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 Au congrès Freinet, j'ai servi, avec d'autres, de "grand témoin", en voici la trace : 



Photos : 

https://onedrive.live.com/?id=2E7E0B20524E1A95%213102&cid=2E7E0B20524E1A95&group=0



Texte : 



Science et conscience

Je ne suis pas grand. Je ne suis qu'un témoin parmi d'autres chargé de partager quelques questions et remarques portées par ce congrès. Je vais donc les déposer, en vrac, en les accompagnant d'une projection de photos aléatoires, témoignage visuel.

Par tradition, l'école inculque des postures et des savoirs utilisables. Elle enseigne l'implicite de tenir sa place et de se couler dans un moule. Comment le praticien Freinet se débrouille-t-il de cette école dans les cendres de sa tradition ?

Jusqu'où puis-je marginaliser mes pratiques pour être en accord avec mon éthique au risque de ne pas préparer mes élèves à devenir de puissants acteurs sociaux ?

Longtemps, la Pédagogie Freinet, a vécu sur la certitude d'inventer dans le présent, une éducation pour l'école et la société de demain. Par le choix du vocable « résister », les Freinétistes s'appliquent un principe de réalité. Les temps ont changé. Qu'en est-il aujourd'hui  de notre projection historique ?

« Se cultiver » est une élaboration de soi en interaction avec les autres et grâce au travail entrepris avant nous par d'autres. De ce point de vue, faire table rase du passé est un gâchis ; se choisir des maîtres est une chance.

« Participe présent, je participe au présent » (F. Béranger)

« Résister, se construire en se cultivant. », un participe présent aurait été plus simple à assumer. Si le substantif « culture » sonne bien, il appelle une kyrielle de justifications quant à notre rapport aux questions d'identité ou de civilisation. 

La culture est une instillation cérébrale omniprésente et ininterrompue qui commence dès la vie intra-utérine. La famille la diffuse sans volonté délibérée, dans une certaine inconscience.

Dans cet engagement pour une culture émancipatrice, épanouissante et responsabilisante, les enseignants Freinet travaillent à une certaine conscientisation dans le sens imaginé par le brésilien Paulo Freire. Nous pourrions prendre le temps de relire la Pédagogie de la Libération.

« L'enfant et l'adulte sont de même nature. »

Le rôle du pédagogue n'est pas d'exposer le Beau selon lui, mais de faire goûter au plaisir de créer, d'investir une œuvre poétique, littéraire, chorégraphique, une démonstration mathématique, de faire partager son émerveillement face à la vie. Quel genre d'intellectuels désirerions-nous devenir ?

Culture et contre-culture ont la teneur de créations humaines et méritent respect et attention portée à une œuvre, à une pensée pour tenter de la comprendre, d'en évaluer la validité puis de la rejeter ou de s'en nourrir le cas échéant. Notre culture est fondamentalement pacifiste.

Pratiques culturelles en classe.

La pratique personnelle doit être première et expérimentée de façon répétée.

La culture, c'est le contraire du socle, de tous les socles. Elle est élévation. Elle nous libère de la bestialité.

Le nombre des enseignants convaincus du rôle capital d'une dynamique culturelle démocratique à l'école, dépasse largement celui des seuls militants Freinet.

Par principe, les éducateurs ont le devoir d'accueillir et de respecter la culture transmise par les parents. S'il le faut en abordant, en toute délicatesse, avec eux la question des valeurs lorsque celles-ci s'opposent au libre développement de l'enfant à travers des dogmes mortifères, asociaux ou sexistes. En ouvrant l'école, en créant une atmosphère et des espaces de dialogues mettant parents et enfants en confiance, les principes laïques progressent. La culture commune en sort renforcée.

L'école centre culturel

Nous portons l'utopie d'une école comme espace d'émulation culturelle. Nous souhaitons créer des connexions intelligentes entre les cultures des élèves en dynamique avec d'autres sources culturelles. Nous verrions volontiers l'école jouer une fonction de liant culturel permettant des échanges transversaux au sein de la texture sociale locale, à l'échelle du quartier, à travers des événements festifs collectifs. Nous rêvons d'une école actrice culturelle reconnue pour les enfants sur le temps scolaire. Nous aimerions voir les portes de nos école s'ouvrir hors temps scolaire, au service d'une continuité éducative pour qui voudrait, adultes ou enfants. L'infrastructure peut offrir des espaces et des équipements communautaires variés ludiques, médiatiques, culturels et populaires.

Sciences et conscience

Ce n'est pas par hasard si un seul et même ouvrage de Freud circule, aujourd'hui encore, sous deux appellations : Malaise dans la civilisation et Malaise dans la culture.En langue allemande, le terme Kultur véhicule cette ambiguïté qui rend compte, tout simplement, de cet implicite : la culture fait la civilisation.

Penser la culture comme acte de civilisation, c'est admettre les antagonismes originels de la culture amalgamant tradition, folklore, création ou imagination. La culture n'est pas résistante et constructrice par essence. Pour le devenir, elle doit être portée par une interprétation et une posture d'engagement philosophique et éthique.

Déni de démocratie dans la maison Europe. Assassinat sadique d'humains en méditerranée ou à Calais. Inexorables détériorations environnementales. Coup d'état financier en Grèce. Comment donner foi en l'avenir aux jeunes générations alors que j'en suis à me persuader d'y croire.

Il y a malaise dans la civilisation. L'humanité sera-t-elle capable de surmonter les pulsions destructrices qui l'animent ?

La seule culture qui vaille doit être source de réflexion, de transformation de soi et du monde en coopération avec les autres. Elle est indéniablement guidée par une conscience morale.

Nous combattons certainement la banalisation du mal dans la classe et dans nos sociétés

Mais quelle morale défendons-nous ?

Quelle idée du Bien nous anime ? .



 

 

 


Merci de votre attention.

Merci !

Bonjour Jean.

Tout d'abord un grand merci pour avoir relevé le défi d'être "grand" témoin de ce congrès tout en étant aussi membre de l'organisation du congrès.
Ensuite merci pour ce partage qui va nous permettre de relire tranquillement ce que tu as écrit, d'y réfléchir,...

Je mettrai aussi ton texte dans le Boulegon en ligne le journal du congrès.

Amicalement, Jean-Charles Huver, GD 06, CA de l'Icem.