Mattéo et le dessin

Par Katina Iérémiadis le 12/03/10 - 13:53

Mattéo et le dessin

Dans sa démarche, le dessin occupe une place centrale et a une fonction décisive : le dessin (mais aussi l’écriture) semble être chez lui un besoin vital pour s’exprimer (messages de colère, messages de réconciliation et d’amour, adressés aux membres de la famille). Le dessin lui permet souvent d’exprimer ce qu’il ne peut pas dire autrement, mais également de conserver la trace de son vécu et de ses rêveries.
Il prend très tôt l’habitude, lorsqu’il écoute une émission de radio ou de télévision, de croquer les situations décrites et d’en inventer des prolongements. C’est le cas pour le « train de Panama », thème récurrent né de l’écoute d’une émission de radio sur le creusement du Canal de Panama.

La loco de Panama

La quantité et la diversité de sa production graphique témoignent d’une sorte de quête infinie, qui prend la forme de séries, comme pour approfondir chaque fois un peu plus le sujet. Mattéo dessine pratiquement chaque jour. Son appétit graphique le pousse à investir toutes sortes de supports (feuilles libres, cahiers, carnets de dessin, etc.).

Croquis de carnet

Ses dessins sont très souvent accompagnés d’une légende parce qu’ils racontent des histoires. Il aime dicter à l’adulte ces légendes mais en sachant lire et écrire, il a pris en main cette tâche. Cette phase de transition est marquée par l’apparition progressive d’onomatopées, d’éléments de ponctuation pour traduire l’interrogation, l’étonnement, puis la présence de bulles et de petits textes. Pour un même sujet, il a parfois recours à une succession d’images, soit pour traduire la temporalité, soit pour approfondir ses explications et communiquer sa pensée (création de plans successifs, points de vue de plus en plus détaillés). Ces éléments textuels ont une vocation descriptive et explicative, car Mattéo a toujours aimé communiquer ses pensées auprès des adultes et de ses pairs. La forme des tracés est assez révélatrice de cette volonté de décrire, de représenter le fonctionnement des choses de façon la plus objective possible : tracés épurés, le plus souvent monochromes, très souvent complétés par des flèches et autres indications comme des petits traits, des traces de crayon frotté. Ceux-ci permettent de traduire le mouvement et la circulation des différents éléments présents : éléments naturels (air, eau, fumée, lave, etc.) ; éléments mécaniques (tuyaux, boutons, horloge et thermostats, pistons, roues dentées, etc.).

Instruments de musique

Lorsque l’on prend le temps de compulser sa collection de dessins, on s’aperçoit que Mattéo aime faire évoluer ses machines qu’il dessine le plus souvent dans un environnement bien défini. Ses machines sont entourées d’êtres vivants qui les actionnent ou qui font partie du décor. Ses dessins de machines connaissent des déclinaisons multiples mais ils témoignent de son attachement à l’égard de certaines en particulier, comme par exemple : les galions et les ferries, les volcans, les véhicules volants (hélicoptères, avions, fusées, etc.), le train de Panama, les usines, les caméras et les projecteurs de cinéma.

Mais le dessin, phase primordiale dans son processus de création, survient le plus souvent après ou en même temps que le détournement et la construction d’ objets (Il est aussi très attiré par la production en volume, le modelage et la sculpture). Par exemple, dès l’âge de cinq ans, et ce pendant de longs mois, Mattéo a entrepris de réaliser avec ses moyens un téléphérique. Il n’hésite pas, pour ce faire, à investir une partie de la maison en tendant des fils un peu partout. Son invention se perfectionne peu à peu, par exemple avec la découverte du système des poids et des contre-poids. Et son père l’accompagne dans sa recherche. De même, la trompette à pistons et le cor ont revêtu des formes très variées, à l’aide de tuyaux en plastique et d’entonnoirs, etc. Mattéo adore aussi démonter les machines.