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Méthode naturelle de peinture et dessein politique

  

 


Méthode naturelle de peinture et dessein politique - suite

 



 Conditions du travail

Après le « sas de l'accueil » (de 8H20 à 8H50), au cours de la réunion du matin, l'ensemble des ateliers proposés par les adultes (maître et ATSEM) ou suggérés par les enfants sont énumérés de façon à permettre à chacun de faire ses choix. Le premier geste des candidats à la peinture est d'enfiler un tablier. A trois ou quatre ans, s'entraider pour protéger ses vêtements représente déjà un triple apprentissage : porter un vêtement protecteur, le passer et s'entraider. S'il y a plus de huit enfants, certains attendent leur tour, assis en rang d'oignon à regarder les premiers faire. Enfin, quand tout est prêt, les enfants peignent sans consigne mais l'atelier n'est pas sans contrainte. Le maître est présent attentif et vigilant. Il intervient comme animateur, veille aux actes et aux propos, les siens et ceux des enfants. Il fait preuve d'un degré d'exigence adapté à chacun. Les représentations sont évidemment libres. Des couleurs supplémentaires sont distribuées à la demande des petits peintres.

 

La période, une mode dans la classe ou la dynamique culturelle du groupe coopératif

En méthode naturelle, les apprentissages ont une respiration propre. Quelle que soit la matière, l'intensité des activités n'est pas constante, la mobilisation du groupe évolue mystérieusement. L'intérêt naît au hasard d'une étincelle suscitée par une idée ou une proposition du maître ou d'élèves. L'investissement des enfants croît pour atteindre un paroxysme avant de retomber, alors le groupe change de centre d'intérêt. Comme un phénomène de mode, la mobilisation a lieu par période. Certains sujets peuvent tomber à plat malgré l'investissement et la prévoyance du maître parce qu'ils ont été proposés au mauvais moment ou mal amenés. La peinture dans notre classe est un atelier récurent. Durant de longues périodes, rien ne se passe, puis soudain, sans que le maître ne l'ait soupçonné, une période de plus forte densité commence, portée par les leaders du moment. Leur enthousiasme est communicatif, le maître aide à son déploiement. Puis la tension faiblit, retombe, traversant même parfois un passage régressif, pour rester terne jusqu'à la période suivante où d'autres enfants seront aux avant-postes à se former, à se cultiver, à communiquer leur enthousiasme et à entraîner des pairs. L'émulation est moteur du désir, elle est coopération, apprentissage à la paix.

 

La consigne minimaliste

S'il n'y a pas de consigne, les contraintes se déclinent sur plusieurs plans. Horaire, lieu, matériaux et outils sont imposés. L'objectif essentiel est de permettre à chaque sujet de vivre une expérience d'acteur et d'auteur transformatrice, ses savoirs s'élaborent, s'amplifient.

L'enfant s'investit dans un travail, se réalise dans une création menée à terme. L'évaluation en est délicatement empirique. Elle doit être juste et pertinente, accompagner le sujet dans son autoréalisation. Sans le bercer d'illusions, son amour-propre est à ménager. La tâche est bien ardue tant les critères en sont subjectifs.

En voici un exemple, celui de cette œuvre exécutée en un clin d'œil et face à laquelle l'évaluateur est resté bouche bée, impressionné par sa perfection. L'auteur avait bouclé son travail en une minute. Comme à d'autres occasions, il a pu déjà faire la démonstration de sa capacité à s'atteler à une tâche avec endurance, le travail-éclair était reçu par le maître sans hésitation.
Et voilà le travail....

 

Le style de l'enfant

Le maître attentif reconnaît les peintures de chaque élève car, en fonction de sa recherche du moment, de ses tâtonnements, chacun adopte un style rapidement identifiable.

Par exemple, au moment de l'étude, les personnages féminins de Judith, 4 ans 2 mois, ont pour caractéristique commune d'être dotés d'une chevelure remontant en boucle de chaque côté du visage.

 

 

"Peindre à la manière de soi-même"  

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