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L. : Il est important de tenir compte du fait que l’image est forcément un parti pris. On ne voit dans cet extrait que les choses qui fonctionnent bien pour expliquer un processus.
Mais ça ne marche pas toujours comme ça.
Vers la fin du film, le moment de « conseil » peut être matière à discussion.

S.L. a été marqué par le sourire des enfants et la fierté de leur travail. Ils nous montrent tout de suite leurs cahiers, leurs plans de travail. Si le travail est choisi, qu’il y a un investissement, il y a une recherche de qualité.
Il faut être fier de son travail, indépendamment de la note.
L’instit dit « j’apporte les moyens pour travailler », l’enfant va aller choisir dans la classe parmi les outils ceux dont il a besoin, le rôle de l’enseignant est de mettre le plus de moyens à disposition des enfants.

E. : Sophie a lutté pour instaurer ce fonctionnement dans l’école, elle est marginalisée par rapport à ses collègues, elle peut utiliser d’autres espaces (dojo, couloirs).
Elle parle clairement de ce choix des images.
Elle parle pour répondre à la demande institutionnelle, ce qui fait partie de ses difficultés.

S.V. : c’est inscrit dans les nouveaux programmes y compris dans le second degré de ne plus recourir à la note, même si on est dans une société individualiste où on place les enfants les uns par rapport aux autres.
Il y a des choses qu’on peut montrer, des études sérieuses qui montrent qu’on n’est pas obligés de noter, c’est un travail à faire avec les familles et les collègues.

S.L. : le problème dans un collège, avec le logiciel Pronote, c’est de ne pas pouvoir mettre une classe sans et avec notes (c’est tout ou rien). Selon les matières, ça a l’air très compliqué d’évaluer par compétences, qui sont parfois très floues.
C’est très compliqué en collège.
Michel lui avait conseillé de tout noter, ce qui affine et lisse un peu.

S.L. a peur de la subjectivité de la note. C’est difficile parce que vous êtes très nombreux et ne fonctionnez pas de la même manière.

S.L. : et il y a des collègues qui ne se posent pas de question.

C.De. a découvert le logiciel ATHENA utilisé dans les écoles démocratiques (1er et 2nd degré hors contrat) qui permet de répondre à la demande institutionnelle en cochant les compétences selon le suivi des élèves et fonctionne très bien.

L. : on se soucie de rendre des comptes à l’institution et aux familles et pas de rendre des comptes aux enfants qui sont les premiers concernés, premiers notés, parfois pour toute leur vie.
Lorsque le groupe départemental 06 est intervenu à l’ESPE, l’institution lui a demandé de noter les stagiaires, ce qui lui a paru hors de propos. Ils ont décidé de mettre à tous la note maximum, sans forcément réussir à se mettre d’accord sur ce sujet avec les autres associations partenaires.

S.V. : on est tous sur la même longueur d’ondes, on a un cursus universitaire, mais ça l’inquiète d’entendre des professeurs qui ne voient même pas où est le problème, ne remettent pas du tout en compte l’institution alors qu’ils ont un certain niveau de réflexion et du temps pour réfléchir à leur métier.

S.L. : En trois ans de stage, il en connait très peu qui ont une volonté de continuer à se former, mais les formations sont tellement « nazes » qu’ils n’ont pas envie de perdre leur temps. Il n’y a pas tant de professeurs qui ont la vocation d’enseigner.
Ce ne sont pas forcément les moins bons.
Pour revenir sur les notes, on ne mesure pas suffisamment les effets catastrophiques des notes sur les enfants, qui défoncent l’estime d’eux-mêmes. Ce sont des gens qui ne sont pas souvent du même milieu social que les professeurs.
Ceux qui aiment les notes sont ceux qui ont de bonnes notes. Souvent les personnes des classes dirigeantes ont eu de bonnes notes. Matériellement, s’il voulait ne pas mettre de note, il y aurait un blanc.
Par contre, il investit l’appréciation.
Le milieu enseignant moyen est très conservateur en termes de pratiques.

S.L.
revient sur les difficultés que nous rencontrons, nous enseignants.
Il n’y a pas forcément plus de difficultés pour les enseignants « traditionnels » mais ce ne sont pas les mêmes.
Il y a un taux de divorce et de suicides pas moins élevé dans le système traditionnel.
Le plus difficile est de sortir de notre zone de confort.
Il y a des différences liées au temps qui passe, aux époques qui changent, par exemple sur les questions sécuritaires actuelles.
Il n’y a pas tant de personnes qui croient en la note, mais elles ne connaissent que ça.

B. : a l’impression que plus le niveau de recrutement monte, plus la formation baisse. À l’ICEM, on est très très nombreux à avoir fait autre chose avant, à avoir eu une autre carrière et à avoir une réflexion différente.

E. a passé une semaine à l’ESEN, où il y avait des IPR, des inspecteurs généraux, tout le monde est convaincu par l’efficacité des pédagogies coopératives, c’est l’évidence, ils savent très bien vers quoi aller, le recommandent, mais l’information n’arrive pas aux enseignants. Concernant les systèmes d’évaluation, ils sont aussi paumés que nous.
Les textes ne nous obligent pas à utiliser les outils tels que le LSUN et PRONOTE.

C.H. : le LSUN est maintenant obligatoire selon les textes.

E. a un ami enseignant à l’ESPE, mais comme le métier n’est pas du tout attractif à cause du salaire, il n’y a que quelques enseignants qui ont une vocation mais le niveau de recrutement des autres est excessivement faible.
Avec un niveau très bas, a-t-on envie de se lancer dans la recherche ?

A.C. : par rapport à l’intervention d’E., en conseil de cycle 3 les inspecteurs nous demandent de produire des supports d’évaluation, de suivi de l’élève.
Pourquoi les membres de l’ICEM, des groupes départementaux et régionaux ne proposeraient pas des documents bien construits, clairs, crédibles ?

E. : on peut les proposer sur Eduscol, où il y a déjà des outils très intéressants.

A.C. : mais comment évaluer les pratiques ?

C. De. : dans certaines écoles internationales à l’étranger surtout américaines, elle a vu des pratiques qui l’ont inspirée mais semblent demander un grand investissement. L’élève présente son propre livret à l’ensemble de la classe et à ses parents, ses points de force et de faiblesse à chaque fin de période.

V. : ça existe chez nous (ICEM) sous le terme de portfolio.

B. : ça rejoint le risque de dévoiement par les patrons de nos pratiques.

S.B. voulait parler de l’évaluation, qu’on y réfléchisse, car elle ne pense pas que l’évaluation par compétences soit la panacée.
L’étude de Nico Hirtt montre, à partir de PISA, que l’évaluation par compétences revient à évaluer par employabilité.
Actuellement au CP à la 3e, le LSUN est un fichier numérique qui va nous suivre un nombre inconnu d’années, on ne sait pas vraiment ce que ça va devenir.

C.H.: les parents peuvent s’y opposer.

S.B. et B. : il y a un appel à le boycotter, initié par l’ICEM, relayé par des syndicats et le CNRBE.
Après on a une obligation d’évaluation, à nous de chercher celle qui permet de rendre compte aux enfants, aux familles, et qui fasse le moins de mal aux enfants.