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Quelles sont les définitions, comment mettre en place l’autonomie (matérielle) de l’enfant ?

Pour C.H., l’autonomie ce n’est pas « mettre des enfants en autonomie ».

S.V.: c’est plutôt se prendre en charge.

C.H. : c’est avoir le pouvoir de décider.

C.Da.: c’est accéder à des valeurs communes.

P.H. : c’est la volonté de se prendre en charge, de prendre en charge ses besoins, sans déranger les autres.
On n’en est pas tous au même stade, on n’a pas toujours la même classe, et on a parfois besoin d’un moment où on a besoin de ne pas être dérangé pendant qu’on travaille avec un petit groupe.
C’est aussi un « travail en autonomie ».
Comme disait Sacha, plus on veut donner de liberté plus on doit expliciter les barrières.
On a besoin de donner les clés aux enfants, ce qui nécessite du temps pendant lequel les autres enfants n’ont pas besoin de demander de l’aide à l’enseignant.
Très souvent on a été dans l’implicite parce qu’en tant qu’enseignant on était de bons élèves, et on attend des enfants qu’il en soit de même.

E. : avec l’autonomie, cela permet de développer la prise d’initiative. Un élève qui sait être seul et tranquille ne sait pas forcément être autonome.
Leur personnalité s’exprime beaucoup plus que dans des classes où ce n’est pas permis.
Ils testent les limites mais aussi entreprennent dans ce nouveau champ des possibles.

A.C. : un élève doit savoir ce qu’il doit faire, de quels outils il a besoin, s’il peut se déplacer ou pas, à priori il peut se débrouiller tout seul.

E. : tout seul ou à plusieurs.

C.H.: on peut être autonome à plusieurs.

E. : par exemple, pour ranger leur classeur, ils décident de le faire en dehors de la classe.
Ce sont des choses qui ne se font pas dans les autres classes.

C.Da. : rien n’empêche, au début, de leur donner des exemples de ce qu’il est possible de faire en autonomie.

L.J. : on lui a conseillé d’écrire sur le tableau des icônes du travail à expliquer avec les enfants le matin, et quand ils demandaient ce qu’il y a à faire, elle leur demandait de s’y référer.
Ils ont parfois du mal à savoir ce qu’ils peuvent faire.

C.H. pense que le fonctionnement décrit par L.J. ne ressemble pas à celui d’une « classe Freinet ».

N. n’est pas d’accord, des enfants peuvent avoir besoin d’être rassurés y compris dans les classes Freinet.

A.C. : il y a aussi des élèves qui demandent s’ils peuvent aller faire une création d’arts plastiques, selon le temps qui reste. Les activités ne nécessitent pas toutes le même temps.

P.H. : c’est important qu’il y ait de l’explicite.
Il y a des classes qui en ont plus ou moins besoin, il faut faire très attention à ce que chacun se sente en sécurité, on doit faire très attention en tant qu’adulte-enseignant de ne pas se mettre en danger dans notre pratique de la classe.
Ce qui compte est la manière dont on va demander aux enfants de prendre en charge certaines choses, l’état d’esprit, la possibilité de créer, coopérer, expérimenter.
On arrive avec ce qu’on est et les enfants dont on a la charge.
Les outils mis en place changent, il n’y a pas un profil de classe type.

N. : pour être dans la même classe depuis longtemps, peut témoigner que le fonctionnement ne va pas de soi, bien qu’elle garde 2/3 de classe chaque année.
Il y a nécessité d’expliciter le fonctionnement de la classe, de réexpliquer le fonctionnement des outils mis à disposition, sinon on se retrouve à en perdre le sens.

V.T. : c’est à la fois explicite et sécurisant pour l’enfant.

A.S. : aimerait avoir des exemples d’activités en autonomie.
Dans sa classe, quand ils ont terminé des exercices de grammaire, ils ont un temps de travail autonome pendant lequel ils peuvent se déplacer mais il n’y a pas beaucoup d’espace, ces activités doivent être peu sonores.

L. : on peut prendre un temps pendant le conseil pour que les enfants proposent ce qu’ils aimeraient faire pendant ce temps-là.

A.S. : quel matériel peut-on prévoir ?

A.C. : des cure-dents et du scotch ! (eh oui, cet atelier « autonomie » a eu lieu le lendemain de l’atelier tatex !)

L. et A.C. : l’autonomie n’est pas une activité.
Si tu t’engages dans ce parcours, il faut accepter de te tromper, d’apprendre de tes erreurs (et les enfants aussi).
Tout le pouvoir de décision dont on dispose, on peut s’en décharger en partie (dévolution), partager la responsabilité de la mise en œuvre des activités choisies, par les enfants, avec les enfants.

A.S. : les choses qu’on nous apprend en formation, l’utilisation de cahiers d’autonomie par exemple, ça ne peut pas être que ça en pédagogie Freinet.
C’est dans le fonctionnement lui-même qu’il y a mise en autonomie, il n’y a pas forcément nécessité d’activités d’autonomie d’appoint.

N. : il faut aussi se laisser le temps d’expérimenter, ouvrir les espaces petit à petit. Il y a 12 ans, quand elle a découvert la pédagogie Freinet lors d’un stage en avril, il restait trois mois avant la fin de l’année scolaire.
Elle s’est rendu compte que dans son fonctionnement traditionnel les activités proposées l’après-midi étaient du temps perdu (fin des exercices du matin…) et a laissé ces plages pour du travail individuel (environ 3 fois 1 heure).
En conseil, ils ont fait la liste des possibles (écrire un texte, utiliser un logiciel, arts visuels, jeux de société, lecture, recherches pour exposés…) qui étaient affichées.

