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Des EJE en pédagogie sociale

Le dossier d'EJE N° 21 FÉVRIER /MARS 2010

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Les deux expériences rapportées dans cette nouvelle livraison de pédagogie sociale nous plongent au coeur de la problématique de ce champ. En effet, que ce soit pour Intermèdes-Robinson ou bien pour Trait Reflet Action Contraste Espace Singulier (T.R.A.C.E.S), il ne s’agit plus d’institutions qui s’ouvrent, qui vont au-devant de leur public pour combler une sorte de « fossé » que nous connaissons bien. Non, il s’agit ici d’actions qui ont fait le choix de travailler en dehors de toute institution éducative, sociale ou culturelle, d’expériences qui ont opté pour le tout proche.

Contrairement à l’enfant qui va à l’école, en pédagogie sociale, il s’agit d’aller à l’enfant. Et cette exigence est fondamentale ; elle n’est pas nouvelle. Freinet la définissait déjà en ces termes. Bien entendu, cette position n’est pas de tout confort pour les professionnels ; elle est juste propre à conforter et réconforter les enfants.
Ce serait une erreur fondamentale de ranger de telles pratiques du côté de l’animation et de leur dénier leur valeur éducative. Ce serait redoubler, du côté des pratiques et des professionnels, l’exclusion et le déni dont font déjà les frais les enfants et les familles auxquels ils s’adressent.

Le travail en pédagogie sociale est une activité de transformation sociale, d’établissement de liens de sécurité et de confiance à l’adulte, de prévention primaire, indispensables, qu’on chercherait vainement dans d’autres structures.
Les éducateurs de jeunes enfants (ou éducateurs spécialisés) qui trouvent à y faire des stages y sont à bonne école. Comme en témoignent dans les pages suivantes Aurélie Cella et Delphine Bodin, ils trouvent à y établir les meilleurs liens entre théories et pratiques.
Les pratiques éducatives, revisitées depuis la rue et les espaces publics, ne sont pas seulement épurées, elles sont aussi recentrées sur l’essentiel : la relation, le cadre, le jeu. Ce qu’apprend le travail de rue, c’est de se débarrasser de ce qui est artificiel dans les pratiques institutionnelles classiques et de se rapprocher de la vie réelle et concrète des enfants.

Ce qu’il est très important de faire valoir, c’est que le travail qui en ressort est encore plus professionnel.
Freinet l’exprimait ainsi : « Le jour où “l'institutrice-maman” prendra conscience du monstrueux décalage qu'il y a dans sa propre vie, quand elle se garde bien, hors de l’école, d’appliquer à son enfant la pédagogie qu'elle pratique dans sa classe ; le jour où l'instituteur ne sera plus contraint de se dédoubler d'homme en veston à fonctionnaire en blouse ; quand il pourra, dans une pédagogie revitalisée, se comporter lui-même à l'École comme il se comporte dans la rue, ce jour-là nous pourrons vraiment nous donner tous la main pour aller de l'avant. »