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Une pratique un outil: le carnet de bord - boîtes à sourires, boîtes à soupir

 

Le carnet de bord contient différentes parties évoluant sur une base identique pour chacune. Il est programmé sur trois trimestres et se compose de trois volets principaux :
- la théorie qui comprend les cours d’histoire du théâtre donnés par nos professeurs, une recherche personnelle et plus approfondie sur l’histoire du théâtre, et des textes d’auteurs étudiés en cours.
- la pratique est composée essentiellement :
- de comptes-rendus des séances pratiques, écrites après chaque séance en cours : nous donnons alors notre point de vue sur le travail individuel et de groupe.
- de comptes-rendus des spectacles : nous relatons nos émotions et nos coups de cœur, et ré-fléchissons à la technique des comédiens.
- de comptes-rendus des stages, travail en général plus conséquent car ceux-ci se font sur plusieurs jours avec des comédiens et des metteurs en scène professionnels.
- pour finir, le déroulement et la construction de notre option facultative (à deux), sans l’aide de nos enseignants . Ce dernier travail est intégralement une production d’élèves.


Le carnet de bord est donc conséquent : c’est le témoin de notre année théâtrale.

 

Répétition-pointage
Nous sommes conviés au théâtre pour une répétition Maître Puntila et son valet Matti. En réalité, c’est plutôt un “ pointage ”. Les comédiens, avant le spectacle de ce soir, prennent leurs marques, les techniciens règlent une dernière fois les lumières, le metteur en scène donne ses dernières directives, le costumier réajuste un bouton ou un col. C’est une véritable fourmilière d’hommes qui grouillent sur le plateau au milieu du décor. Enfin tout est prêt. C’est un moment que nous ne connaissions pas, c’est le temps des coulisses et de l’illusion qui va commencer. On prend mieux connaissance du travail en amont, de tous. On voit l’autre partie de la vie d’un comédien.

 

 

 

 

Spectacle
Réflexion : Brecht est le maître “ fondateur ” de la distanciation (dis-tance que met le texte avec le rôle ou l’action). L’adaptation de B.Lambert, à mon avis, ne se basait pas sur la distanciation . J’ai eu l’impression que justement chaque comédien rentrait dans la peau de son rôle, sans distance.
Je ne vois pas où se trouve la distanciation dans cette interprétation. Finalement, après quelques recherches, j’ai trouvé quelque chose de plus clair sur ce terme : “ il s’agit, par un théâtre dit épique, de dé-tourner le spectateur de l’illusion réaliste pour le désaliéner et l’amener à réfléchir (spectateur ac-tif) ”
Je comprends un peu mieux main-tenant. La distanciation, ici, coïnciderait avec les rapports maîtres/valets.
“ La pièce véhicule un message nettement inspiré de la lutte des classes ”. Elle commence par un “ song ” (chanson) de groupe où tous se présentent. Très vite, nous constatons que les rapports sont étranges, le maître, ivre, devient bon, sensible, en somme, humain face aux problèmes de ses employés (on reconnaît ici la conviction marxiste de Brecht) puis tyrannique à jeun (société capitaliste et chef au pouvoir qui resurgit), c’est un affrontement entre ces deux pôles, différents, même totalement opposés (saoul/sobre) : univers manichéen, fable violente sur les rapports de domination.
La pièce pose le problème de la ségrégation sociale. Puntilla en se rendant presque égal à ses ouvriers, a effacé toute défense possible de leur part. Il ne les exploite que mieux, une soumission brutale ne leur aurait pas mieux servi.
Le marxisme de Brecht s’exprime vivement à travers cette comédie jouant sur une antilutte des classes, une sorte de passivité à l’égard de l’impérialisme. C’est une pièce qui met en place deux types de vi-sion : la comédie humaine montrant une certaine résistance féminine à l’oppression masculine, à l’opposé de la résistance (absente ou non) des valets. La comédie politique et sociale mettant en scène des maî-res qui deviennent en réalité plus dangereux une fois humanisés.
Scénographie : on se déplace beaucoup dans Puntila : les douze tableaux rythmés par des songs, qui constituent la pièce, se déroulent dans douze espaces différents, et les routes du Tavastland jouent un rôle essentiel dans le récit. Mais ces déplacements géographiques s’organisent presque tous autour d’un point fixe: Puntila lui-même, présent dans 8 tableaux. Il est ainsi un “ passage obligé ”, il est l’espace incontournable où viennent s’abîmer les tentatives de fuite de ceux qui l’entourent.

