Par Jacqueline Benais le 19/02/10 - 15:35
Carnet n° 5 Carnets d'écoliers…
La fin de l'année approche, et avec elle un point d'orgue sur notre superbe voyage dans nos carnets. Au-delà des considérations pédagogiques ou théoriques sur la création à l'école, nous vous proposons, pour ces dernières pages, un patchwork de ce qui s'est passé dans la classe.
Des boîtes à bidules
Puisqu'il était souvent question de collages à partir d'éléments de récupération, et que nous avions demandé aux enfants de tout garder : essais à l'encre, morceaux de dessins ratés, photos mal développées, il fallait pouvoir stocker ailleurs que dans les casiers cette foultitude de petits trésors. C'est ainsi que sont apparues les "boîtes à bidules" (appellations trouvées par les enfants), boîtes à chaussures ou bien encore jolies boîtes en bois… Elles sont venues coloniser les coins libres de la classe. Ainsi, à chaque instant où les enfants travaillaient sur leurs projets, ils avaient le loisir de venir piocher des éléments dans leurs « boîtes à bidules ».
Apprentissage de la "cuisine"
Un appareil photo numérique dans la classe, c'est bien. Mais un labo photo argentique, c'est mieux. Les enfants ont pu non seulement découvrir les principes de la photo argentique en noir et blanc, mais aussi du potentiel créatif que pouvait amener le travail en laboratoire. Après la maîtrise des techniques élémentaires de tirage (agrandissement, mise au point, bandes d'essais pour déterminer les temps d'exposition), les enfants ont vite exploré les techniques traditionnelles pour s'échapper ailleurs : superpositions de négatifs, révélateur passé au pinceau sur des parties du papier (on peut même écrire son nom…). J'avais même proposé un atelier Colorvir, sortes de coffrets où, à partir de bains colorants différents, on arrive à coloriser certaines parties des photos noir et blanc. Ce travail se fait en pleine lumière, c’est le gros avantage.
La prise de vue
Des sorties prise de vue dans le quartier ont révélé la difficulté pour les enfants de savoir quoi photographier. Une fois l'appareil en mains, que peut-on photographier ? C'est la crise de la page blanche. Nous serons obligés, pour donner du sens à nos sorties prise de vue, de nous imposer des thèmes (façades, caniveaux, chaussures…).
Transformation
La photo numérique a aussi apporté son lot d'expériences. Au-delà des essais de filtres que l'on trouve sur beaucoup de logiciels de retouches d'images (trucs un peu faciles), nous avons pu nous lancer dans la création de romans-photos. Un format A4, créer une histoire courte, la séquencer sur 4 à 8 vignettes, écrire des dialogues, être attentif lors de la prise de vue pour intégrer plans larges, plans moyens et plans serrés… Un joli travail par groupes qui nécessitera la coopération de tous pour l'écriture et la réalisation des romans-photos, mais aussi pour la planification de l'utilisation des appareils photo ou des ordinateurs.
L'émergence des projets individuels
Au fil de l'année, les idées et projets individuels ont explosé, signe que les cadres et les techniques, c'est bien, mais se fixer ses propres règles du jeu, c'est nettement mieux. Notre travail d'adulte s'est petit à petit transformé, et nous avons passé de plus en plus de temps à accompagner, conseiller les enfants dans leurs propres projets de mise en espace de leurs textes. On pourrait parler à propos de nos carnets d'écoliers de "pages libres".
A titre d'exemples :
- Mélanie et sa salade de mots, en clin d'œil à Arcimboldo, qu'elle découvrira après avoir réalisé sa planche.
- Geanina et sa composition autour d'une photo et d'un négatif.
- Lucien et son poème sur la fleur.
- Emmanuelle et son histoire de souris.
- Pauline qui mettra en scène son poème « lointain » à partir d'acrylique sur un CD
- Et encore la sortie cinéma de Guillaume, Le travail calligraphique de Louisa qui écrit un conte dans un carrosse, le texte de Maxence écrit à partir de néologismes, une sortie canoë de Pauline…
L'importance des collages
Lors de la mise en espace de leurs textes, les enfants sont souvent confrontés à des espaces blancs, inoccupés. C'est encore leur "boîtes à bidules", ou bien encore les caisses remplies de magazines et matériaux divers qui leur servent pour trouver de la matière à coller.
Petit à petit, les matières se superposent aux textes, aux dessins, pour former des compositions originales.Certains iront même jusqu'à imprimer leurs textes sur du papier calque et jouer de la superposition entre illustration et texte.
La mise en forme
Il avait fallu anticiper sur le produit fini. Trouver un format commun pour tous (pour éviter l'explosion de problèmes liés à la mise en page, à la reliure, à l'homogénéité des productions pour chaque enfant). Nous avions trouvé des cartons à dessin façon naturel. Chaque enfant avait reçu un carton. Il ne leur restera plus qu'à le personnaliser en fin d'année, puis à relier, sous forme d'accordéon, toutes leurs planches. Deux avantages à cela, les carnets pourront être feuilletés comme un livre ou un album, ils pourront également être dépliés pour être exposés.
Ce que nous n'aurons pas pu vous montrer
Pascale Delarge, l'artiste qui nous a accompagnés tout au long de ce projet, animait un atelier à l'IUFM. Nous avons pu organiser deux journées de rencontres entre les stagiaires de l'IUFM et les enfants de la classe : échanges de pratiques autour des carnets, travaux en commun, grands et moins grands réunis pour partager autour d'une même activité.
Au final, une magnifique exposition commune dans la galerie du "Préau des Arts", située à l'IUFM de Lorraine… Exposition, vernissage, rencontre avec la presse, la consécration quoi !
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