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Atelier « Le plan de travail au second degré »

Dans :  Congrès › 

Atelier sur le plan de travail au second degré
                                                        Catherine Mazurie
                                                        Marlène Pineau

Démarche et intention de l'atelier : le thème et contenus de cet atelier ont été circonscrits grâce à des échanges sur la liste de diffusion second degré. ( pour s'y inscrire : catherine.mazurie[arobase]icem-freinet.org)
Collecte de pratiques mises en tension et en réflexion sur la question de l’émancipation, thème du congrès.

Une  synthèse élaborée à partir de ces descriptions de pratiques
1. Les points communs entre nos pratiques du plan de travail.
2. A quels moments le plan de travail amorce un chemin vers une émancipation des élèves et de l'enseignant ?

1 Les points communs entre nos pratiques
- Temps : la périodicité du Temps Individualisé sur plan de travail

- Espace : les tablées, une salle personnelle

- Matériel : documentation à disposition dans la classe
        matériel de suivi du travail, par exemple  la  pochette au nom de l'élève contenant un calendrier distribuée en début de séance et remise en fin de séance
- Une  liste de tâches et d’activités. Cette liste est écrite sur un document papier individuel distribué à l'élève ou les  tâches sont  projetées au tableau
Les contenus prescrits  varient suivant les disciplines. Par exemple : en français en 1ère (septembre), des tâches de lecture, des exercices de préparation ou de correction de devoir, le rangement du classeur.
- Le bien-être visé : l'élève choisit l'ordre dans lequel il travaille, il se donne du temps  et des tâches plus variées ; l'enseignant ramasse des travaux variés, des étapes du travail, à annoter, au lieu de corriger un devoir complet

2. Pour amorcer un chemin vers l'émancipation : l'élève doit donner du sens à ce qu'il fait.
Et pour y contribuer, on voit dans les descriptions de pratique recueillies, trois mises en tension :

A. Les tâches du plan de travail prennent sens lorsqu’elles sont en relation avec les autres temps de la classe.
L'élève fait des liens, partage la conscience d'un temps de travail dans la durée
Exemple :
Relation du TI avec des séances d'écriture de textes libres, recherches libres
Dialogue interpersonnel en TI : l’enseignant accompagne les choix de l'enfant, se met dans ses pas, notamment pour guider vers une amélioration, une problématisation.
L’enseignant observe la façon dont l'élève comprend le sens littéral des énoncés de consignes, des textes littéraires.

Relation du TI avec le plan de travail collectif élaboré durant le conseil coopératif :les élèves réunis en conseil évoquent la façon d'organiser le travail :
- ils peuvent demander à augmenter la durée du TI
- ils peuvent demander à différer l'échéance d'une production.
- ils se donnent à eux-mêmes du travail. On pense aux projets de classe, mais cela peut être plus modestement une demande concernant la correction d'un contrôle ou le nombre de reprises d'un travail avant d'estimer qu'il est terminé.

B. Le contenu du plan de travail est modulable et progressif : il prend sens au fur et à mesure de l’avancée du travail.
En début d'année le plan de travail ressemble à une étude dirigée; les élèves adhèrent parce qu'ils ont du travail en moins à faire chez eux. Progressivement avec le travail, les tâches se diversifient et se personnalisent.
Exemples :
- Un élève prépare la présentation d'un oral de bac sur un texte qui a été travaillé uniquement dans un TD collectif.
- Un autre relit un article pour le journal
- Un autre prépare son rôle dans le prochain conseil...

C. Le travail individuel accompli durant le TI profite au groupe
La plupart des travaux réalisés en TI sont assortis d'une présentation à la classe.
Le plan de travail ne réunit donc pas uniquement des tâches d'entraînement individuel.

Quelle place à la liberté ? Quelle émancipation ?
La question de la matérialisation des activités libres sur le document du plan de travail.
Placer une case « travail libre »  dans la liste des tâches suscite parfois un écueil : les élèves s’en emparent difficilement.  La difficulté est de représenter, pour soi et pour les élèves, l’intégralité du travail à faire comme un espace de liberté dans lequel on chemine librement.

