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La formation en pédagogie Freinet en Roumanie : la formation par la pratique dans le cadre des colonies d’été

Dans :  Formation et recherche › 

 

Secteur

International

de l'Icem

Denise Lelouard Fouquer
2002 – 2004
La formation à la pédagogie Freinet passe par un mode très spécifique en Roumanie : une formation par la pratique dans le cadre d’une école d’été avec des enfants.

 

 

 

 

 

L’ECOLE DE VACANCES

DE CHEVERSU MARE (ROUMANIE)

Cheversu Mare est située à une vingtaine de kilomètres de Timisoara au bord du fleuve Timis. L’école de vacances se situe dans un ancien centre de pionniers, au milieu d’une forêt. C’est la troisième fois que des enseignants français en Pédagogie Freinet participent à une école de Vacances en Roumanie. Denise Fouquer s’y est rendu pour la seconde année.

LES PARTICIPANTS 

 

-140 enfants de 9 à 17 ans ;

-7 groupes d’enfants et de jeunes regroupés par âge et affinités ;

-31 moniteurs ou animateurs (tous proches ou adhérents au mouvement Freinet roumain) ;

-un médecin et une infirmière.

 

LES OBJECTIFS DU SEJOUR

 

Organiser une colonie de vacances « Freinet » pour rassembler tous les praticiens roumains investis dans le mouvement et faire vivre les techniques Freinet. Les financements de ce séjour dépendent du Palais des enfants de Timisoara.

Les intervenants français sont chargés de :

- la promotion de la Pédagogie FREINET ;

- la promotion de la langue française

- l’approfondissement des techniques FREINET ;

- du développement des pratiques coopératives ;

- de l’apprentissage de la vie collective ;

- de sensibiliser à la gestion des conflits par les lieux de parole ;

- de l’utilisation du milieu et des ressources locales : travail sur le thème de l’eau.

 

LE FONCTIONNEMENT

COOPERATIF DE L’ECOLE

DE VACANCES

 

L’école de vacances est gérée par des conseils de groupes qui ont établi des règes de vie acceptées par tous dès le début du séjour. Ces règles de vie permettent la libre circulation et l’organisation coopérative du travail en atelier.

 

Chaque groupe a établi le principe d’une réunion quotidienne et désigné deux délégués qui représentent le groupe au conseil de la colonie.

 

Un membre du groupe participe au conseil de cantine et un autre participe à la  « patrouille écologique », chargée, entre autre, de vérifier la propreté des chambres. Notons que les conditions matérielles du séjour ont paru à tous très rudimentaires, voire insalubres ou défectueuses. Il est difficile de faire prendre conscience aux jeunes de la nécessité d’une hygiène rigoureuse dans ces conditions et l’équipe adulte devait sur ce point redoubler de vigilance.

 

Chaque soir a lieu le bilan du jour (regroupementde tous les enfants et de tous les adultes) et une présentation des travaux réalisés dans tous les ateliers. Ces temps sont aussi des moments d’échanges entre nos deux pays, les cultures, les modes de vie, l’histoire de nos pays… l’actualité et les modes de communication et d’information intéressent beaucoup les jeunes.

 

Deux conseils extraordinaires, constitués de volontaires adultes et enfants, ont permis d’organiser la fête du 14 juillet et le carnaval.

 

LE TRAVAIL EN ATELIERS

 

Les enfants participaient à un atelier le matin et un l’après-midi. Ces ateliers étaient variés et concernaient les activités de création, expression, communication. Nous voulions que les enfants participent à tous les ateliers afin de « goûter » à toutes les techniques proposées. Cette exigence n’a pas permis un travail approfondi par manque de temps et de finalisation des travaux. Cependant la participation des jeunes était active et très constructive. Le journal du stage qu’ils ont réalisé en rend compte de manière évidente malgré les problèmes matériels qu’il a fallu contourner (manque d’ordinateurs, de budget pour le tirage…). En marge des ateliers, les jeunes avaient du temps libre, pouvaient profiter de la baignade ou d’activités sportives et de jeux de société.

 

DES ECHANGES DYNAMIQUES

ET FRUCTUEUX

 

Ce type de séjour ne fait pas partie du service des enseignants roumains, mais cela leur permet d’avoir une attestation qui sera versée à leur dossier en vue d’obtenir leur habilitation de « praticien en Pédagogie Freinet ». En effet, ils doivent être habilités par le ministère de l’Education pour pouvoir enseigner en Pédagogie Freinet. Le séjour se prépare lors d’une première réunion commune, puis, c’est l’équipe de Timisoara qui organise l’école de vacances en fonction des orientations définies. L’échange continue par e-mail jusqu’à la rencontre d’été et le début du travail avec les jeunes. Pendant le séjour, nous prenons beaucoup de plaisir et d’intérêt à travailler ainsi en équipe dans l’animation des ateliers. Tous les adultes sont volontaires pour les échanges autour de la Pédagogie Freinet à tous moments. Les enseignants du premier degré, plus pragmatiques apportent beaucoup sur la concrétisation du travail en classe et la relation enseignant/élève qu’ils ont instaurée dans les classes. Nous avons le sentiment que le temps est court et nous profitons de chaque moment pour échanger, travailler ensemble. A chaque temps de pause, je prépare un petit sujet (vie coopérative, jeux coopératifs, entretien, lecture naturelle, mathématiques naturelles), j’affiche simplement le lieu, le sujet et l’heure. Et tout le monde est là à l’heure dite.

