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Une pratique un outil: le carnet de bord - boîtes à sourires, boîtes à soupir

 

Tout commence le mercredi 12 septembre, par une présentation générale de l'année scolaire de terminale. Notre groupe de travail est toujours le même, renforcée par la présence d'un redoublant, qui nous apportera une expérience différente, au cours de l’année, mais aussi une nouvelle professeur, passionnée d'arts, animatrice de théâtre.
Après une rapide présentation de notre programme, des œuvres à lire et des spectacles à voir (...) Dominique (professeur) nous propose de nous présenter chacun à notre tour sur une phrase type : “ Moi, c'est Marie, j'habite pas très loin d'ici au Muy. En ce qui concerne le théâtre, cet été, je suis allée à Aurillac, au festival de théâtre de rue ; j'ai aimé la rencontre public comédien”. J'ai apprécié cette mise en condition collective qui a permis d'enlever le “ mur de briques ” de timidité, de gêne, reconstruit au cours des deux mois de vacances.(...)

Le jeudi 27 Septembre, à 14 heures, nous arrivons au théâtre municipal pour assister à une répétition de danse. Chorégraphe: Pascal Montrouge -jeune homme énergique, amoureux de son de métier, de son art, protecteur à l'égard de ses danseurs- nous enchante au fil des heures. Nous avons la chance d'être présents a un moment où le son et la lumière sont au rendez-vous, donnant plus de force à la danse. Entre deux sauts (...), Pascal répond à nos questions, toujours souriant. L'ambiance est simple, pourtant puissante. Nous regardons avec envie et peut-être admiration ces danseurs fous, si dynamiques, si poétiques, Nous repartons assez remués , émerveillés encore pour quelques heures....

Jeudi 4 octobre (...)
Dans la deuxième partie de l'après-midi, on doit interpréter un personnage totalement inventé avec pour seule consigne : “ seul sur scène, habillé de costumes ”. j'ai enfilé une tunique en voile rosé, j’ai noué un tissu bariolé autour du buste et accroché autour de la tête une lampe de spéléologue à l'envers . je me suis transformée en folle échappée de l'asile. Les questions commencent :
Fred : Qui es-tu ?
Moi : Une princesse (je montre ma robe).
Fred : Tu es où ?
Moi : (mutisme)
Fred :.Alors ?
Moi: Au parc.
Et cela continue pendant dix minutes. Tantôt je réponds calmement, tantôt je me renferme sur moi-même, ne parlant plus. Fred me reproche mon silence facile, fou = mutisme. Il me fait remarquer cependant que j'étais beaucoup plus extravertie que l'année passée. Comme si cette folle m'avait ouvert le chemin au monde théâtral, que je croyais fermé pour moi. J'ai énormément apprécié ce travail, presque un travail sur soi, recherchant nos peurs et nos rêves cachés, notre envie cette fois-ci de “ disjoncter ”. Je laisse mon inconscient l'emporter,

Le jeudi 11 octobre : répétition de la Nuit des Rois (Shakespeare) par Agnès Regolo, au théâtre. Nous y sommes conviés.
Scène : le début, carnaval de nuit, personnages saouls. Cette magicienne qu’est Agnès m’a encore faite rêver d’être comédienne dans sa troupe. Elle dirige admirablement ses acteurs, avec un mot pour chacun, différent, qui “ colle ” parfaitement à sa personnalité, à sa réceptivité. Les progrès sont rapidement visibles. Une voix normale deviendra très vite grave, rauque, suraiguë... La scène prend forme, elle est refaite une fois, deux, dix. Ferter s’acharne à chanter faux, qu’importe, il recommencera jusqu’à ce que cela tombe juste. Un détail est raté, oublié, et on recommence tout. Les comédiens sont enthousiastes, hypnotisés par les propos du metteur en scène : “ c’est nul, change tout, radicalement ”.
Il nous faut déjà repartir. Il est tard. Chaque répétition nous apporte le point de vue et la manière de travailler d’un metteur en scène. Enrichissant.

Le mercredi 24 octobre, Fred nous propose une “ machine ” sur le thème du théâtre élisabéthain. Mon groupe choisit le “ globe ”, en référence au théâtre qui accueillit Shakespeare. Cela ne marche pas du tout, nous ne sommes pas coordonnés, nous avons chacun une image dans la tête et ne tenons pas compte du reste du groupe. L’autre groupe a nettement mieux réussi, il a choisi la mort dans les différentes œuvres de Shakespeare.
En définitive, Fred trouve que notre imagination est beaucoup plus fructueuse que l’année dernière. Puis nous avons joué une scène de la Nuit des Rois, à deux. J’ai travaillé une scène avec Maria (moi) et Sir Tobie (Damien). Mon personnage est prude, écœuré par l’autre, qui, lui, est un fêtard aviné. Sir Tobie est très bien représenté, dodelinant de la tête, manquant de tomber à chaque pas.
Chez Olivia. Entre Sir Tobie Belch. Entrée fracassante, bruit de carton, une bouteille à la main. Tout au long de la scène, il parlera avec un léger accent, la bouche comme pâteuse.
Sir Tobie : que diantre a donc ma nièce, à prendre ainsi la mort de son frère ? Je suis sûr moi, que (accentuer la phrase) le chagrin est l’ennemi de la vie.