Témoignages et questions dans l'atelier (prise de notes sur les deux séances)

Antoine : Quels écueils rencontre-t-on dans une séance de plan de travail ?
Cécile (espagnol, classe coop, lycée): le bruit, l’instabilité du groupe
Proposition de solution : réfléchir aux côtés pratiques de la mise en place, et changer des aspects qui peuvent paraître modestes mais agissent sur le travail.
Exemple : un passeport à l’aide, outil transposable du premier au second degré, demandes d’aide matérialisées et empilées sur le bureau, en attente pour obtenir une aide. « Qui peut m’aider ? »

Pour adopter des outils, on a besoin de les manipuler pour voir si on peut se les approprier et les exploiter.

Marion (Marseille, collège, histoire-géo) sur la question du bruit : il faut travailler sur sa représentation de la nuisance générée par le bruit.
Problème de la multiplication des outils : être rigoureux pour penser à les exploiter dans la durée.
Ce qui fait qu’il y a du bruit : quand les élèves ne savent pas quoi faire, quand ils ont besoin d’être rassurés et d’être autorisés pour se lancer dans le travail. Trouver des solutions pour différer : s’asseoir et les regarder se mettre au travail, attendre qu’ils s’y mettent.

Isabelle (collège, latin grec, français) : dans sa pratique, toutes les séances se déroulent en plan de travail et pas seulement une séance périodique. Pour la gestion du bruit, elle instaure une alternance entre temps d’échanges et temps de silence.

Mathieu (région parisienne, Histoire géo, collège, classe coop) : la gestion du bruit en relation avec l’espace.
Sa pratique : tables réunies par blocs, disposées en gros U, très modulables malgré la petitesse de  salle ; activités d’ateliers => éviter les mouvements inutiles et faciliter les interactions. Un élève  s’installe à une table lorsqu’il participe à l’activité prévue à cette table. Possibilité de chercher d’autres espaces : aller dans le couloir, en salle info. Besoins plus ciblés, classe plus apaisée.

Son organisation de la semaine : un moment pour les présentations, le reste de la semaine en TI /ateliers.

Juliette (histoire géo, collège lycée Belgique). Explication sur la désignation des différents temps : TA = Travail Autonome (travaux de groupes et Travail Individualisé)
Sa pratique : brouhaha au début d’une heure => les élèves se sont apaisés en se mettant au travail sur d’autres disciplines, avec l’accord de la prof.

Eve (anglais, lycée, Carpentras) Sa pratique : deux ans en pédagogie Freinet, commence par de petits outils.
Sa demande : qu’est-ce qu’un plan de travail ?
Réponse : liste de tâches comprenant des travaux obligatoires, travaux individuels, projets personnels, temps de bilan

Bénédicte (Isère, français, collège) Sa pratique : plan de travail sur trois semaines, liste de tâches prescrites par l’enseignant  = quelle émancipation ?
Écueil : quand un élève n’a pas terminé son activité en plan de travail.
Proposition de l’élève : emmener le travail et finir le travail à la maison.
Autre proposition : alléger la liste des tâches obligatoires. Peu à peu glisser vers autre chose, que les élèves soient partie prenante de l’organisation du travail.

Marie (Bruxelles, collège/lycée) : dans sa pratique du TA, collaboration avec le collègue de math, bloc de deux heures, deux fois par semaine.
Les espaces de travail se répartissent suivant les niveaux de bruit acceptables pour la tâche à accomplir (recherches=> silence, entraide=> chuchotis)

La notion de travaux obligatoires est étonnante aux yeux de Marie : elle les a remplacés par une liste de tâches possibles.
Réponse de Gabrielle (hist. géo, collège) : définition d'un travail obligatoire = obligatoirement fait, mais pas forcément par tout le monde.

Manu (SVT, lycée) : comment mener des activités de recherche totalement libres ?
Réponse de Marion (Marseille, collège, histoire-géo) sur sa pratique : l’activité change tout le temps, l’élève doit expliquer sa démarche qui est ensuite vérifiée par le professeur. Lorsque ça marche, elle lâche.

