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Pour une nouvelle année de travail fécond

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Octobre 1958

Nous ne sommes vraiment pas traditionalistes. Nous ne le sommes peut-être pas assez. Quand un matériel, une édition ou une formule de revue ne s’avèrent pas comme des réussites, nous nous appliquons à en établir les causes et nous nous lançons hardiment vers d'autres expériences.

La vie marche. Nous tachons de marcher avec elle.

Pour des raisons partiellement inconnues, notre revue l’Educateur ne suit pas la courbe croissante de notre développement et de notre évolution, De nombreux camarades qui pratiquent nos techniques, impriment et éditent un journal, ne s’abonnent pas à notre publication, ce qui est évidemment regrettable.

On nous disait : C'est que votre revue est mal imprimée et pauvrement présentée. Nous avons fait un gros effort d’édition.

On nous a assuré une autre année : « Les jeunes veulent une revue utile et ils s'abonneront ». Nous avons réalisé une revue technologique qui semblait répondre à leurs besoins.

Peine perdue : les nouveaux abonnements ne sont pas venus.

Je crois qu'il nous en faut chercher la raison dans notre pédagogie même : ce n'est pas par l'explication verbale ou écrite que nous entraînons quelqu’un — qu'il soit grand ou petit — vers la connaissance. C’est rarement à la lecture de l’Educateur qu'un instituteur décidera de s'engager dans nos techniques. La voie est autrement sûre quand des instituteurs ont connaissance du travail d’un de nos camarades, même s’ils en sont d’abord surpris et étonnés ; s’ils ont vu des enfants travailler, sils ont manipulé eux- mêmes presse et fichiers, s’ils ont participé à une de vos journées de travail ou à un stage. Alors, mais alors seulement, vous présenterez l’Educateur avec succès.

Et cela nous incitera à développer encore, à tous les échelons, le travail et les manifestations collectives ; les gerbes qui pourraient renaître, les bulletins de liaison, les démonstrations, les écoles expérimentales. Nous allons reprendre les films fixes, muets ou sonores sur des thèmes techniques : classes au travail, dessin et peinture, imprimerie, fichiers, etc..., tout ce qui peut aider au travail par la création, non seulement dans l'enseignement mais aussi auprès du public, d'un climat actif d’Ecole Moderne.

Nous avons l’intention de continuer l'édition en livres (genre Ecole Moderne et Journal Scolaire), de notre collection de BENP, actuellement épuisée ou dévaluée.

Les camarades auront alors entre les mains (avec les BT à diffuser, les poudres de couleurs et les fichiers autocorrectifs) tout ce qui permet d'accrocher les éducateurs en leur faisant faire le premier pas, qui seul coûte.

*

Quel sera alors dans ce processus le rôle de l’Educateur.

Il nous faut tirer la leçon des expériences: nous n'avons pas à faire des efforts anormaux pour essayer d'obtenir de l’Educateur une vertu de diffusion et de propagande. Diffusion et propagande se font, nous l’avons dit, par d’autres moyens.

Nous ferons de notre revue l’Educateur un Instrument de travail coopératif de l’ICEM.

Jusqu’à présent, nous hésitons à lui donner cette forme un peu exclusive, un peu fermée : de crainte de rebuter les nouveaux venus. Nous craignons de perdre de nouveaux abonnés et de compromettre ainsi la valeur et l’importance de l'édition elle-même.

Nous avons éliminé ce risque en ¡nous organisant pour tirer nous-mêmes l’Educateur à l'Offset, comme nous tirons déjà les Fichiers Autocorrectifs et les BTT.

Le tirage à l'imprimerie nécessite un long travail de composition et de mise en pages qui ne s’amortit normalement qu’avec un important tirage, C’est pourquoi nous menons campagne pour l’augmentation massive de nos abonnements BT et pourquoi aussi nous étions inquiets de la baisse des abonnements Educateur.

Le tirage à l’offset supprime la composition, On frappe directement une feuille spéciale genre stencil, qui, après quelques préparations techniques, est placée sur la machine offset, qui tire à 6.000 à l’heure. Nous venons de faire l’acquisition d’une machine à taper les cartons offset, une Wari-Typer qui doit permettre une impression à peu près comparable à l’imprimerie. L’UNESCO, le Musée Pédagogique, les Centres Pédagogiques régionaux font presque tous leurs tirages à l’offset.

Vous apprécierez vous-mêmes le résultat dans les prochains numéros.

