Raccourci vers le contenu principal de la page

Le congrès des imprimeurs

Dans :  un niveau scolaire › Techniques pédagogiques › Principes pédagogiques › communication › 
Février 1975

 

LE CONGRES DES IMPRIMEURS

 La page suivante, comme vous pouvez le constater, n'est pas identique à celles que l'on avait tirées jusqu'à présent.

 

Tout d'abord, elle est combinée en deux couleurs ; et surtout, elle n'a pas été tapée à la machine, mais imprimée … Imprimée avec de vrais caractères en plomb dont se servent les ouvriers dans les imprimeries … Et c'est à l'occasion du deuxième congrès des imprimeurs de journaux scolaires, que nous avons pu, avec Monsieur Brunet, composer. cette page.

 Ce congrès, organisé par I'ICEM (Institut Coopératif de l'Ecole Moderne) a rassemblé du 31 octobre .au 2 novembre 1974 à Montigny-en-Morvan, un grand nombre d'utilisateurs du journal de classe et de lycée, dans le cadre de la pédagogie Freinet.

 Nous étions donc une centaine, enfants (de la maternelle au CM2), élèves (surtout du premier cycle), instituteurs et professeurs, réunis pour confronter et échanger nos techniques, et pour approfondir le rôle que joue le journal de classe et de lycée.

 On ne peut tirer. de ces trois jours passés ensemble, au milieu du paysage enneigé du Morvan , qu'un profond enrichissement, doublé d'étonnement... .

 Etonnement dû · à la spontanéité des gestes, des attitudes, des créations des enfants, partis pour trois jours avec leurs institutrices ou leurs instituteurs, à plus de cent kilomètres au minimum et plus de sept cents au maximum !!!

 Etonnement dû aussi aux liens étroits faits entre l'intellectuel et le manuel ; c'est-à-dire que toute discussion, toute découverte, toute confrontation se fait sur le lieu de travail, pendant la création du texte ou pendant sa mise en page … Rien ne se fait dans l'abstrait, tout passe par le manuel ; toute envie de création est aussitôt réalisée par le créateur lui-même. Il n'y a aucune division du travail entraînant un abêtissement et un automatisme.

 Chaque élève, chaque professeur passe par tous les stades de la fabrication de la page : d'abord la création du texte, puis l'illustration·, la mise en page, la composition, la correction, la mise sous presse et la distribution. (*)

 De ce fait, aucun temps mort, toujours du travail sur la planche.

 Autour des tables de travail, sur lesquelles étaient installés les casiers plein de lettres, nous apprenions à nous connaître mutuellement et .. nous nous parlions de nos journaux tout en approfondissant la connaissance et l'utilisation technique de l'imprimerie.

 De ce travail fait en commun, il émanait une ambiance d'amitié et de partage des expériences. Ainsi nous avons pu élaborer un journal du Congrès, où tous les textes composés pendant ces trois jours, par les grands comme par les petits étaient rassemblés sous le signe significatif "Mille Mains d'Imprimeurs" ...

 Quant au texte de la page suivante, nous n'avons fait que le tirer d'un journal de l'an dernier et reprendre son illustration, ayant beaucoup moins de spontanéité et d'imagination que le plus jeune. L'illustration est faite avec une méthode assez simple : on grave le dessin sur une plaque de linoléum (le lino pour les sols) avec des sortes de couteaux appelés "gouges".

 Ainsi, on obtient une partie creuse qui reste blanche, et une partie en relief qui reçoit l'encre. On plaque la feuille sur le lino, on presse et on obtient les différents traits et parties pleines voulues.

 Mais il y a d'autres possibilités d'illustration toutes aussi simples si on a un peu d'imagination ... Alors peut-être serait-il intéressant de réserver quelques pages dans L'Ouvre-Boite pour l'Imprimerie et les différentes méthodes d'illustration autres que sur stencil comme toutes celles que nous faisons ?

 Ce serait un projet à mettre en route dans les prochains numéros, et nous invitons tous les intéressés à venir en discuter le vendredi avec nous entre 1 h et 2 h en salle 208... ·

 Compte rendu de Janie AUREJAC et Michel AUDOIRE

 paru dans l'Ouvre-Boite de décembre 1974, journal de la Coopérative du Lycée de La Bastide. La page imprimée a été reprise à l'analyseur électronique en raison du tirage (300 exemplaires).

 


(*) Il s'agit de remettre les caractères dans la casse, une fois le tirage terminé.

 

A la suite du congrès des imprimeurs ...

 J'ai introduit le journal dans mes classes en même temps que l'expression libre, c'est-à-dire il y a six ans. J'en étais toujours resté au limographe ct à la ronéo. J'ai d'ailleurs conscience de n' en avoir jamais exploité toutes les possibilités (Voir l'Art enfantin n° 69 qui rassemble un très grand nombre de pistes pour l'illustration du journal).