 

Ainsi, chacun a pu emmener une fiche sur l’intérêt, le descriptif et la mise en place des jeux coopératifs.

 

Le bilan que nous avons fait de ce séjour est très positif, les objectifs ont été réalisés, nos difficultés d’ordre matériel ou organisationnelles peuvent être surmontées et notre souhait est bien sûr de poursuivre ces échanges… malgré un temps caniculaire (40 à 45°).

 

La Présidente de L’ARSM, Mariana Bandea

La déléguée de l’ICEM, Denise Lelouard Fouquer

                                                                                                           

ECOLE DE VACANCES FREINET EN ROUMANIE - 2004

Depuis 3 ans, je participe en juillet à l’école de vacances Freinet en Roumanie. Cette expérience unique a vu le jour il y a dix ans par la volonté de quelques militants de l’ARSM. Depuis quatre ans, chaque séjour accueille des militants de l’ICEM qui ont étudié le fonctionnement de cette école de vacances et qui ont essayé à la demande des amis roumains de les guider sur le chemin de la Pédagogie Freinet.

Pour la préparation et la durée du séjour les enseignants de l’ARSM professeurs et instituteurs coopèrent. L’arrivée en grand nombre des instituteurs dans le mouvement Freinet roumain a changé le public de l’école de vacances qui au départ était composé de collégiens et de lycéens, donc les activités ont changé et le séjour a du être repensé pour l’accueil d’enfants plus jeunes (à partir de 7 ans) qui côtoient des jeunes de 17 ans.

Cette école de vacances regroupe des enseignants venus de toute la Roumanie.

Chaque enseignant qui sera moniteur (chargé de la vie quotidienne) ou animateur (chargé d’un atelier) rejoint Cheveres, le lieu du séjour, près de Timisoara, avec quelques élèves de sa classe. Le voyage se fait en train, celui qui n’a jamais pris le train en Roumanie ne peut pas comprendre l’effort que demande déjà le trajet. Les enfants ne paient pas le séjour, seulement le transport, ce qui est déjà très important financièrement pour les familles.

Les premiers séjours étaient fréquentés par l’élite des classes, depuis 3 ans il semble que le recrutement change et le séjour accueille des enfants de milieu plus populaire.

 

En quoi l’école de vacances est-elle une école Freinet ?

Après mon 1er séjour, à travers le prisme étroit de mes connaissances françaises de la Pédagogie Freinet et mes certitudes, j’aurais répondu que ce n’était pas une école Freinet.

Après trois séjours, une meilleure connaissance du système pédagogique, des problèmes économiques, et de l’histoire du pays, mon jugement est beaucoup plus nuancé.

Au cours de ces trois séjours, les entrées que nous avons choisies de privilégier sont les lieux de parole et la coopération.

Chaque jour se déroule plusieurs conseils

  • Conseil d’équipe qui regroupe l’équipe et son moniteur.

  • Conseil de colonie qui regroupe un délégué de chaque équipe mandaté et quelques adultes.

  • Conseils d’adultes : présence de tous animateurs et moniteurs obligatoire.

  • Conseil de cantine avec l’économe, la cuisinière la directrice et des délégués d’enfants.

  • Commission de préparation des fêtes : 14 juillet et carnaval : enfants et adultes volontaires. 

 

Pour nous pédagogues français ce fonctionnement peut sembler très banal, mais il ne faut pas oublier que dans ce pays la parole a été muselée pendant 50 ans et qu’il faudra plusieurs générations pour échapper à tous les effets visibles et invisibles de cette dictature.

Chaque jour, toutes les productions sont présentées à toute l’école de vacances regroupée. Chaque groupe présente soit un chant, une danse, un jeu, une œuvre plastique ou théâtrale, une page du journal. Plus de 100 enfants sont regroupés, ils écoutent et participent à ces présentations avec une grande impatience et un grand respect. Tous les travaux sont collectés et un groupe organise une très grande exposition pour la fin du séjour.

Les adultes profitent aussi de ce séjour et en font un lieu de co-formation, avec échanges de pratiques, échanges de savoirs.

L’an passé, ma fille Chloé avait animé un atelier de jeux coopératifs sur la base des jeux du M.A.N. Cette année, une animatrice a repris cet atelier. Elle s’en est fort bien tirée, ce qui n’était pas évident puisqu’en Roumanie, personne n’avait jamais entendu parler de ce type de jeux. En Roumanie « on joue pour gagner ».

Chloé avait présenté au groupe d’adultes tous ces jeux et la philosophie qui les sous tendait. Cette année, nous avons reparlé de ces jeux et les enseignants qui disaient l’an passé : « Chez nous, à l’école, on n’a pas le temps de jouer », ont dit avoir essayé et apprécié ces jeux pour faire connaissance, pour se détendre ou pour apprendre à coopérer.

Cette école de vacances est vraiment une expérience extraordinaire, c’est une bouffée d’oxygène pour ces enfants qui vivent dans un système pédagogique avec des rythmes et une compétition épuisants, et aussi pour ces adultes dont la vie est si difficile.

Les relations entre les jeunes et les adultes, les jeunes entre eux et les activités proposées permettent à tous d’oublier l’infrastructure et tous les problèmes domestiques afférents.

Ce séjour qu’ils appellent « école » est l’école pour tous adultes et enfants et surtout l’école de la création et de l’expression.

Denise Lelouard-Fouquer

 

Une présentation power point de cette expérience existe, avec de nombreuses photos.

 
 
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