Nous reconsidérons alors notre édition. Nous ne disons pas de ne pas recruter des abonnements à l'Educateur car malgré tout, ce sera toujours l'Educateur qui sera notre véritable trait d’union. Mais nous n’aurons plus la hantise du nombre. Nous pouvons tirer, sans plus de risques, à 1.000 comme à 6.000. Si nous avons 6.000 abonnés nous aurons seulement un peu plus d'argent pour vous offrir davantage de documents, car nous ne demanderons jamais à l’Educateur de faire du bénéfice. Nos abonnés en auront toujours pour leur argent et au-delà.

Ceci dit, voilà les normes de notre nouvelle formule :

Vous recevrez, le 1e et le 15 de chaque mois, un envoi qui comprendra :

1°) Un Educateur, organe de liaison et de travail de l’ICEM, tiré sur format 21X27, parce que plus commode pour nous et demandant moins de travail au groupage et au brochage. Cet Educateur sera le reflet et l'instrument de notre activité avec : un court article d'information générale, des informations nationales et internationales, les comptes rendus de la vie des groupes et surtout tous articles d'information et de recherche des équipes et des groupes pour les diverses disciplines. Nous avions publié, il y a 4 ou 5 ans, une Documentation Pédagogique à l'usage exclusif de nos travailleurs, qui avait eu un très grand succès. C'est une publication semblable que nous allons réaliser avec en plus critiques des revues, livres, films, etc.

Cet Educateur sera copieux, le plus copieux possible. Vous ne serez pas obligés de tout lire, Vous lirez ce qui vous intéresse. Ce sera comme une sorte de publication à usage interne.

2°) Dans chaque numéro une ou deux brochures, d'un nombre de pages variables selon les thèmes, soigneusement tirées à l'offset sur format BT et qui, celles-là, seront à conserver, à classer, à diffuser auprès des collègues, des organisations, des journaux et revues.

Sera jointe à ce numéro la première de ces brochures sur l'Observation, sujet des Conférences Pédagogiques, que nous vous demandons de communiquer aux I.P., aux collègues et aux revues. Nous y joindrons peut-être une deuxième brochure.

Les sujets seront ceux qui sont pour nous les plus utiles et les plus d'actualité. Nous en donnerons une liste possible. Nous donnerons également des brochures technologiques pour une diffusion plus particulière auprès des jeunes. Nous demanderons à nos camarades, à nos équipes, à nos commissions de préparer ces brochures. Tout est possible par ce biais technique. Nous avons suffisamment de bons ouvriers pour mener l'entreprise à bien.

En attendant, vos suggestions et vos offres de travail seront les bienvenues.

3°) Je voudrais enfin ajouter à chacun de nos numéros une page 21X27 recto-verso qui serait une sorte de continuation de mes Dits de Mathieu, à l’intention du grand public, des revues et journaux, des parents aussi.

4°) La Fédération Internationale des Mouvements d’Ecole Moderne (FIMEM) qui a tenu son 3° Congrès à Bruxelles, en juillet, a décidé d'éditer de même des brochures sur les divers sujets étudiés internationalement. Ces brochures seront envoyées également à tous nos abonnés.

Je crois que cette formule éminemment simple, adaptée à nos possibilités techniques, doit nous permettre cette année une activité particulièrement efficace.

*

En ce début d'année, nous ne faisons pas de grandes promesses. Selon notre habitude, nous ouvrons des chantiers. Et contrairement à ce qu'on pourrait attendre d'un monde las, inquiet et désabusé, les travailleurs ne manquent pas. C’est souvent la difficulté technique et financière de leur donner du travail qui rebute parfois les velléités et les bonnes volontés.

Notre mouvement est profondément encourageant non seulement au point de vue technique mais aussi au point de vue humain. Il apporte la preuve que l'idéal n’est pas mort au sein de notre peuple, et plus particulièrement dans notre milieu éducatif ; qu’on trouve plus qu'on ne croit de personnes généreuses capables de se dévouer, de chercher, d'expérimenter, d’oser. C'est souvent la chaîne de ces audaces et de ces bonnes volontés qui a besoin de se renouer. Nous l'avons renouée, nationalement et internationalement. Nos Congrès, nos rencontres, nos stages ont aujourd'hui une exceptionnelle portée parce qu’ils sont une occasion excellente pour les hommes de bonne volonté de se retrouver, de se tendre les mains, de se joindre les mains et d'avancer fraternellement,

La semence ainsi jetée ne peut que germer. Elle a germé déjà ; elle germe un peu partout. Nos techniques influencent maintenant d'une façon décisive l'enseignement public. Elles doivent influer plus encore dans les années à venir si nous savons montrer par notre exemple et par notre travail, qu’une meilleure éducation est désormais possible. Nous en avons jeté les bases. Nous en montrerons laborieusement et patiemment les éléments matériels, techniques, technologiques, psychologiques, pédagogiques et sociaux qui assureront le succès croissant de l’Ecole Moderne.

C. F.