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DITS DE MATHIEU - AVANT-APRÈS

Décembre 1951

Le 25 novembre, Jean-Jean dessine le pot de fleurs ci-contre.

Il est, avec le moulin à café et la boîte d’allumettes, le symbole d’une forme d’enseignement que nous ne devrions plus avoir à condamner : contenant ventru, hypertrophié pour recevoir la fausse science, boursouflé et difforme, avec, comme tout résultat, ces six brins squelettiques, qui sont comme des fleurs avortées, comme des boutons qui n’ont pas pu éclore et qui se sont ratatinés là, par manque de sève, par manque aussi de soleil et d’azur...

C’est ce que nous avons expliqué à Jean-Jean, qui n’a pourtant que dix ans, et qui, comparant son pot de fleurs sclérosé aux dessins audacieux et libérés de ses camarades, a senti la pauvreté de son œuvre.

Le 12 décembre, d’un seul jet, Jean-Jean produisait le dessin que nous donnons ici et qui est comme un symbole de démarrage vers le travail, vers l’aventure et vers la vie.

Les bourgeons ratatinés ont retrouvé leur sève ; le panier s’est empli de fruits charnus, les profils disent la surprise et la joie d’un départ décidé, canne en main, pour la découverte du monde.

La réclame contemporaine a ressuscité et développé les enseignes que les artisans accrochaient sur le seuil de leur boutique et qui parlaient une langue compréhensible à tous.

A leur exemple, nous pourrions sur le fronton de nos écoles modernisées, placer ces deux symboles — ou ceux plus suggestifs encore que nos lecteurs nous enverront — et, comme dans les foires, nous écririons seulement :

Avant — Après.