On le voit, le caviardage permet de faire prendre conscience à l'enfant, par l'intermédiaire d'une pratique d'écriture, de la réalité du langage: une réalité collective que chacun investit jusqu'à en faire son expression propre. C'est pourquoi il est important que cette activité se passe en groupe: c'est parce que j'appartiens à un groupe, parce que je suis fait aussi de ce groupe, que je peux, par contraste ou plutôt, par singularité active, prendre corps et existence.
Mais on n'en est là qu'à une étape de la construction de soi, car, s'il est vrai que je n'existe que par rapport à l'autre, aux autres, il y a une autre étape nécessaire: celle où ma parole va devenir matériau de construction des autres, de l'autre.
D'où l'institution au fil des étapes de leur création et, en fin d'atelier de caviardage, de la déclamation de son texte (un espace dans la classe est spécifié pour la déclamation de parole subjective). Ce moment est un moment dramatique (drama, c'est l'action) pour l'élève qui met son écrit en mouvement vocal et donc corporel. Mais c'est un moment crucial.
C'est aussi bien un moment où chacun donne
sa parole au groupe qu'un moment où le groupe, dont l'enseignant, retourne à l'élève, ses réactions à la singularité de sa parole ainsi prise en compte.
Cette étape franchie, on demande aux élèves de mettre en page leur texte. Le mieux est de procéder par plusieurs étapes. En effet, la mise en page porte du sens, ce que nous devons travailler avec les élèves qui restent obnubilés par la mise en page scolaire (nom en haut à droite dans la marge, matière etc.).
Le moment de la mise en page est ainsi ramené à une nouvelle étude du sens du texte obtenu. La fiche pédagogique que nous joignons donne un exemple d'exploitation de mise en page.
|