Entre Maria, la tête passée à travers le rideau, une mimique dégoûtée.
Maria : Sur ma parole Sir Tobie, vous devriez venir de meilleure heure le soir ; votre nièce, Madame, critique grandement vos heures indues (excédée, écœurée, se bouchant le nez) .../…

J’ai beaucoup apprécié de jouer avec mon partenaire. Fred nous donne des explications, commente notre jeu: pas de dos au public, faire porter la voix, “ s’extravertir ”, articuler...

Le même jour, expérience de théâtre expérimental. Tout commence par une séance de relaxation. J’aime ces moments de calme, de silence, nos anxiétés s’échappent, nos doutes s’effondrent, on se sent bien, on vogue vers un pays sorti tout droit de notre imagination. On se couche tous, espacés, aucun contact, détendus. Guy (le professeur) nous entraîne dans un tunnel. J’y reste un bon moment, m’habituant à la pénombre. Je remarque tout d’abord ma robe d’un blanc éclatant, dégageant mes épaules, moulant ma taille, tombant sur mes pieds. Puis je découvre le reste du tunnel, de chaque côté, il y a de larges fenêtres, des voiles transparents sont suspendus, voletant sous la brise légère d'une pluie naissante, odeur intime, réconfortante. J'avance doucement, au son d'une musique envoûtante, calme. Petit à petit, je me coupe totalement du monde extérieur. Des clochettes grelottent à chacun de mes pas.
Une lumière apparaît au bout de ce couloir, elle m'appelle, chantant une douce mélodie aux échos ne silence. Je cours jusqu'à elle, dans une course effrénée, empressée. Soudain je suis arrêtée par une couleur jaillissant d'une pièce magnifique: un lit à baldaquin blanc se trouve au centre, les voiles accrochés à son sommet volent à travers toute la salle; au milieu de ce lit je découvre toute mon existence: invisible au regard mais entièrement là avec mes joies mais également mes peines, n’entraînant ni peurs ni tristesse. De derrière le lit M. apparaît. Il est torse nu, avec pour seul vêtement un pantalon de toile, ajusté près de son corps. Il me sourit, d'un sourire sublime, puis rit à en perdre le souffle, tout simplement heureux, d'être là. Un sentiment de bien-être se dégage de cette pièce, m'ensorcelle. Il m'invite dans son imaginaire, vers ses rêves. Le chemin qui y mène est parsemé de pétales doux sous nos pieds nus. Guy ne nous laisse pas le temps d'y accéder
Il nous fait revenir vers le monde réel, dans notre salle de classe, en théâtre, avec tous les autres.

Le jeudi 8 Novembre, c'est un après-midi d'improvisations sur image. Nous sommes trois pour l'exécuter. Notre photo représente en premier plan une vieille dame entourée de marionnettes, au fond un cycliste passe, flou. Pour tout décor, une douche de lumière blanche sur le pantin inanimé. Au fond, ma voix se fait entendre, posée.
Il était une fois, un monde en noir et blanc, triste et froid, morne. Une présence y séjournait, vide, comme morte, inanimée. Un jour, un rayon de soleil l'accosta. (La marionnettiste réveille peu à peu le pantin). Cette chaleur lui donna goût à la vie. La présence tomba amoureuse de ce tendre rayon de soleil. (Le pantin est debout, la marionnettiste le fait sourire). La vie peut enfin commencer. (Elle claque des doigts. Le pantin se réveille en aspirant une bouffée d'air. Il touche lentement sa sauveuse, puis ils disparaissent).
La lumière s’éteint. Fred nous encourage. Il me dit que le conte est dur à jouer, que l'on a bien réussi à lui donner vie...
C'est un moment intense, avec beaucoup de concentration, que j'ai apprécié. (...)

Le 14 novembre est la journée des conseils. Ce fut long mais nécessaire.
Conseils :
- Plus de. réflexion sur la théorie : je ne savais pas que l'on devait faire une analyse sur nos cours d'histoire du théâtre, mais cela paraît alors normal. Je m'y suis mise en recommençant ces compte rendus. Ca me permet de mieux classer mes connaissances et d'avoir un regard critique sur notre travail,
- Analyser le travail de groupe. Je pensais qu'il fallait axer égoïstement notre réflexion sur notre propre travail alors que notre étude concerne l'ensemble du groupe.
-Soigner le style.
- Plus détaillé: il s'agit de retracer nos émotions, nos faiblesses, nos échecs.
- Plus prendre position: c'est un travail personnel et non scolaire.
- Mieux expliquer ce que l'on a en tête clairement, précisément, pour que le lecteur comprenne mieux.
- Faire un travail sur soi: retracer émotions, faiblesses, échecs, réussites, plaisirs...
- Créer des liens entre les choses pour mettre en relation chaque chose, chaque cours, chaque réflexion.
-Réactions sur les interrogations : faire une critique de nos échecs, pour reconstruire de bonnes bases sur nos erreurs, ne plus les refaire, pour progresser.
- Réflexions sur les rencontres : habituel : stages, discussions, rencontres avec les metteurs en scène.

 

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