Lucie (Isère, français, collège) : elle bénéficie d’un libre accès à une salle info accolée à la salle de classe, ce qui a provoqué un usage prioritaire et abusif des ordinateurs, très difficile à redresser en cours d’année.

Claudie, Céline (documentalistes) : Sur la difficulté de la recherche documentaire, ne pas hésiter à chercher la coopération dans le lycée, à pousser la porte du CDI.

Lucie (Isère, français, collège) : dans sa pratique, projet et recherche individuels.
Écueil : une fois que ces travaux sont lancés, grosse masse de travail pour l’enseignant, difficile de tout mettre en valeur, risque d’ennui lors des présentations, disproportion entre le temps passé et la production finale difficile à valoriser.
Réponse de Juliette (histoire géo, collège lycée Belgique) : cycle de conférences, pour valoriser et travailler l’écoute, construire la grille d’analyse de la présentation avec les auditeurs
Calendrier des présentations où les élèves s’inscrivent.
C’est la question du plan de travail collectif : organisation du temps faite avec la classe, nécessité de faire un lien entre le TI et le conseil. La question de l’ennui lors d’un trop long temps de présentations est posée en conseil coopératif.

Jean-Louis (lycée, électrotechnique). Plan de travail paraît difficile à appliquer dans sa discipline.
Réponse de Cécile (classe coop, lycée) : commencer par un choix de tâches modestes.

Marion (Marseille, collège, histoire-géo) : articulation du Plan de Travail avec les autres temps de cours, prolonger, faire fructifier les imprévus qui surviennent.
Sa pratique : quand la charge de travail est trop importante pour l’enseignant, faire lire les travaux par le groupe, afin que tous les travaux aient été lus, mais pas forcément pas l'enseignant.

Importance de ne pas se laisser déborder par la charge de travail. Continuer à vivre en dehors du travail !!!

Isabelle  (collège, latin grec, français) Le plan de travail évite d’imposer le seul chemin du prof, dans une seule progression. Nœud problématique entre les exigences d’un programme et les zones d’enthousiasme des élèves, de l’enseignant.

Gabrielle (hist. géo, collège) : dans sa pratique, en parallèle avec le TI et les choix des élèves, le cours institutionnel est préparé, prêt à être utilisé au cas où. Le plan de travail sert à faire émerger ce que l’élève a envie de savoir
Qu’est-ce que je sais déjà sur [le thème du travail] ? Qu’est-ce que j’ai envie de savoir ?
 
Manu (SVT) : comment faire pour mettre en place un TI durant une heure et demie hebdomadaire ? Est-ce que lancer une recherche sur une question commune (ou pas) est l’amorce d’un plan de travail ?
Réponses :
- Répartir le temps proportionnellement en dégageant une séance périodique de TI tous les 15 jours par exemple.
- Cette activité en elle-même peut être l’amorce d’un plan de travail, mais se rapproche plutôt de la recherche libre.

Mathieu (île de France, hist géo  collège) : ne pas forcément utiliser tous les outils. En soi, un outil est neutre et dépend des convictions et des priorités qui guident la pratique.
 
Sophie (Marseille, lycée, français) : variété des postures à l’égard du plan de travail ; chacun cherche une sorte de mode d’emploi alors que ça se bricole.

[ fin de la discussion dans l’atelier du mercredi 23 ; début de la discussion de l’atelier du jeudi 24 août]

Sybille (île de France, formatrice en FLE, trois heures/ semaine avec adultes, alpha et débutants) : Quelle répartition du temps entre différentes séances ? Comment produire un retour sur les travaux ?
Réponse de Stéphanie (Nantes, lycée, français) : durant le TI disponibilité de l’enseignant immédiate, variété des tâches avec notamment des travaux autocorrectifs qui libèrent du temps du prof et entraînent les élèves. + suivi grâce au travail rendu en fin de séance.

Comment faire des bilans sur le travail ?

Anne Josée, (Nantes, lycée, français) : validation en cours de séance. La question est posée : « qui se sent capable de valider telle compétence ? » Et l’élève qui a validé la compétence devient référent, personne ressource. Par exemple  sur la rédaction d’une introduction, le temps d’une séance.

