Par Jacqueline Benais le 21/02/10 - 10:33
Carnet n°2 Une semaine “ Création ” dans la classe avait donné aux enfants l’occasion de réaliser sur un grand format un travail qui réunissait un texte, une illustration, une enluminure et du collage. Au carrefour de plusieurs modes d’expression, cette approche pluridisciplinaire avait permis aux enfants de créer du lien entre art, langage, littérature et histoire. Les pratiques qui existaient en classe sous la forme d’ateliers d’écriture, d’ateliers visuels, de recherche documentaire s’étaient réunies autour d’une unité culturelle. Cette unité culturelle, certains enfants vont avoir l'idée de la continuer…
L'occasion était trop belle… Pouvoir reprendre à son compte l'idée de croiser sur une même page du texte, du dessin, du collage, de la photo et de fabriquer son petit carnet personnel, plutôt qu'un collectif qui restera dans la classe germe. Zoé, Camille ou encore Luka présentent rapidement leurs premières pages personnelles, ce qui séduit très vite l'ensemble de la classe. Il suffit alors d'organiser l'espace et le matériel : des feuilles A5 de différentes couleurs et épaisseurs, feutres, encres, craies grasses, revues à découper, appareil photo numérique. Je propose aux enfants de reprendre leurs anciennes productions écrites, de les calligraphier proprement et de les illustrer. Il s'agit de faire le lien entre des techniques déjà éprouvées en classe depuis le début de l'année : ateliers d'écriture, journal de classe, albums de vie, site de classe, photo numérique. Rapidement, les premières pages de leurs “ carnets d'écoliers ” s'entassent dans des pochettes plastiques. Il suffira alors fin juin de les relier pour que chacun quitte l'école avec son carnet d'écolier.
Effet de mode ?
Les carnets sont-ils à la mode ? En effet, Les carnets de voyages rendus célèbres entre autres par le navigateur Titouan Lamazou semblent fleurir sur les étalages des librairies spécialisées ou encore sur Internet. Cependant, leur origine semble antérieure à notre époque contemporaine puisque Léonard de Vinci laissera plus de 13000 pages de carnets de dessins annotés, et que nous connaissons également ceux de Van Gogh, de Matisse, d’Hemingway ou encore du photographe américain Peter Beard. L’existence du carnet, qu’il soit le souvenir d’un globe trotter ou la trace d’un voyage intérieur, serait-elle d’ordre anthropologique ? De là à considérer les fresques rupestres comme les premiers carnets de notes de l’homo sapiens, il n’y a qu’une page !
L’école primaire n’est pas en reste puisque depuis plusieurs années déjà, la Main à la pâte invite les enfants aux carnets d’expériences et que les dernières Instructions Officielles sur l’éducation artistique évoquent le carnet de dessins de l’enfant. Au-delà de l’effet de mode, l’utilisation du carnet à l’école permet le retour en arrière, il est le témoin chronologique de sa propre histoire, l’instantané d’une représentation, la trace de l’évolution d’un apprentissage…
Véritable mémoire d’une pensée et d’une expression qui se construisent, pour peu qu’on lui attribue une intention esthétique, le carnet s’érige alors en véritable objet d’art, agréable à regarder, à toucher, à conserver. Si nos doigts d’adultes feuillettent avec nostalgie nos antiques cahiers du jour remplis à l’encre violette, peut-être pouvons nous offrir à nos enfants la possibilité de lire, dans une vie d’adulte, leur histoire d’écolier au travers de pages qui auront été le véritable reflet de notre culture contemporaine.
Note orthographique : les erreurs sont volontaires et signifient qu'il s'agit d'un texte encore imparfait d'enfant.
carnet de bord, enluminure, écriture, photographie, collage, peinture |