 J'allais avec curiosité et scepticisme au congrès des imprimeurs. J'imaginais mal (malgré quelques exceptions notables : voir les journaux de R. Barcik, de G. Bacle!, de J .P. Eyraud ... ) qu'on puisse sérieusement introduire l'imprimerie au second degré, avant tout par manque de temps.

 Je commence à changer d'opinion. Les deux élèves (de 1ère et de Terminale) qui participaient au congrès avec moi ne font pas partie de mes classes mais animent le club journal du lycée. Malgré leurs maladresses et leurs blocages, ils se sont parfaitement intégrés au congrès, ils ont réalisé eux aussi leur page, grâce à l'aide de leurs camarades, et ils sont repartis enthousiasmés, ce qui a ébranlé quelque peu mes positions.

 Je suis revenu du congrès avec un peu de matériel (une petite presse à volet , une police). Dès mon retour j'ai récupéré du matériel inutilisé dans une classe de transition du lycée (une police, des composteurs à vis, des casses, une table avec éclairage). J'ai commencé également à faire la tournée des imprimeurs, ravis de nous aider quand ils le peuvent. J'ai introduit tout cela dans ma classe de 3e, sans grands discours, mais en montrant quelques pages imprimées au cours du congrès. Je n'ai pas eu à attendre les réactions : au bout d'un mois c'est toujours de la passion , on fait des heures supplémentaires sans s'en apercevoir. Cela passera, bien entendu. En tout cas, avec le tirage du premier texte, j'ai retrouvé dans la classe le même instant d'émotion que nous avons tous connus avec le démarrage d'un journal, à ceci près qu'une page imprimée produit un choc infiniment plus intense.

 Ce qui m'a d'abord frappé c'est que, sans la moindre pression de ma part (du moins en apparence), les élèves ont eu tout de suite une exigence de perfection que j'arrivais mal à obtenir - c'est de ma faute, je le sais - avec le limographe ou la ronéo : c'est si beau que tous ont le sentiment qu'il faut que la page soit impeccable : pas une coquille, un encrage parfait, une bonne justification ... La plupart des négligences sautent littéralement aux yeux. De mon côté je suis conduit à pratiquer le "bon à tirer" de façon impitoyable, alors que, par manque de temps - c'est l'excuse courante - , par lassitude, mais aussi à cause de moyens techniques médiocres (par exemple machine à écrire aux caractères usés), je laissais passer souvent des négligences à la ronéo. A l'imprimerie ON PREND son temps.

 Autre conséquence : la classe a tout de suite vu que l'on ne peut imprimer que des textes courts. Lors du premier essai l'auteur a dû sur le champ supprimer quelques lignes, plusieurs mots. Ce qui nous a conduits à prendre conscience du " remplissage" ou de la densité des textes, nouveau critère de discussion. Je commence à percevoir un changement dans la production de la classe : il y a davantage de textes courts mais pleins. On est également conduit à mettre davantage en valeur la pensée, certains mots, l'articulation du texte, par une mise en pages plus soignée, par le changement de corps, en utilisant les majuscules ... Nous commençons à peine à entrevoir un champ de possibilités infinies.

 Quant au côté manuel, sensible, de l'imprimerie, je ne ferais que répéter ce qui a été fort bien dit , depuis longtemps, à l'Ecole Moderne. Au fait avez-vous lu "Le journal scolaire" de Freinet. C'est une brochure de 126 pages, édition de l'Ecole Moderne qui vous étonnera que vous imprimiez ou non. Je constate simplement le plaisir évident de ces élèves de 3e à manipuler ce nouvel outil : cette année, à part les modestes pistes que j'essaie de leur offrir, ils n'ont aucune activité manuelle (pas d'enseignement de travaux manuels pour les garçons depuis la rentrée).

 Le besoin se fait tellement sentir que les responsables élèves de la coopérative du lycée essaient de lancer, avec les moyens du bord, un club bricolage. Je regrette qu'une fois de plus la carence de l'Education (ex-Nationale) nous conduise à de telles solutions.

 Cela dit, ferons-nous un journal entièrement imprimé ? C'est peu probable pour l'instant : nous· continuerons à tirer les textes longs, les comptes rendus d'enquêtes et de débats à la qualité : le souci accru d'exigence commence à s'étendre à l'ensemble du journal. En tout cas l'atelier imprimerie s'insère à peu près dans les deux heures que nous consacrons chaque semaine aux ateliers. L'ardeur actuelle des imprimeurs fait que l'on déborde un peu (pour terminer un tirage, pour redistribuer les caractères). En fin de trimestre, un tiers de la classe à peu près se répartit dans les divers ateliers consacrés au journal.

