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Revue en ligne CréAtions n° 221 "Une exposition à votre porte"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°221 - Publication : février 2015

Ecole française de Santa Coloma, Andorre - Enseignantes : Claude Adroguer-Detcheverry,  Laurence Vallbona

 


Les arts, fil rouge d’une année scolaire !

 

Rentrée 2013 : classe de Moyenne et Grande Sections en Andorre. Un nouveau défi pour moi qui ai enseigné seulement en élémentaire (CE1, CM1, CP-CE1 et classe de cycle 3)…. Des peurs, des questionnements, des tâtonnements… Bref, je me lance ! le travail par thème, tel qu’on peut le voir souvent en maternelle (les sorcières, l’automne, etc.) ne me séduit pas trop, mais je souhaite tout de même avoir un fil rouge pour cette année en maternelle (et pourquoi pas pour les autres aussi. Si l’expérience est enrichissante pour les enfants et moi-même, pourquoi ne pas donner aux arts une place centrale dans ma classe ? L’Andorre est un petit pays où trois systèmes éducatifs cohabitent : andorran, espagnol, français, où quatre langues se mélangent quotidiennement : espagnol, catalan, français, portugais. Je suis dans un pays riche et je veux en profiter ! Malgré la petitesse du lieu, les expositions y sont variées (Miro, Niki de Saint-Phalle il y a quelques années…) Je m’engage rapidement dans un projet de classe artistique.


Notre première visite au musée du tabac de Sant-Julia de Loria : « L’hyperréalisme ».


Nous sommes deux classes de l’école Santa-Coloma : la nôtre et la classe des CP-CE1-CE2. Avoir les grands avec nous, nous permet de responsabiliser les enfants tout de suite en mélangeant les niveaux de classe. Ils sont partagés en trois groupes :

1) Tri d’œuvres d’art

Les enfants ont déjà visité l’exposition de Joan Miro et Claude Viallat l’an dernier, j’en profite pour glisser des reproductions des œuvres de ces deux artistes en plus de celles qu’ils rencontrent lors de cette nouvelle visite. Le principe est simple et je le réutilise à chaque exposition, en complétant avec de nouvelles œuvres. Les enfants ont devant eux un ensemble de reproductions d’œuvres d’art dont les caractéristiques communes sont très visibles (Dali et ses objets qui dégoulinent, Niki de Saint-Phalle et ses personnages ronds et colorés, Viallat et ses toiles colorées de façon mathématique, etc.). Ils doivent les classer pour séparer les différents artistes.

Avec Sonia, on cherchait des photos qui se ressemblaient. On a même trouvé une carte de Miro. On a fait des jeux.

 

 

2) Visite de l’exposition

Je fais la visite de l’exposition. Les enfants observent les œuvres de près dans leurs moindres détails, de loin pour une vue d’ensemble. Suite à cette exploration libre, je leur demande :  Quelles sont les œuvres qui sont exposées ici ? Photos ? Peinture ? Collage ? etc. Au départ, ils sont persuadés qu’il s’agit de photos. Puis certains découvrent des traits de pinceaux. Nous essayons de définir ce qu’est l’hyperréalisme : du réel mais très grand. Pourquoi ce titre ? En regardant les œuvres, nous réalisons que toutes sont en très grand format. La bouteille de ketchup ou les prunes ont une taille démesurée par rapport à celle des enfants. Il est tout de même très difficile de trouver des traces de coups de pinceaux…. A la fin de la visite, chaque enfant ou groupe d’enfants choisit une œuvre à côté de laquelle je les ai photographiés.

 

Avec Claude, on a regardé des peintures, comme des photos. Il y avait des fleurs, des tulipes. On a vu un oeuf, du ketchup.

 

A la fin, on a choisi une peinture qu´on aimait et on a posé à côté de cette peinture, la maîtresse nous a pris en photo.
 

 

3) Atelier coloriage proposé par le Musée
 
Les enfants doivent reconnaître une œuvre de l’exposition et la colorier. Il s’agit d’une bonbonnière.
 

Avec Laurence, on a regardé un film : il y avait un monsieur qui faisait des photos de son travail. On a colorié un pot de bonbons.

 

Ces trois ateliers durent environ vingt minutes, chaque groupe y passe pour aiguiser son regard, analyser une technique de peintre et se détendre en utilisant les couleurs. Cela permet aux enfants de ne pas se retrouver en trop grand nombre dans des pièces plutôt petites, de garder en mémoire les couleurs des tableaux, l’intention des artistes.

 

 

De retour en classe, nous finissons les coloriages proposés par le musée. Nous exposons des reproductions d’œuvres pour garder une trace de cette visite. Chaque enfant propose une phrase pour légender sa photo : « J’ai aimé cette œuvre parce que…. », « Les prunes étaient violettes mais de différentes couleurs de violet. » J'introduis le terme de ton, de nuances.

Dessiner des objets du réel me semblait à ce moment-là trop difficile pour des enfants de cet âge mais je me rends compte aujourd’hui que cela aurait peut-être permis une analyse plus fine du monde qui nous entoure, une autre vision des objets que nous utilisons tous les jours ou bien une meilleure perception des choses. Je n’ai pas osé…
 

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