Distanciation
Cette matinée est très réussie. Nous avons travaillé la distanciation sur scène. Chacun vient présenter son rôle. Ex. : je suis Sarah, je vais jouer Eva. Elle doit se marier à un attaché. Avec Marion je suis le pro-logue. Contrairement à elle, cela m’a beaucoup plu. Nous annonçons les comédiens, jouons avec le public… J’y ai trouvé mon style, improvisé, dynamique, un peu bouffon. Cela m’a aidée à prendre confiance en moi sur scène, à me “ lâcher ”, à faire porter ma voix, à jouer et à chanter. Ce fut enthousiasmant… surtout devant le sourire approbateur de Fred, notre intervenant.
Evaluation/Bac blanc
Commentaire : je pense qu’il est nécessaire d’apporter une précision sur notre examen final et sa préparation. Ce fut, pour notre classe, le seul problème réellement important. Nos professeurs ne nous ont pas préparés à cette évaluation. Le jour du premier bac blanc, nous avons découvert que nous ne savions en aucun cas comment traiter le sujet. Nous avons tous fait fausse route. Par conséquent, j’ai trouvé fort dé-placées les remarques décourageantes de nos enseignants. Nos notes n’étaient pas très objectives compte tenu de l’absence d’informations. Nos professeurs nous ont fait remarquer que nous ne serions jamais prêts, et donc pas admis à l’examen. Ils nous ont reproché de ne pas avoir fait assez d’efforts.
N.B. : in fine, laissant de côté les remarques démobilisatrices, j’ai créé mon document comme je l’entendais : résultat du bac théâtre, 17/20 à l’écrit.

Improvisation
Nous avons devant nous la photo d’un regard : un côté pâle, l’autre foncé. Une impro. ? L’inspiration en ce jour froid d’hiver a du mal à arriver jusqu’à nous. Finalement c’est plutôt réussi : 4 projecteurs en douches parallèles font office de décor, en fond sonore 4 passages de Len-ny Kravitz. Nous sommes ramassés sur nous mêmes, chacun dans sa bulle. Cyril se réveille rapidement au son d’une musique bruyante et danse vivement un twist désordonné.
Une autre musique s’enclenche et je me lève tout endolorie de sommeil, dansant la tête courbée, les bras et le corps se tordant en cadence. Marion surgit et bouge sur un tempo nerveux, en mouvements explosifs et dingues. Delphine reste sur le sol et virevolte assise. Nos regards sont affolés, comme le centre de ce tableau d’aliénés par une société impropre à ce genre d’individus. J’ai énormément apprécié ce moment envoûtant ; ainsi que le reste de notre groupe : pour quelques minutes nous explosons de vérité : Cyril : clown fier et délirant, Marion : extravertie et dégénérée, moi : réservée et impulsive, Delphine : timide et calme.
Une rêverie énergique et créatrice.


Improvisation collective
Thème : “ accidents de la route ”
A 7 nous avons monté une impro. : ronde dans le noir basée unique-ment sur des bruits. On commence par des bruitages doux et mélodiques et on termine sur le krach de la voiture, avec bruits sourds, chocs brutaux et violence agressive. Deux surveillants du lycée passant par là tiennent lieu de spectateurs. Ils sont secoués, étonnés, sans voix se demandant s‘ils n’ont pas atterri sur Mars. L’un des deux trouve notre impro. plutôt expressive, il y voit une tout autre image : le processus de fécondation ! J’ai trouvé cela très vrai. Bien qu’ils soient repartis vite, je crois que cela ne leur a pas dé-plu, passée la première réaction d’étonnement. Cela change de ce que nous faisons quotidiennement : j’en suis ravie. Dans le noir, l’ambiance est totalement différente, il n’y a plus de bons ni de faibles, on apparaît tous égaux… Sensation exceptionnelle.


Décontration

(guidée par Guy).
Nous sommes tout d’abord dans un tunnel qui débouche dans une pièce pleine de brume que je perçois bleutée. Au centre un bassin rempli d’un liquide qui paraît très doux, exprimant une sorte de calme, de sérénité, de bien-être très reposant, attirant. Je me glisse dans cette eau aux senteurs boisées. Je deviens moi-même cette eau ou plutôt c’est elle qui devient moi, devinant toutes mes peurs, tous mes secrets, mes envies, mes désirs, mes rêves, me protégeant. Sans m’en rendre compte, je me retrouve doucement ramenée en salle de théâtre, comme revenant d’un long voyage…


Chorégraphie : Antigone
Tragédie… révolte… suicide/pendaison.
Une longue corde la représente at-tachée au plafond. Les danseurs s’y accrocheront, s’y suspendront. Ils s’en servent tout au long de la tragique chorégraphie : la mort du cygne, la mort de la liberté. Ennemis ? La société, les conventions, Créon, la jalousie. Le tableau de la fin restera pour moi une œuvre d’art, au moment du dernier souffle, du der-nier pas de danse, quand les éléments s’interposent contre Antigone. La danseuse est ensevelie de terre et de boue, de poudre ocrée : sur le sol, cela forme un véritable tableau, aux fissures visibles et à l’amoncellement de couleurs, de révoltes. D’un coup de pinceau, j’ai voulu le faire vivre, lui rendre son existence.
Un spectacle complet et fort / une réjouissance visuelle et émotionnel-le.
Le plus beau spectacle depuis 3 années théâtrales.
Un rêve qui prend forme,
un cauchemar aussi …
A suivre…
Marie Go

 

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