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logo blog CHINE : Pédagogie Freinet en maternelle

Préparer les enfants à des responsabilités

dans une école maternelle Freinet, à Wuhan

 

Cet article relate la démarche proposée par Xiaolu, enseignante à l’école maternelle privée Freinet expérimentale de Wuhan «  la Petite Fourmi » pour éduquer à la responsabilité, ses élèves de 3-4ans. C’est un enjeu important, décalé de la conception et du fonctionnement actuel de l’école publique en Chine, même si celle-ci s’intéressedepuis une dizaine d’années, aux innovations pédagogiques. 

 

En 2010, le mouvement Freinet français (ICEM) a d'abord été sollicité par un groupe de personnes, dont Hu Shayeng, pour aider à la création d'écoles maternelles alternatives (écoles maternelles Freinet) et les accompagner dans le processus de reconnaissance au niveau international à Hangzhou.

Etant membre de L’Institut Coopératif de l’Ecole Moderne, j’ai été sollicitée par l’équipe de Wuhan, déjà engagée sur le chemin de la Pédagogie Freinet, pour poursuivre leur formation et leur réflexion.

   

 

Ouverte depuis la rentrée de septembre 2016, « La Petite Fourmi » est la première école maternelle privée Freinet de Wuhan. Elle a été accompagnée dans sa création par l’ICEM, en particulier Olivier Francommequi en est le Directeur international.  Les familles ont choisi cette école privée car elles sont demandeuses d’établissements aux pédagogies alternatives. Les 46 élèves se répartissent en deux classes. Xiaolu est responsable de la Petite section et quelques jeunes moyens avec un effectif de 25 enfants. Elle est secondée par Mme Hu l’assistante maternelle et Mumu l’assistante enseignante.

La journée démarre par un « Quoi de neuf » et se termine par un temps de présentation, soit de travaux réalisés dans la journée, soit d’objets apportés de la maison.

Depuis le début de l’année, afin d’engager les jeunes enfants sur la notion de responsabilité, Xiaolu met en place les « métiers », un par un. La démarche est toujours la même. 

 

Tout d’abord, les trois adultes se réunissent pour réfléchir sur le métier à mettre en place : En quoi cela consiste, les tâches à accomplir, les compétences nécessaires pour pouvoir l’exercer, les obstacles possibles à la compréhension des consignes, le rôle de chacune dans la guidance, et l’accompagnement. Elles tentent d’anticiper les propositions des enfants, les données utiles pour observer la mise au travail, la mobilisation des élèves.

Le processus est nouveau, l’équipe tâtonne, coopère. Elle est prise entre la volonté d’accueillir les propositions des enfants sans trop intervenir et le besoin de se rassurer, d’être certaine que l’enfant mettra du sens derrière la notion de responsabilité.

 

Ensuite, lors de la réunion hebdomadaire du « Conseil », la même introspection se fait avec les enfants. Chaque Conseil dure 20 minutes. Xiaolu prévoit parfois un second Conseil dans la semaine quand le sujet n’est pas clos.

 

Les responsabilités :

 

Être responsable de l’accueil :C’est s’engager à être là à l’ouverture de l’école, installer des jeux sur les tables, veiller à ce que les camarades s’inscrivent dans le tableau des présences ou pour les ateliers libres de l’après midi...

Être responsable du goûter, c’est être capable de s’organiser à deux, vérifier le nombre de présents, repérer le temps sur la pendule, préparer les ingrédients achetés par l’école, distribuer dans le calme, débarrasser...

 

      

 

Au cours de ces échanges, le groupe classe se met d’accord sur la tâche. Les enfants se sentant prêts à l’effectuer se proposent, un choix se fait. La responsabilité se tient sur un mois.

 

Un contrat est signé par l’enseignante, l’enfant et les parents. De ce fait, cet engagement responsabilise aussi les parents qui ne manquent pas d’arriver à l’heure par exemple. Il faut savoir que le temps d’accueil se situe  entre 8h et 9h, mais que la tendance à arriver plus tard était encore fréquente l’an dernier. 

Un climat plus confiant avec l’école s’est installé. Les parents apprécient en particulier le fait que ce contrat soit réalisé avec leurs enfants. Certain ont même repris l’idée des responsabilités, à la maison. 

 

Ainsi, l’apprentissage de la vie en société prépare l’enfant à prendre sa vie en main.  Rien qu’au travers de quelques métiers l’enfant se socialise, devient un sujet auteur de ses apprentissages. En réfléchissant par soi-même au sein d’une communauté, il comprend le sens de ce qu’il fait.  Il est reconnu dans sa parole, se sent respecté, peut faire des connexions, enrichir son vocabulaire et sa pensée.

 

Xiaolu explore avec son groupe la base d’une participation démocratique, où les besoins de l’enfant sont pris en compte, besoin de s’exprimer, d’être respecté,  d’être reconnu, de sentir que sa contribution personnelle a de l’importance et qu’elle participe à la vie de la classe. Confiant au sein du groupe, l’enfant s’approprie avec sérieux la responsabilité confiée.

 

     

 

Au travers de ce témoignage d’une expérience professionnelle réfléchie, j’ai voulu rendre hommage à  Xiaolu, qui, dans une posture de praticienne chercheuse, s’est engagée sur le chemin de la Pédagogie Freinet. Son action pédagogique favorise les conditions  pour que les élèves expérimentent personnellement et collectivement une vie de classe riche en apprentissages. 

C’est un élément moteur dans l’école qui est amenée à devenir une école Centre de formation pour d’autres enseignants. 

Elle est déjà allée en France, faire un stage dans la classe de Christian Rousseau. Elle a aussi été l’une des premières à participer à des stages organisés à Hangzhou en 2014 !

 

Aussi, au delà de ses doutes, je l’encourage vivement à cheminer vers la formation d’adultes.

 

 

Chantal B

Wuhan, avril 2018