Anaïs, (collège, français) : Est-il possible de continuer à la maison  un travail inachevé en plan de travail ?
Réponse de Gabrielle (histoire géo, collège) : si l’élève demande, oui, il continue.

Réponse de Delphine (Yvelines, Histoire géo) : lorsque le travail est fait à la maison, souvent il n’est pas fait par l’élève.
Stress des élèves au début : est-ce que j’aurai assez de temps ? Et finalement, prise de conscience du temps nécessaire ; les élèves se sentent rassurés petit à petit.

Esther : le souci de la temporalité. Que faire quand le travail est inachevé, non fait ? Le contrat, liste des tâches, pose la question de la contrainte du temps.
Sa pratique : le document du plan de travail précisait la nature des tâches (différents objets d’étude, modalités d’expression proposées par le professeur) mais au final le travail réalisé avait peu de rapport avec les autres temps de la classe à cause d'un fléchage excessif : ce fléchage a disparu pour rétablir une interaction avec les autres temps.

Faut-il fixer des périodes, des périodes de recherches ? quid de la transmission à  la classe ? de l’évaluation ?

Florence (SVT, Dunkerque) : Si on propose à un élève un thème tel que la digestion, (comment l’animal digère ?), est-ce un plan de travail ?
Quand ils ont fini, que font-ils ?
Réponse de Gabrielle (histoire géo, collège) : pour en faire un plan de travail, on peut choisir l’animal dans une liste, proposer de compléter la liste, demander à l'élève ce qu'il compte faire et quand il pense que la tâche sera finie.

Catherine : TI = temps d’entraînement et de recherche libre : individualisation, programmation, prise en charge d’un travail. Le travail est fait pour devenir un savoir de la classe une fois présenté.

Agnès demande à voir un plan de travail collectif.  Gabrielle en présente un.
L'élève choisit son travail : thème et échéance. Travail avec des stickers collés par l’élève sur un affichage collectif

 Arnold (techno, CLEF, Collège Freinet de la Ciotat) projette le plan de travail utilisé auprès de groupes mêlant des élèves de plusieurs niveaux. Les enseignants suivent un groupe d’élèves à l’année et accompagnent le TI pluridisciplinaire.

Stéphanie (Nantes, lycée, français) rapporte une réflexion menée dans le groupe second degré du GD  44 (Groupe Départemental) : pas d’aller et retour suffisant entre travail individuel et collectif. Volonté que les élèves s’impliquent dans le travail. Résolution : proposer une démarche commune dans leurs classes et voir ensuite ensemble ce que ça donne.
Présenter une séquence sous la forme d’un plan de travail : à la fin de la séquence, voilà les connaissances qui doivent être acquises.
Ressenti en collège : les collègues trouvent l’expérience positive.
Au lycée, jugement plus nuancé sur l’implication des élèves.

Mais les temps de questionnement entre enseignants ont été fructueux.
Résolution maintenue : à chaque séquence, associer les travaux individuels à une transmission à la classe. Éviter l’écueil du travail individuel seulement pour soi.

Arnold (techno, CLEF, Collège Freinet de la Ciotat): les présentations à la classe sont l’objectif principal du travail, sinon le travail n’a pas de sens.
Le texte libre est très prisé en TI, parce qu’il paraît plus facile.

Françoise (île de France, retraitée du 1er degré, intervenant en FLE) :
En primaire, les activités libres (nommées différemment sur le plan de travail) sont choisies volontiers par les enfants.
La question essentielle :  pourquoi le plan de travail ? Programmer le travail ou plutôt, ouvrir un chemin.

Arnold (techno, CLEF, Collège Freinet de la Ciotat): les initiatives des élèves nous effraient de prime abord, alors que ce sont des occasions de travail fructueuses.

Agnès : comment faire que tout le monde présente quelque chose ?
Des réponses :
Tout le monde ne présente pas forcément quelque chose.
Au fil de l’année, les occasions diverses permettent à chacun de présenter quelque chose.

Lucile (musique, collège, 1 heure/semaine) :Comment mettre en place un TI dans un contexte si contraint ?
Mise en place plus étalée dans le temps.

 

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