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Connaissance de l'enfant

Dans :  Formation et recherche › 
Décembre 1954

Les lois qui permettront un jour une meilleure connaissance de l’enfant ne sont point, comme on nous l’a fait croire trop longtemps des règles forgées tout spécialement pour l’être humain et dont on ne parvient pas à trouver les causes et les fondements. Elles ne sont ni dans les mystérieux secrets des sorciers qui prétendaient pourtant «deviner» les pensées profondes et les lignes d’action de leurs clients ; ni dans l'enseignement de religions pour lesquelles l’homme n’existe qu’en fonction de Dieu et ne saurait donc avoir de comportement autonome déterminé. Elles ne sont pas davantage hélas ! dans la plupart des systèmes pseudo-scientifiques qui n’ont d’ordinaire négligé qu’une chose mais essentielle : examiner objectivement, à la base les réactions des individus, étudier leur comportement, expérimenter en faisant varier obstacles et situations, sans parti pris et en tenant le plus grand compte du bon sens et de l’expérience populaire qui sont loin d’être négligeables en la matière.

Les uns et les autres ont, délibérément ou non, compliqué à plaisir les problèmes qu’ils avaient à résoudre pour se donner en toutes occasions figures de spécialistes. Qu’auraient fait, le sorcier, le prêtre ou le pseudo-psychologue si le vulgaire vivant avait su détecter, dans leur simplicité, les lignes profondes de leur enseignement ? Et que ferait le mécanicien si tous les automobilistes connaissaient suffisamment les lois essentielles de la mécanique pour se dépanner en toutes occasions.

Or, nous pouvons affirmer — et nous en avons déjà fait la démonstration dans notre Essai de Psychologie sensible — que les lois du comportement humain, comme les lois essentielles de la santé, et les lois de la mécanique, sont, à l’origine, des lois toutes simples, qui tombent sous le bon sens, facilement vérifiables ; qu’elles sont basées sur les grands principes universels de la matière vivante et même inanimée.

Si nous ignorons et transgressons ces lois il y a, comme en mécanique, fausse manœuvre, qui entraînera à plus ou moins bref délai une panne d’autant plus complexe qu’elle se produit loin de sa source initiale.

Votre auto ne tire plus bien. Elle n’est plus nerveuse comme autrefois. Le mécanicien consulté — s’il est médecin médiocre — portera tout de suite son attention sur les faiblesses ou les accidents secondaires ou tertiaires. Il regardera l’arrivée d’essence qui, en effet, .ne se fait pas au rythme voulu parce que la pompe, on ne sait pourquoi, ne donne pas à plein. Il vous proposera de changer la pompe qui, non rôdée, fatiguera l’ensemble du mécanisme. II examinera alors l’allumage, qui, en effet, est faible. Il changera les vis platinées ou le condensateur — faiblesse au 3e ou au 4e degré — qui risque de compromettre un jour prochain tout votre mécanisme...

Mais vous trouvez un mécanicien de bon sens, véritable homme de science, qui sait, que ces symptômes au second ou au troisième degré ne sont à peu près sûrement eux-mêmes que les conséquences d’une autre faiblesse ou d’une autre erreur première ou seconde, à l’origine de la vie de la machine. Il descend ainsi la gamme des organismes des plus complexes aux plus simples et il découvre, ou bien que la dynamo ne chargeait pas assez et ne donnait qu’un courant insuffisant qui allait s’affaiblissant, ou bien même qu’il y avait tout simplement un mauvais contact, une « masse », qui risquait d’être dangereuse, et qui était à l’origine de toutes les complications mécaniques. Tant que cette panne profonde n’était pas corrigée, vous pouviez, par des remèdes locaux toujours aléatoires, avoir l’illusion que vous aviez dominé le mal. C’est toujours à l’origine qu’il faut reprendre le problème.

C’est cette remontée aux sources que nous tâchons de conduire. Nous nous initierons mieux à la mécanique si nous commençons à travailler sur un vieux moteur simple que si nous nous attaquions tout de suite à la petite usine que représente un moteur moderne avec son accumulation d’appendices accessoires dont nous ne mesurerons pas toujours le rôle. C’est avec les tout jeunes enfants que vous regarderez naître et se diversifier la vie ; c’est chez eux que nous découvrirons l’origine des pannes à venir, les éléments de puissance aussi qui seront décisifs dans le comportement à venir.

Chez les enfants que l’expérience a déjà compliqués, nous tâcherons de ne pas nous contenter des symptômes présents. Nous suivrons le courant jusqu’à retrouver le point où des obstacles et des difficultés ont amené des changements d'orientation que nous pourrons alors mieux comprendre et mieux influencer. Et dans cette recherche des grands principes universels de la vie, nous ne négligerons pas la grande expérience populaire, certes en défaut parfois, mais dont nous ne devons pas condamner hâtivement tous les enseignements. Nous avons trop tendance à croire que ce que nous ne pouvons ni comprendre ni expliquer est faux. Les hommes de sciences, et les philosophes également, du début du siècle, ont bien souvent jeté l’anathème sur des pratiques qu’ils condamnaient parce qu’ils ne savaient pas les expliquer. Or, voilà que les découvertes de ces dernières aimées, surtout dans le domaine des radiations et de l’électronique, nous font considérer avec un nouveau respect les réussites que représentaient certaines pratiques populaires : l’influence des colliers et des bracelets d’argent ou d’or, les vertus de la terre et des plantes, l’importance nouvelle de la radiesthésie sous toutes ses formes. Les accoucheuses d’autrefois n’ont pas attendu les découvertes de la psychiatrie moderne pour éviter à l’enfant les traumatismes de la naissance et l'éloignement du sein maternel. Et cette prédominance de l’affectif dans l’enseignement naturel d’autrefois, qu’a toujours combattue la Faculté dogmatique et froide elle trouve aujourd’hui son explication dans les écrits des psychiatres et des psychologues.

Nous ferons aussi la prospection méthodique de nos richesses : depuis ces vérités de bon sens qui, sous leur forme imagée, constituent parfois la vraie philosophie du peuple, jusqu’aux principes et aux lois simples auxquels nous pourrons nous référer pratiquement, pour maintenir la, machine en bon état et réparer éventuellement les pannes.

Nous ne nous contentons plus d'être le chauffeur qui sait tout juste conduire sa voiture parmi les routes soigneusement signalisées. Nous voulons connaître notre machine, la sentir vivre près de nous pour l’orienter puissamment vers des destins moins catastrophiques.

Nous ne prétendons pas faire cavaliers seuls ; nous ne croyons pas avoir seuls le privilège de retrouver des lignes plus sûres de connaissance et d’action. Mais comme nous l’avons fait en pédagogie, nous suivons notre voie expérimentale en souhaitant que nous aident ceux qui seront mieux à même que nous d’expliquer et de justifier ce que l’observation et la pratique nous permettent de déclarer essentiellement viable pour une meilleure connaissance de l’enfant.