les relations internationales ;
-          Vie des Groupes ;
-          Fichiers des éducateurs T.F. ;
-          Classes-témoins, etc...
 
Il y a là, sans nul doute, un travail considérable à entreprendre, qui se fait difficilement par lettres et qu’il serait souhaitable de voir déblayer au Congrès
 
Une séance de synthèse pourrait être consacrée aux résultats de ce travail.
 
Mais pour ce travail même, nous faisons tous confiance aux camarades qui voudraient bien s’en charger. Si nous sommes d’accord sur les principes intangibles, tout le reste n’est qu’aménagement technique, qui ne peut pas soulever d’objection de principe D’ailleurs nous modifierons ensuite en cours de route si nécessaire les décisions qui, à l’usage, se révèleront comme peu rentables.
 
Nous demanderons également à nos camarades de ne pas trop alourdir de règlements notre mouvement de l’Ecole Moderne. S’il est des groupes solidement organisés qui pourraient peut-être s’en accommoder, il en est d’autres qui, pour diverses raisons valables, en seraient paralysés. Nous devons même rester prudents sur le principe, réclamé par quelques camarades, de l’adhésion aux groupes. Certes cette adhésion est hautement souhaitable. Je ne saurais pourtant oublier qu’il est, dans certains postes perdus loin de tout centre et de possibilités d’assister aux réunions des camarades qui consacrent leurs soirées à nous préparer des B.T., des suppléments, des rapports, faisant ainsi le meilleur des apprentissages à la vie de l’Ecole Moderne.
 
Et puis nous préférons garder un mouvement exceptionnellement ouvert, même s’il nous vaut parfois quelques ennuis, plutôt que de nous orienter vers un bureaucratisme qui n’est pas dans notre tempérament.
 
Que tous ceux - instituteurs, professeurs, parents d’élèves, médecins, psychologues - qui sont intéressés par nos travaux, collaborent à notre vaste entreprise : chacun selon son tempérament et ses possibilités, dans cet esprit Freinet qui a été jusqu’à ce jour notre point de ralliement. Nos solutions, notre pédagogie, nos Groupes, nos Bulletins comme nos journaux scolaires, seront divers comme est diverse la vie dans les diverses régions de notre pays. Nous tâcherons de les harmoniser dans nos permanentes synthèses expérimentales.
 
Et au fait, que vous importera de savoir, en quittant St-Etienne, qu’on a ajouté quelques lignes à des statuts qu’aucun de nous ne consultera.. Il faut par contre que nous retournions tous avec la certitude que tousensemble, en toute camaraderie, nous pourrions faire encore de la belle œuvre utile, et que nous pourrions mobiliser dans notre mouvement de l’Ecole Moderne comme dans nos classes, la plus dynamique et la plus riche des forces, celle qui se nourrit en permanence à notre commun enthousiasme, à notre souci de travailler utilement au progrès de l’Ecole laïque et de vivre dans nos classes et dans nos groupes selon des normes de travail fécond et d’humanité qui devraient animer toujours et partout notre métier d’éducateurs, le plus beau des métiers.
 
C. FREINET.
 
LA VIE DE NOTRE MOUVEMENT ECOLE MODERNE
 
NOTRE REVUE L’EDUCATEUR
 
Il ne s’agit pas de faire de notre revue une grande publication d’informations qui prétendrait à avoir une large audience. Tout comme nous avons renoncé à faire des conférences à des centaines ou des milliers de personnes chez qui on parvient à peine à susciter un mouvement de curiosité rarement suivi d’effet. Nous sommes un groupe de travail et nous devons le rester. C’est dans la mesure où les éducateurs verront des classes en action, du matériel et des expositions qu’ils comprendront la vraie portée de nos techniques,
 
Ce qui nous gêne, c’est la diversité des publics auxquels nous nous adressons : instituteurs plus ou moins chevronnés qui souhaitent un travail au 2e degré débutants qui attendent les documents d’initiation C.E.G. et 2e degré désormais intéressés ; Centres d’apprentissage ; milieux divers s’intéressant, par culture ou par profession à la nécessité de l’Ecole Moderne et que nous toucherons désormais par l’A.M.E. ; professeurs, inspecteurs, psychologues et philosophes qui veulent apporter leur point de vue dans l’examen d’une pédagogie pour laquelle la question se pose aujourd’hui de savoir si elle doit influencer directement l’Ecole française.
 