 Pour le journal d'établissement, les deux participants au congrès poussent vivement à l'organisation d'un atelier imprimerie. Si la coopérative a de l'argent, on va essayer. Mais le tirage, à 300 exemplaires, nous obligera à reprendre chaque épreuve à l'analyseur électronique, d'où une perte en netteté.

 Telles sont mes premières observations. Je souhaiterais en discuter avec tous ceux qui ont essayé d'imprimer au second degré, avec ceux qui ont envie, ceux qui n'y croient pas ...

 Jacques BRUNET

 30, rue T. Ducos

 33000 Bordeaux

 


Le limographe attaché-case

 Le limographe est un outil fondamental au second degré, dans toutes les disciplines. Il permet aux élèves de tirer leurs travaux , les fiches-guides de recherche, des comptes rendus, des textes d'auteurs etc. Avec les perspectives ouvertes par les graveurs électroniques de stencils, le limographe peut reproduire un article de journal, un dessin, voire même une photo (voir recherches dè quelques camarades).

 Le premier réflexe lorsqu'on découvre l'Ecole Moderne devrait être d'acheter cet outil, même si on n'en voit pas l'utilité immédiate : c'est l'outil qui vous aidera à créer les techniques et qui vous donnera de l'imagination.

 Il faut tout de même reconnaître les limites du limographe :

 - à partir de 70-100 exemplaires tirés on peut songer à passer à la Gestetner manuelle. Le limographe par contre est très économique dans les tirages 20-50 exemplaires qui, au second degré, sont des tirages courants.

 - la nécessité d'un encrage régulier et donc d'un rouleau court rendent plus intéressant le petit limographe (modèle L1 et L3) que le grand limographe qui utilise pratiquement les stencils normaux. C'est pourquoi toute ma documentation (environ 1500-2000 stencils classés, puisque le stencil est réutilisable constamment) est normalisée selon le modèle L1.

 - pratiquement tous les groupes départementaux fabriquent des limographes ; moi aussi j'en ai fabriqué. Compte tenu de l'usage intensif du limographe au secondaire (je tire 30 000 feuilles par ,an) on ne peut souffrir l'approximation : la machine doit fonctionner immédiatement, sans accroc.

 Ceci condamne le tergal mal tendu, le rouleau qui encre mal, la plaque à encrer baveuse etc. Le matériel de la CEL reste plus fiable que le matériel bricolé, du moins pour la grande majorité des utilisateurs. Chaque fois que j'ai à conseiller un acheteur, je le renvoie directement au devis L1 ou L3. Par contre je lui conseille d'acheter immédiatement un tube d 'encre Gestetner Express 44 à séchage rapide qui évite d'avoir à mettre une feuille de papier journal entre chaque feuille tirée.

 Mais si on veut se servir réellement et à toute heure du limographe en classe (atelier permanent) le matériel livré par la CEL souffre d'un inconvénient majeur : limographe, rouleau, plaque à encrer sont un peu présentés d ans le désordre et comme il faut transporter l'encre de la plaque à encrer à la trémie du limographe par le biais du rouleau, on imagine que ces manipulations exigent beaucoup de journaux ... Il en résulte un atelier peu encourageant à nettoyer, surtout s'il faut évacuer la salle au terme des 55 minutes fatidiques. J'ai donc étudié un modèle de limographe-attaché-case dont voici le plan.

 

Les dimensions indiquées sont valables pour le limographe L1 de la CEL. Pour le modèle L3 il conviendrait de faire sauter les pieds et probablement de prévoir environ 5 cm d'épaisseur au lieu de 3. A gauche le limographe a été fixé par des petites pointes.

 La partie centrale permet de faire jouer latéralement une feuille 21 x 29,5. La partie de droite contient le bac à encrer limité par deux petits tasseaux de section 1 cm x 1 cm. Le fond du bac est tapissé de plastique ainsi que le fond du couvercle au même endroit. En effet pendant le transport le rouleau reste dans le bac à encrer et est coincé par le couvercle qui se rabat. Avec une encre assez fluide (Gestetner Express 44) il n'est nul besoin de nettoyer le bac, le rouleau ou le limographe sinon de loin en loin (tous les ans par exemple).

 Pour empêcher le volet du limographe de jouer pendant le transport, il convient de prévoir une cale dans le couvercle. Munir l'ensemble de charnières en· cuivre, fermetures en laiton à pression et poignée. On peut aussi étudier dans le couvercle un logement pour le tube d'encre.

 Note importante. Si ce modèle paraît supérieur à celui qui est fourni actuellement par la CEL, l'expérimenter, l'améliorer, communiquez vos remarques afin que la CEL puisse (par le biais de sa commission "outils") perfectionner l'instrument et le diffuser. M'adresser vos réflexions. Je dois dire que je n'ai eu un atelier limographe en classe d'une manière suivie que du jour où j'ai construit l'appareil.

 R. FAVRY

 Lycée technique

 82017 Montauban