« C’est dans ses rêves que l’homme trouve la liberté. Cela fut est et restera la vérité. »
Le Cercle des Poètes disparus
"Le défi de l’inclusion" publié dans Le Monde (2 décembre 2014)
La diversité dérange, déstabilise, fragilise. Elle nous oblige à nous interroger sur la place que l’altérité occupe dans notre vie, ainsi sur celle que nous sommes disposés à lui accorder. La confrontation à la diversité révèle nos faiblesses. Car l’autre ne fait que nous renvoyer à notre propre ambiguïté. Ce n’est pas un hasard si la notion d’identité a souvent servi de rempart aux angoisses existentielles, afin de distinguer ce qui est à soi de ce qui tient de l’autre. Mais si « je » est toujours aussi un « autre », comme le rappelle le poète, n’est-ce pas une illusion que d’imaginer la possibilité d’effacer l’altérité en la réduisant à la mêmeté ?
Altérité, étrangeté, diversité. Les termes que l’on emploie afin de construire une barrière infranchissable entre « nous » et les « autres » sont multiples. Il faut toutefois ne pas tout mélanger. Car c’est une chose de reconnaître l’intrinsèque différence qui caractérise la condition humain – chacun de nous étant différent des autres, unique et irremplaçable, unique et non interchangeable. C’en est une autre de culpabiliser quelqu’un à cause de sa diversité, en lui reprochant de ne pas être uniforme afin de le pousser à se conformer aux attentes des autres. Il y a des blancs et des noirs, des hétérosexuels et des homosexuels, des « normaux » et des « anormaux », disent tous ceux qui s’attachent aux dichotomies et qui n’arrivent pas à sortir d’une pensée binaire : le « oui » et le « non », le « bien » et le « mal », le « juste » et l’« injuste ». Et les nuances ? Et la réalité ?
Le rapport à l’autre extérieur dépend de la relation que nous avons avec l’autre en nous, avec cette part d’étrangeté que nous portons tous en nous-mêmes. Sentiment d’un nouveau et pourtant déjà là, d’un identique et pourtant différent. Sentiment parfois d’un double qui nous hante, qui échappe à notre contrôle et qui, pour cela, nous terrorise. Car la peur naît précisément là où se produit quelque chose d’inattendu ; là où quelque chose déjoue l’habitude. Mais peut-on réellement tout prévoir et tout déterminer à l’avance ? La richesse de la vie ne dépend-elle pas aussi de la possibilité que quelque chose puisse en tout moment faire irruption, tant du dehors que du dedans de chacun ?
Certes, pour s’orienter dans l’espace et dans le temps, pour situer les autres et établir avec eux des liens authentiques, il faut tout d’abord disposer d’un espace à soi, reconnaissable et reconnu. Il faut apprendre à accueillir ses différences et ses limites. Il faut comprendre que l’égalité n’est jamais synonyme d’identité. C’est alors qu’on peut construire une société inclusive, où la différence, en soi neutre d’un point de vue moral, ne rime pas systématiquement avec le rejet de la diversité. On devrait toujours avoir la possibilité d’affirmer nos différences, sans que le Pouvoir nous renvoie à cette notion souvent négative de diversité qui parfois sous-entend l’injonction d’assimilation et, par conséquent, d’effacement.
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