C’est presque une gageure, on le voit, de prétendre intéresser un public si divers, sans desservir pour autant la masse de nos travailleurs qui constituent le noyau des quatre à cinq mille fidèles qui sont tout à la fois notre soutien et notre force.
 
a) Nos Bulletins régionauxsont prévus en principe comme devant faire l’initiation et le travail à la base, ce qui déchargerait d’autant L’Educateur,Les derniers numéros reçus nous laissent espérer que cette solution sera sans doute valable, pourvu que ces Bulletins régionauxse préoccupent d’abord de cette fonction d’initiation et de travail, sans prétendre se hausser exagérément, comme le faisait le Bulletin Parisien, à vouloir concurrencer L’Educateur national. Et à une condition également que nous devrons considérer comme formelle et inéluctable : la nécessité pour les Groupes et les Bulletins de travailler dans le cadre de l’Ecole Moderne, sous la direction de l’I.C.E.M.. Sinon cette totale liberté qui est la nôtre risquerait de nous faire glisser vers un effritement qu’aucun de nous ne saurait envisager.
 
Nous nous étonnons même que la question ait pu se poser et que nous soyons dans la nécessité de faire de telles recommandations qui paraissent à tous naturelles et intransgressibles.
 
Nous pourrons si nécessaire développer la partie commune qui pourrait devenir notre rubrique nationale Vie de l’I.C.E.M..
 
b) Notre Chronique de l’I.C.E.M., destinée à l’ensemble des travailleurs et servie aussi aux membres des CA et aux DD, pourrait être développée pour devenir Lin véritable organe de travail, servi gratuitement aux travailleurs.
 
c) Reste alors le travail sur le plan national, réparti à ce jour entre L’Educateur, Techniques de Vie, et Bulletin de l’A.M.E..
 
Il y aurait plusieurs solutions précises ::
 
1° L’idéal serait de bloquer tous les abonnements pour une seule revue à paraître tous les mois et s’adressant tout à la fois aux usagers de nos techniques, aux psychologues et aux philosophes de Techniques de Vie, et aux chercheurs de la Modernisation de l’Enseignement.
 
Seulement cette juxtaposition sera-t-elle du goût de tout le monde, y compris de la masse de nos abonnés primaires ?
 
2° Ou bien, si nous craignons ces réactions :
 
a)un Educateurmensuel, riche et bien présenté
b) une revue Techniques de Viecouplée avec la Modernisation de l’Enseignement, à paraître tous les deux mois comme actuellement.
 
Réfléchissez et donnez votre point de vue, ces nouvelles formules ne devant être décidées qu’après Pâques pour la rentrée.
 
B.T. ET SUPPLÉMENTS B.T.
 
Nous avons fait cette année des progrès presque décisifs. La présentation de nos B.T. est à peu près parfaite, compte tenu de nos tarifs d’abonnement. Nous avons dès maintenant un bon nombre de B.T.d’avance, ce qui nous permet :
- de soigner tout particulièrement l’illustration ;
- de sortir régulièrement, en tenant compte de la diversité nécessaire des sujets traités.
 
Sont prêtes à sortir :
 
-          Annecy.
-          Les Pyrénées (I et II).
-          Le Massif Central (I et II).
-          Gill de Veurey (II).
-          Les Grillons (I et II).
-          Les parfums de Grasse.
-          Une ferme au pays de Bray.
-          La poterie sigillée (I et II).
 
Sont en préparation (mais travail très avancé).
 
-          L’Exode.
-          L’Aquarium.
-          Jacob, Enfant d’Israël.
-          Lacq.
-          Les Papeteries.
-          Le Grand Canal d’Alsace.
 
Un certain nombre de projets ne peuvent parvenir à maturité et nous le regrettons surtout pour les camarades qui s’y sont dévoués : ce sont souvent les excellentes illustrations qui manquent et que nous parvenons difficilement à nous procurer :
 
-          Kimon, enfant d’Athènes.
-          Rome, Ville Eternelle.
 
Nous demandons aux diverses Commissions de préparer ou de suggérer les B.T. qui, selon eux, devraient prendre place dans notre collection. Nous étudierons tout cela de près après Pâques.
 
Notre collection B.T., avec ses 488 numéros, constitue la plus riche Encyclopédie Scolaire Illustréeexistant à ce jour, non seulement en France mais dans le monde. Elle est unanimement appréciée, Elle a été officiellement recommandée pour les C.E.G. et les classes d’observation. Nous venons d’en revoir la présentation sous reliure à l’intention de la masse des écoles qui pourraient s’en servir comme outils de travail permanents.
 
