Raccourci vers le contenu principal de la page

logo blog L’éducation, levier pour la transition

Lors de la Conférence-débat du 4 décembre 2015 au Bourget, j'étais la porte parole du CAPE (Collectif des associations partenaires de l'Ecole).
Une intervention de 5 minutes.... c'est court. Quelques mots d'un précédent billet ont tout naturellement trouvé leur place !

Nous ne pouvons que saluer la présence de l’Éducation dans cette COP21, mais alors qu’elle devrait être le levier essentiel de la lutte contre le dérèglement climatique et de l’avenir de l’humanité, elle est juste évoquée dans le texte de négociation et avec des mots évasifs sans engagements concrets : « importance de l’éducation, formation et sensibilisation du public… ».
Et pourtant, même si les citoyens ont entendu parler du réchauffement climatique, ils sont donc sensibilisés, peu ont les connaissances suffisantes pour en comprendre véritablement les enjeux et donc être acteurs de la transition attendue.
Aujourd’hui l'École apporte des connaissances, des savoirs parcellaires et cloisonnés le plus souvent par le biais des sciences, de la géographie, de l'enseignement civique... Mais la structure disciplinaire de l'enseignement surtout à partir du collège rend difficile une compréhension globale de la complexité du monde et des enjeux qui sont à l'œuvre.
Alors, l’éducation est importante, mais pas n’importe laquelle.
Une véritable éducation de l’environnement, dans son sens le plus large, devrait apporter à chaque jeune les moyens et les outils pour lire et comprendre son milieu : pouvoir donner du sens, relier, tisser les savoirs et les connaissances, d’exercer son esprit critique pour agir ensuite. Des espaces de mutualisation, d’échanges de savoirs dans les quartiers, les communes peuvent apporter aux jeunes et aux adultes des clés de compréhension des enjeux du dérèglement climatique et des solutions pour agir quotidiennement sur leur territoire.
Plus qu’une formation et sensibilisation du public, c’est une éducation tout au long de la vie et intergénérationnelle des citoyens qui est à mettre en œuvre.
C’est notre engagement comme militants de l’Éducation populaire et des mouvements pédagogiques de former les enseignants, les éducateurs, les animateurs, les bénévoles… pour qu’ils deviennent des acteurs conscients et responsables de cet objectif éducatif. 

 Les pratiques éducatives, pédagogiques et coopératives de nos associations visent les expérimentations, les découvertes, les apprentissages ancrés sur la vie, sur l’environnement culturel, social, familial… pour que l’enfant, l’adolescent en soit vraiment acteur. Mais toutes ces pratiques ne s’exercent pas dans n’importe quel milieu éducatif, il lui en faut un libérateur, coopératif et démocratique.
Dans nos projets éducatifs, l’étude de l’environnement qu’il soit naturel, social, culturel, scientifique… est au cœur des activités, par ex : recherches sur le milieu proche ou lointain, visites de sites, reportages, albums de découverte, exposés, correspondances, utilisations des médias, de la radio, du cinéma, etc.
Étudier l’environnement, c’est bien sûr le découvrir avec ses yeux, ses oreilles… tous ses sens.
Alors dans les espaces où nous agissons que ce soient les établissements scolaires, les centres de loisirs, les ateliers périscolaires, les colonies de vacances, etc., les enfants, les jeunes sortent. L’environnement proche est une véritable encyclopédie à ciel ouvert. Leur regard guidé, accompagné par l’adulte s’aiguise sur le monde vivant, la société, l’histoire, la géographie, la culture, les sciences…
Un objet échoué sur une plage, un arbre au sol, un coup de vent, l’envol d’un cormoran, une femme très âgée, un fauteuil roulant, un violoniste dans le métro, une plaque de rue, une vieille maison, un quai de gare… seront des amorces de questionnements, de débats, de recherches et de travaux.
Rentrés, les enfants, les jeunes échangent, débattent, proposent et élaborent des projets, ainsi ils décident accompagnés de l’adulte des suites à donner à toutes leurs découvertes, un véritable exercice régulier de la citoyenneté dans un espace démocratique où empathie, compréhension, coopération, laïcité, diversité, mixité… ont toute leur place.
Car être un-e citoyen-ne ne se décrète pas le jour de ses 18 ans... c’est un long processus où tous les acteurs concernés, ensemble, agiront et mutualiseront leurs expériences et leurs savoirs.
C’est notre engagement comme militants de l’Éducation populaire et des mouvements pédagogiques de participer à la construction d’un-e citoyen-ne éclairé-e, émancipé-e, capable d’agir sur son territoire, en coopération avec les autres pour le protéger, l’améliorer et le transformer. C’est pour nous une exigence politique, éthique et éducative ! 

Si c’était possible dès aujourd’hui et demain dans tous les espaces éducatifs, les enfants, les jeunes d’aujourd’hui dans 20 ans… dans les quartiers, les villes, les villages auraient les capacités de participer et de prendre les décisions nécessaires pour l’humanité et la planète.
Et c’est urgent !
Le dérèglement climatique détruit toutes perspectives d’un monde plus juste et solidaire. Ce sont les plus pauvres – et pourtant les moins responsables et qui souvent construisent des stratégies pour « vivre quand même » et parfois plus écologiques que celles des « donneurs de leçons » – qui seront frappés. Ils seront de plus en plus nombreux à être obligés de fuir et de s’exiler. Les rejets et les violences qui en découleront mettront à mal nos démocraties.
Les conquêtes des droits humains et sociaux pourraient être anéanties aussi rapidement que les hectares de terre que recouvreront les océans !
Un immense chantier de défense et d’élaboration coopérative des droits humains s’ouvre à nous et l’Éducation en est bien un levier essentiel.

L'affiche de la conférence