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DITS DE MATHIEU - les techniques modernes ont gagné la partie

Mars 1953

La supériorité aujourd'hui certaine des techniques de l’Ecole Moderne ne saurait être mise en valeur sans que s’établisse la comparaison avec les vieilles méthodes qui cèdent progressivement le pas devant l’expérience probante d’outils et de méthodes de travail plus efficients.

Cela ne signifie point que nous sous-estimions ceux de nos camarades qui, pour des raisons diverses, dont ils ne sont pas seuls maîtres, n’ont pas encore pu, ou pas encore su s’engager dans les nouvelles voies.

On peut trouver désuets l’araire ou le chariot et leur préférer le tracteur sans qu’aucun sentiment de reproche ou de désapprobation ne vienne aggraver les comparaisons qui s’imposent. C’est pourtant en faisant rouler côte à côte le chariot et le tracteur qu’on mesure vraiment les progrès techniques et humains à exploiter et à renforcer.

L’Histoire n’est jamais un front uni qui s’avance d’un bloc par époque. Dans le domaine de l’Ecole comme dans celui de la technique agricole ou de l’habitation, tous les stades sont là comme témoins d’un passé qui s’accroche à la vie qui marche. Les vieilles cuisines, aménagées comme elles l’étaient au moyen âge, voisinent avec les maisons à colonnes du XVIIe siècle et les maisons modernes fraîchement crépies. Dans nos écoles, les bancs 1890 sont encore solides près des tables individuelles à tubes, les tableaux muraux fortement cartonnés du début du siècle contrastent avec les héliogravures de F. Nathan et les manuels scolaires plus ou moins retardataires gardent une place d’honneur rarement méritée.

Les méthodes sont filles de cet état de fait, comme l’atmosphère scolaire dont l’éducateur est, consciemment ou non, la première victime.

C’est pour servir l'Ecole et les éducateurs que nous ferons le point en laissant marcher côte à côte le tracteur et le char à bancs. Nous demandons à nos camarades de nous aider loyalement et sans parti pris dans cette enquête qu’ils mèneront d’abord chez eux, dans leurs classes, pour que nous étudiions en commun ensuite comment le présent et l’avenir peuvent se dégager d’un passé dont ils seront le réconfortant aboutissement.