Le nombre d’abonnés monte lentement, mais nous devrions faire beaucoup mieux. Par contre la vente par collection et au détail s’améliore sans cesse, et nous avons dû prendre nos dispositions techniques pour la réédition des numéros épuisés.
 
Ce succès se confirmera certainement au cours des mois et des années qui viennent, ce qui nous permettra alors d’autres initiatives.
 
Les SUPPLÉMENTS B.T. connaissent la faveur de nos adhérents. La collection en est dès maintenant suffisamment copieuse pour répondre à une partie au moins de nos besoins.
 
Les Commissions feront leurs propositions pour l’année à venir.
 
Les B.T. ACTUALITÉS semblent donner satisfaction.
 
GERBE ENFANTINE.
 
Après quelques tâtonnements au début de l’année, nous sommes parvenus à une formule qui donne satisfaction : 24 pages de textes d’enfantspouvant servir de lectures genre Enfantines, et 16 pages de Gerbe Actualités, avec les textes les plus originaux cueillis dans les récentes éditions de nos journaux scolaires.
 
Toutes les écoles devraient y être abonnées. Nous ferons campagne à cet effet en fin d’année.
 
Nous disons à cette occasion que, afin de libérer des rayonnages de notre dépôt, nous allons être dans l’obligation de vendre aux vieux papiers notre très important stock d’Enfantines et de B.E.N.P..La mort dans l’âme, car ce sont des documents dont nous ne produirons plus l’équivalent, Malheureusement la vente en est nulle. Les Groupes eux-mêmes ne les veulent pas. Nous ferons un dernier appel avant la destruction.
 
Notre édition actuelle de La Gerbeet nos B.E.M.tâcheront de remplacer cette édition sous une formule plus marchande.
 
COMMISSION CONNAISSANCE DE L’ENFANT.
 
Notre dernière Genèse a intéressé de nombreux lecteurs. Nous avons fait appel de documents pour une Genèse des Animauxet une Genèse des Fleurs.Les écoles maternelles et enfantines surtout, sont priées de nous adresser tous les dessins libresaxés sur ces deux thèmes. On peut décalquer les dessins particulièrement réussis qui sont parfois disséminés dans le cahier.
 
Nous enverrons une ramette de papier à dessin à nos collaborateurs.
 
TESTS-EXAMENS.
 
Nous laisserons aux spécialistes le soin d’étudier les tests psychologiques ou de comportement dont nous n’aurons nous-mêmes que très accidentellement l’usage.
 
Nous serons par contre très intéressés par la recherche de documents sur l’emploi des tests pour examens.
 
On dit, qu’avec la réforme, les C.E.P.E. vont disparaître, ce qui n’est pas encore certain. En attendant cet examen est une des plaies de notre enseignement ; je crois d’ailleurs qu’il en est ainsi à tous les degrés.
 
Le C.E.P.E. n’a absolument pas changé de forme depuis cinquante ans. Il mesure presque exclusivement les connaissances et la mémoire, et l’orthographe y tient une place exagérément éliminatoire. Le mal est d’autant plus grave aujourd’hui que les seuls élèves qui y sont soumis sont ceux justement qui n’ont ni l’intelligence scolaire, ni la mémoire fidèle, ni l’orthographe qui leur permettraient de réussir. Et pourtant, on ne sait vraiment pas que faire aujourd’hui d’un enfant qui, à 14 ans n’a pas le C.E.P.E. exigé pour les centres d’apprentissage.
 
Mais on pourrait moderniser le C.E.P.E., et nous allons nous y employer au sein de l’A.M.E.. Les examens belges pourront orienter notre travail. Il serait fait appel alors à des batteries de tests, corrigés avec une grille et qui permettraient à ceux qui ont 51 % de réponses justes d’avoir feu vert pour des études à venir.
 
FICHES‑GUIDES.
 
Le travail personnel des enfants, en histoire, en géographie, en sciences surtout, pour les conférences aussi suppose une part du maître importante pour la recherche de documents, l’observation, et la présentation dans le cadre du plan de travail.
 
Nous savons que nombreux sont les maîtres qui préparent eux-mêmes des fiches-guides particulièrement adaptées au travail des élèves et aux possibilités de nos classes. Mais nous pourrions nous faciliter la tâche et en améliorer le rendement si nous faisions ensemble, coopérativement, le travail de base.
 
