Pour comprendre la bande dessinée
«SERVE HlM RIGHT»
1) CONDITIONS D'ELABORATION
Classe : 4e aménagée. (II s'agit d'enfants en difficulté scolaire à qui on essaie de faire réintégrer le circuit "normal". But : obtenir le BEPC l'année suivante pour 22 élèves).
Matière : cours d'anglais.
Cadre de travail : pendant une heure de travail libre en demi-groupe (11 élèves présents). Le professeur suggère des activités à ceux qui n'ont pas d'idées. Laurence et Muriel ont choisi de faire une bande dessinée. Elles cherchent ensemble l'argument du scénario et à la fin de l'heure décident de continuer le travail chez elles. Comme "Laurence dessine bien" c'est elle qui se charge de la réalisation graphique.
Huit jours plus tard elles remettent au professeur une bande dessinée complète et il est décidé de la reproduire au limographe pour le journal. Comme le temps manque en gravant le stencil, des détails sont oubliés.
Laurence : Elle apparaît comme une jeune fille souriante, plutôt timide, bien qu'un peu moins effacée en anglais que dans les autres cours. Age : 14 ans.
2) OBSERVATIONS SUR LA BANDE DESSINEE
a) Les thèmes.
b) La réalisation : graphisme, omissions.
c) Prolongements.
a) Thème familial. Absence du père.
Conflit entre frère et soeur où le frère fait figure d"'affreux jojo". Il témoigne d'une agressivité violente, il veut faire mal, il se réjouit quand sa soeur pleure. La soeur est à la fois vindicative et pleurnicheuse ; elle a recours à la mère pour régler le différend.
Détail important : ce n'est qu'à la vignette n° 6 qu'il apparaît que le frère n'est en réalité qu'un camarade de jeux (si l'on peut dire ! ) puisqu'ils n'ont pas la même mère ("We'll go to his mother")
Eléments éclairants : intrigués par cette situation curieuse (deux mères qui paraissent n'en faire qu'une seule) nous sommes allés vérifier dans le dossier scolaire. En réalité Laurence a un demi-frère bien plus jeune qu'elle, il semble même qu'il soit d'âge pré-scolaire. Hypothèse : le personnage de la B.D. pourrait être un composé de certains "affreux jojos" de la classe, capables des pires farces, et du petit frère à la présence mal acceptée apparemment.
b) La réalisation.
1. Le graphisme : On est frappé par la pauvreté du dessin (mais il faut souligner que Laurence n'avait pas pratiqué· auparavant la technique de la B.D. ni celle de la reproduction au limographe).
A remarquer : la vignette n° 6 = la maison qui sourit et où l'on retrouve les traits d'un visage humain (yeux-fenêtres, nez-porte, marches-bouche).
2. Omissions : ce qui frappe c'est le manque de bras et de jambes. Le garçon, par exemple, a toujours un seul bras (sauf à la première image), jamais d'oreilles, les yeux ont dû être ajoutés (car la B.D. parait dans le journal).
Mêmes remarques pour les mères et la fille qui n'ont pas de mains.
Les images 6 et 7 présentent une certaine similitude : La mère et la fille sont transformées en troncs. L'image 7 est particulièrement intéressante : la "voisine" se trouve dans les airs. Hypothèse : passage d'une réalité douloureuse à une fiction sécurisante.
c) Prolongements.
- Valorisation = La B.D. sera publiée dans le journal...
- Thérapie ... mais il faut compléter les dessins inachevés et les colorier (1) pour mettre la page en valeur. Travail collectif de la classe.
(1) Ci-joint : 1 exemplaire de la B.D. brute
Quesny, 2-2-74
Nicole Alex.
