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Derniers échos d'Angers

Juillet 1949

 Quelques expressions regrettables, dont Veillon s’est ému à juste titre, se sont glissées dans l’observation de Lallemand, Edith Lallemand et Antoinette Greciet, dans l’Educateur n°18, p.389.

 
Les intéressés, auxquels se joint Freinet, tiennent à déclarer que la critique faite aux démonstrations était générale et ne s’adressait nullement à Veillon en particulier, dont ils reconnaissent et l’activité pédagogique, et l’effort si méritoire qu’il a fait pour le succès du Congrès. Ils savent, d’ailleurs, que les démonstrations de Veillon ont été, comme le reconnaissent Lallemand et A. Greciet, une des raisons du succès obtenu.
 
Ils demandent qu’on discute de la question générale de l’organisation des démonstrations, en accord surtout avec le travail des Commissions, et de la question aussi des démonstrations de théâtre et de guignol.
 
La vérité, [écrit Veillon], c’est que nous avons déplacé un immense mouvement de curiosité et d’intérêt, puisque nous avons eu autour de nous souvent plus de trois cents personnes et non pendant quelques minutes, mais pendant des heures entières. On notait, à 16 h. 30, aux premiers rangs, certains camarades dont les visages tendus nous étaient déjà apparus à 9 h. le matin.
 
J’ai répondu inlassablement pendant des heures aux innombrables questions qui m’ont été posées, et les réponses ont paru satisfaire, dans l’ensemble, les intéressés. En tous cas, la longue démonstration s’est passée dans une atmosphère de calme absolument parfait et d’intérêt soutenu de bout en bout.
 
Nous n’avons pas, évidemment, traité à fond les questions. Cette démonstration ne pouvait être qu’une initiation, le travail de profondeur étant réservé aux Commissions...
 
... Je crois que, sans avoir atteint la perfection, notre démonstration a été cependant une grande réussite. Elle aurait mérité tout au moins les honneurs de quelques lignes dans le compte rendu et je regrette pour ma part, qu’une partie n’ait pas été sténographiée.
 
En agissant ainsi, je livrais mon travail de classe à l’appréciation des camarades, ce qui est tout de même un geste coopératif et de haute confiance.
 
Venons-en au théâtre. Là, j’ai commis une erreur.
 
J’avais mis en garde, quelques semaines avant le Congrès, les camarades du Groupe départemental contre les choses « ressassées ».
 
J’avais l’intention de présenter :
- un ensemble de saynètes d’enfants fraîchement écrites, très courtes, et à peine répétées. Ainsi nous aurions montré toute l’éclosion, la grâce, la fraîcheur de l’inspiration enfantine, avec sa spontanéité, son improvisation, sa joie. On aurait senti les élèves vivre. Nous venons présentement de monter une fête en trois jours. En trois jours, nous avons trouvé les saynètes et joué sans répéter. J’ai rarement passé un moment plus délicieux que d’être, pendant une demi-heure, mêlé au public, le spectateur de mes propres élèves et d’être témoin de leurs jeux, leurs rires, leur gaîté ;
- quelques autres saynètes écrites ultérieurement.
 
Je n’ai pas réussi à réaliser le 1er point : parce que les élèves étaient fatigués par un voyage de 30 km. et par 5 h. de démonstration ; parce que les organisateurs me pressaient ; parce que le Grand Théâtre était un cadre trop pompeux pour ma petite classe de campagne qui jouait pour la première fois sur un si grand plateau, éblouie par les lumières et émue devant tant de spectateurs. Je le déplore bien sincèrement. car chez moi j’aurais eu les moyens de le faire.
 
La journée de travail de cette petite classe rurale en déplacement à Angers est peut-être unique dans les annales de la C.E.L. Je demande à tous les camarades intéressés et qui y ont effectivement assisté, de faire une critique sincère de nos travaux. Pour ma part, j’espère en tirer quelques enseignements pour le Congrès de Nancy.
 
(Veillon.)

 

 

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