C.H. : c’est un peu difficile de trouver des activités occupationnelles, mais peut-être commencer à réfléchir à quels fonctionnements mettre en place. Cela dépend des classes, des enseignants précédents, de la manière dont les changements sont perçus par les enfants. Il faut y aller très progressivement.
Dans une classe qui n’y est pas habituée c’est difficile de mettre en place ces pratiques qui fonctionnent dans des classes où la pédagogie Freinet a cours depuis longtemps.

C.Da. : « travailler avec les enfants ce n’est pas remplir une coupe c’est allumer un feu ».
Si tu leur fais faire n’importe quelle activité, elle va toucher à toutes les compétences. Il ne faut pas hésiter à faire confiance aux enfants. Leur demander ce qu’ils en pensent, c’est important pour eux et ça leur reste.

E. : Ce n’est pas évident par rapport aux parents qui arrivent avec leur vécu scolaire et celui de leurs enfants, qui regardent ce qui se passe dans la classe.
Le rapport aux activités qui sortent de la classe est compliqué. Les enfants demandent à être rassurés parce qu’ils n’ont pas forcément cette possibilité d’avoir prise sur ces activités ni chez eux ni à dans l’ensemble de leur parcours scolaire.

L. : avant de le faire, il faut se sentir prêt à poser la question aux enfants de la prise en charge de ces ateliers par l’ensemble de la classe à travers son organisation, et être prêt à accepter un champs plus vaste d’activités possibles, de matériels possibles, ouvrir des portes. Il pense à l’activité bricolage, avec du matériel rapporté par les enfants eux-mêmes en fonction de leurs projets.
On peut, on doit aussi prévoir du matériel soi-même : carton, chutes de bois, colle vinylique, coton, bouchons, pailles, cure-dents, bâtonnets, petit outillage… utiliser des fiches bricolage (par exemple celles de Jmagazine).

A. : ils peuvent bricoler avec tout (faire des origamis par exemple).
Dans mon école, pendant la récré ils font des clubs (origami, informatique, photocopie…).
Il faut faire partie du club, il y a un nombre limité d’élèves, le responsable du club est responsable de l’activité.
Mais sa classe est facile d’accès car elle donne directement dans la cour ; ça peut être plus compliqué si elle est à l’étage.

P.H. : quand on veut essayer des choses, il faut se sentir en capacité de le faire, sentir la classe, cerner l’activité.
Pendant les APC (Activités Pédagogiques Complémentaires), elle expérimente des choses avec des petits groupes qui en avaient envie puisque c’est possible avec ce disposotif. Elle s’est aperçue que ça leur ouvrait des perspectives.
Ce n’est pas le matériel qui fait la pédagogie Freinet, mais il est fabriqué par des enseignants et élèves Freinet dans le but d’aider au fonctionnement de la classe.
Ces fichiers permettent de travailler en autonomie, quand un groupe est formé à l’utiliser, il peut former d’autres enfants, et cela permet de travailler avec un petit groupe pendant que les autres travaillent seuls à leur rythme.
Ça peut permettre de se rassurer, de se rendre compte que les enfants progressent, et ça libère du temps à l’enseignant pour faire autre chose.

A. : un avantage de ces fichiers est qu’il n’y a pas de consigne écrite, il faut comprendre le recto pour pouvoir faire le verso.

P.H. : Il y a des plans de fichier pour s’aider à s’organiser, pour que l’enfant pointe au fur et à mesure ce qu’il a fait.

C.H. : c’était certainement très utile d’utiliser l’autocorrection à l’époque des classes avec 40 élèves.
Avec un moindre effectif, il préfère corriger lui-même systématiquement, ce qui lui permet de mieux connaître les élèves.
Il préfère faire écrire la réponse à la question dans le cahier que le système avec le plan où il faut cocher d’une croix.

P.H. : c’est important de rencontrer des gens qui fonctionnent de différentes façons, de trouver celui qui nous correspond, de faire des allers et retours, d’où la nécessité de rejoindre un groupe départemental.

N. : l’autocorrection permet aux enfants de continuer leur travail sans attendre l’enseignant, et elle vérifie le soir, ce qui lui permet de savoir où en est chaque enfant.

A. : corriger en direct permet aussi d’aider tout de suite.
Les deux fonctionnements sont intéressants.

P.H. : le temps dont on dispose a son importance.
On n’a pas toujours le temps de corriger chaque soir, ce qui n’empêche pas que des choses se passent, et on peut reprendre à un autre moment.
Il y a des choses qu’on loupe, et ça peut permettre d’avancer sur d’autres choses.
Il faut se laisser des outils pour se simplifier les tâches.

A. : certains élèves peuvent être en autocorrection et d’autres pas.
On s’adapte à chaque situation.

P.H. : il est nécessaire de ne pas rester seul, d’en parler avec d’autres praticiens… notamment en groupe départemental.

S.V. : praticiens qui peuvent te montrer tout ce qui se passe de positif.
Ce qu’on ressent n’est pas forcément la réalité, elle s’en est rendue compte quand des enseignants sont venus visiter sa classe.
La liberté s’apprend tout petit, l’autonomie implique une responsabilité qui s’acquière.
On peut être entre les deux quand on est remplaçant, quand on est dans une équipe qui a un fonctionnement très différent.
La structure de classe peut aussi induire des restrictions.

L. : c’est important de leur dire ce sur quoi ils ne peuvent pas prendre de décisions et pourquoi, par exemple : « les autres enseignants ne sont pas d’accord, et existe un conseil des maitres qui a pouvoir de décision».

V.T. : avec sa classe les enfants ont souvent la possibilité de s’installer dans les couloirs, par terre.
On s’aperçoit que c’est une chance.