— Que ne ferions-nous pas pour nos enfants !
Si seulement, pères de famille de bonne volonté, vous osiez pour votre descendance ce que réalisent le fermier pour ses bêtes, le paysan pour ses arbres, l'industriel pour ses machines, l'éleveur pour ses animaux de race, que de nuages seraient écartés !
Quand le fermier accroît son cheptel, il ajoute naturellement une aile à son écurie, et quelle aile ! inondée d'air et de lumière, avec eau courante et force motrice, conditions d'hygiène garanties par le contrôle régulier de l’Etat qui subventionne d’ailleurs les travaux indispensables de modernisation.
Que n’avez-vous pareille sollicitude pour les écoles de nos enfants et que n’exigez-vous la surveillance efficace pour que les écoliers de 1950 bénéficient enfin, des installations saines et confortables prévues pour les vaches et les chevaux !
Quand l'arboriculteur veut planter son verger, il défonce, il fume et surtout prend du large sur les prés et les champs. Il n’entassera pas cent arbres là ou cinquante seulement peuvent vivre. Il défrichera le champ voisin et rendra sa plantation rationnelle et productive,
Vous acceptez, vous, qu’on entasse cent enfants dans des locaux prévus pour cinquante et qu’on lésine sur les travaux élémentaires qui leur permettraient de pousser et de vivre en efficience et humanité. Vous savez bien que les chevaux et les chiens de race demandent, pour affirmer leurs qualités, des conditions d’habitation, de nourriture, de propreté et d’exercices sans lesquels aucun sujet ne donnerait son maximum d'agilité et d’élégance.
Vos enfants, qui seront les inventeurs et les constructeurs de demain, ne sont-ils donc pas dignes d'une égale attention ?
Vous objecterez que les locaux spacieux, les espaces généreux autour des villes sont accaparés par les usines et les magasins où l’on installe dans des conditions de commodité et de luxe les perfectionnements techniques qui font à bon droit notre admiration.
Pour faire vivre et modeler l’homme qui demain conduira et maitrisera cette technique hardie, il ne reste que les cours nues, l’ombre froide des usines et les écoles moyenâgeuses refoulées comme des parents pauvres, loin des centres favorisés.
— Que ne ferions-nous pas pour nos enfants !
Alors que s'élèvent les voix qui revendiquent, en faveur de la grande oeuvre d’éducation, les règles d’hygiène et de salubrité prévues pour l'usine, les magasins, les bêtes de rapport et les vergers fertiles ! Que s'organisent tes commissions d'enquêtes de parents, d’éducateurs, de parlementaires qui étudieront objectivement les besoins des écoles du peuple pour qu’en l’an 1950 l’enfant ait les égards qu’on réserve au profit, à la bête de luxe, à l'arbre producteur.
Les fonds ?
Il suffira de faire reculer les forces de guerre au profit de la vie.