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Sténopés en Inde

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Sténopés en Inde, suite

 

Cette technique s’inscrit dans un autre désir de vivre, loin de la surconsommation d’images numériques et de la course contre le temps qui passe. Cette expérience permet aux enfants et adolescents d’exprimer leur propre regard sur leur culture. La liberté d’expression offerte aux bénéficiaires les invite à valoriser et à affirmer leur identité, pour dépasser toutes sortes de sentiments d’impuissance, de peur et de fatalisme liés à leurs conditions de vie.

 

« La lecture » 
Un environnement sain, une nourriture saine, une atmosphère respirable sont autant de forces extraordinaires pour prolonger notre vie.
L’éducation à l’environnement est un chemin pour nous mener à ce type de vie.
A. Aroul

Rencontres
Stéphane, traducteur et animateur de l’atelier et moi, Alexandra, arrivons à Karanapattu. Les enfants s’approchent. Nous nous regardons beaucoup. Ils utilisent les expressions d’anglais qu’ils connaissent : « What’s your name? » « Where do you come from? » J’essaie de dire maladroitement les quelques mots de tamoul que je connais. Ils recherchent le contact et sont très curieux.
Nous commençons à construire les boîtes en carton qui nous serviront d’appareil photo. Cette étape est extrêmement importante : ils doivent comprendre comment cette boîte magique pourra former une image.

A chaque phrase prononcée, ils dodelinent la tête d’une manière gracieuse. Ils comprennent.  Silence solennel. J’ai l’impression que toutes les informations sont écoutées avec une extrême attention. Il s’agit de ne rien perdre du savoir offert. Je ne cesse d’entendre « Maaaaaaaaam! » Ils m’appellent simultanément pour que je vérifie l’opacité de leur boîte. Je ne sais plus où donner de la tête.

  « Le réservoir »
Aujourd’hui dans le monde moderne le prix du lait et le prix de l’eau sont les mêmes. On boit plus d’eau que de lait alors il faut économiser l’eau.
Sandhia et Vikneshvari

 

Le laboratoire photo

 « La lampe »
La lampe à huile est sale, je la frotte avec du tamarin humide. Elle devient brillante quand je la lave à l’eau.  Elle donne de la lumière pour la famille et illumine notre vie. Elle nous éclaire même en cas de panne d’électricité.
S. Sankavi S. Saraniya
 

Conclusion

De tels projets visent à faire vivre et entendre des nouvelles voix, de chercheurs, d’artistes, d’associations et de citoyens, qui œuvrent quotidiennement pour un avenir plus solidaire, équitable et luttent contre l’exclusion, partout dans le monde.
Cet exemple nous mène vers des questions de fond : la définition du développement, les différents modes de vie prônés, les valeurs qui en découlent, le rapport à la nature, la recherche d’équilibre et de partage, les contenus d’éducation, de formation et les pédagogies en vigueur, le recours aux savoir-faire et savoir-être de certaines populations et enfin l’utilisation des sciences et des nouvelles technologies.

« Pongal »
Le mois de « Taï » c’est la fête de Pongal. Pour faire la fête,on n’utilise pas de cruches en argile car maintenant l’aluminium a envahi notre vie. Alors est-ce que nous allons reprendre les cruches en terre pour faire cuire le riz de Pongal ?
Sanjivkumar et Yejoumaleï

 A l’origine prévu dans une petite chambre électrique, le laboratoire s’est finalement improvisé dans la hutte de la professeure du village. Elle ne semble pas gênée par notre intrusion, ne s’inquiète pas, ne pose aucune question. Elle nous prête simplement sa maison.
Je suis surprise par l’esprit ingénieux des élèves. En quelques minutes, la pièce est calfeutrée, l’espace libéré. Rien ne pose problème, il y a toujours une solution. Nous commençons les prises de vue sans électricité. Nous devons, dans le noir, mettre le papier photo dans la boîte, refermer celle-ci, puis, au retour, immerger le papier dans deux bacs différents, dans le bon ordre. Nous sommes quatre dans une pièce très exiguë. La tension est à son comble. Les premières photos sont presque toutes ratées. Les boîtes ne sont pas suffisamment hermétiques. Cependant, l’enthousiasme des élèves demeure : ils arrivent toujours à repérer ou imaginer un élément sur l’image quasiment totalement noire.

L’apprentissage se fait par tâtonnements, favorisant une plus grande autonomie des élèves.
Nous expliquons aux élèves la raison de ces premières erreurs et décidons d’utiliser une boîte en bois qu’ils se partageront. Les sténopés deviennent de plus en plus nets. A chaque fois, ils reviennent vers moi avec un grand sourire. « It’s perfect, » « beautiful, » « very good! »


En général, à la fin de l’atelier, je suis découragée à l’idée de devoir ranger tout le matériel pour le lendemain. Cette fois-ci, je n’ai presque rien à faire :ils s’occupent de tout avec un soin particulier. Chaque pinceau compte. Pour la première fois depuis que j’anime des ateliers, un élève me dit : « Thank you. »
La soif d’apprendre et de créer des enfants se traduit par une importante production photographique. Celle-ci donne lieu à une publication trilingue : tamoul, français et anglais dont les élèves ont assumé eux-mêmes la rédaction.

 

 

 

 

Pour aller plus loin sur l' INDP, la boîte à rencontres ou  autres climats.

Pour lire un autre témoignage avec l'utilisation du sténopé vous pouvez lire : Camera obscura

                                                                                                                                                                                          

 

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