Le problème n’est pas nouveau, et on pourrait trouver dans la collection de L’Educateurdepuis 25 ans les étapes de ce mûrissement. Mais aujourd’hui nous pourrions et devrions passer à la réalisation, l’édition pouvant être faite dans le cadre de nos S.B.T.
 
a) Cette édition est déjà commencée avec nos « fiches complémentaires », jointes maintenant à chacune de nos B.T.
 
Pensez-vous que nous devrons réaliser et éditer sans retard des fiches-guides semblables pour l’ensemble de nos B.T. ? Le travail étant déjà commencé. Il pourrait être mené rondement.
 
b) Fiches-guides de sciences. - C’est pour cette discipline qu’elles nous seraient les plus utiles : observations, mesures, guides pour expériences, etc... Les documents abondent, mais il s’agirait de les présenter sous une forme immédiatement utilisable par les enfants eux-mêmes, ce qui sera plus délicat.
 
c) Fiches-guides d’histoire. - Avecmention surtout des références et des travaux à effectuer.
 
d) Fiches‑guides de géographie. - (Idem).
 
La question pourrait être étudiée dans chaque Commission, mais une Commission pourrait aussi se réunir au Congrès pour examiner des suggestions et mise au point des décisions possibles.
 
INSPECTEURS PRIMAIRES ET DEUXIÈME DEGRÉ.
 
Nous demanderons à nos amis inspecteurs et professeurs du 2e degré d’étudier avec nous à St-Etienne ce qui pourrait être fait pour la diffusion de nos techniques. Cet examen se fera d’ailleurs dans le cadre de l’A.M.E..
 
NOS TECHNIQUES DANS LES STAGES DIVERS D’ÉDUCATEURS.
 
Au fur et à mesure que nos techniques sont connues et appréciées, au moment où elles apparaissent bien souvent comme la seule réponse technique valable aux problèmes de l’heure, les stages divers d’éducateurs sont beaucoup plus sensibles que naguère à nos travaux. L’information présentée de l’extérieur est toujours mineure parce qu’elle aborde nos techniques par le biais théorique et intellectuel, alors que c’est l’aspect technique seul qui peut engager les éducateurs à reconsidérer leur pratique scolaire.
 
De ce point de vue, l’activité menée ces dernières années par nos stagiaires de Beaumont a été tout particulièrement profitable : exposition de matériel, démonstration, stage dans nos classes parisiennes de perfectionnement, comptes rendus d’expériences de Lucienne Alibert notamment et de Bourdarias.
 
Les stages du Suresnes ont été également informés.
 
ENTENTE AVEC L’O.C.C.E.
 
Elle se développe lentement mais méthodiquement. Rien n’est venu jusqu’à ce jour nous faire douter des avantages que nous avons et que nous aurons, non pas seulement à cette entente, mais au travail en commun qui doit en être l’aboutissement. Car c’est le travail en commun qui rapproche définitivement et qui unit.
 
L’enquête « A la Croisée des Chemins »menée conjointement avec l’O.C.C.E. est un des éléments positifs de cette entente. Notre ami Gros, trésorier de l’O.C.C.E. se met aujourd’hui à notre disposition, avec la belle installation photographique dont il dispose pour nous aider dans ce rayon et nous l’en remercions.
 
Evitons justement de porter l’accent sur des éléments parfois divergents d’organisation et de propagande. Chaque fois que nous le pouvons, et dans tous les domaines, organisons en commun le travail. Alors l’entente O.C.C,E. - Ecole Moderne sera une encourageante réalité,
 
AFRIQUE NOIRE ET PAYS SOUS-DÉVELOPPÉS.
 
Les nombreux Etats qui, de par le monde, accèdent à l’indépendance se préoccupent tous en premier lieu de l’instruction qui leur donnera tout à la fois maîtrise technique et culture.
 
L’U.N.E.S.C.O. entreprend une grande campagne pour l’aide à ces pays. Mais partout, on est à la recherche de méthodes pédagogiques et d’éducateurs compétents.
 
Il serait regrettable que ces pays doivent faire l’expérience - qui s’avère peu concluante - de notre méthode scolastique sur la base des leçons et des manuels.
 
Nous offrons nos techniques qui seraient à tous points de vue plus efficientes.
 
Seulement il y faudrait une initiation spéciale qui ne peut se faire que dans des stages où les éducateurs pourraient s’entraîner à nos techniques de travail. Ce sont ces stages que nous serions en mesure d’organiser si l’U.N.E.S.C.O. et divers Etats en comprennent l’efficacité.
 
C. FREINET.