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BENP N°10 - la gravure du lino à l'école

Septembre 1938
Brochure d’éducation nouvelle populaire n°10
 
Fac-similé de la brochure rééditée (date inconnue)
 
 
Un groupe d'éducateurs de la C.E.L.
sous la direction de LALLEMAND, instituteur
LES‑EGLISES‑D'ARGENTEUIL (Char.‑Marit.)
 
LA GRAVURE DU LINO
A L'ECOLE
 
A. ‑ COUP D'ŒIL GENERAL SUR UNE TECHNIQUE NOUVELLE :
LA LINOGRAVURE
 
La Linogravure
 
C'est le procédé qui, à l'école primaire, réunit tous les suffrages, lorsqu'il est question d'illustrer un texte devant être tiré à un grand nombre d'exemplaires. Le cliché de lino est à peu près inusable. Sa confection fait appel à l'observation de la nature aussi bien qu'à l'imagination en ce qui concerne le dessin ; et c'est un excellent exercice de travail manuel, qui exige de la précision dans le coup de gouge ; enfin, sa disposition dans une page nécessite un minimum de goût artistique. Le tout s'acquiert gaîment, sans théories ennuyantes et souvent les petites filles quittent volontiers leur trousse de couture pour venir au lino. C'est un bon point pour la linogravure, si intéressante... et pour les petites filles aussi, bien entendu. (Disons tout de suite qu'il n'est point besoin d'avoir un matériel d'imprimerie pour faire du lino : l'intérêt de cette technique est non moins grand dans une classe ordinaire en raison de l'extrême modicité des dépenses à engager).
 
La grande simplicité du procédé
 
La technique de la gravure sur lino est la même que celle de la gravure sur bois, Sur la surface très plane de la matière première (bois ou lino), on évide tout ce qui doit être blanc sur la gravure. Les parties laissées intactes, enduites d'encre, s'imprimeront en noir sur la feuille de papier.
 
Le lino, qui offre les mêmes possibilités que le bois (finesse d'exécution, plus grand nombre de tirages) a pour nos classes deux gros avantages sur le bois : facilité de travail, le lino étant très tendre, et économie, le lino étant bien moins cher que le bois pour gravure.
 
Chez l'imprimeur
 
Bien entendu, ces linos gravés par des enfants sont très utilisables par un imprimeur pour illustration de journaux d'enfants, programmes de fêtes, etc... et le tirage en est pratiquement illimité.
 
B. - LE MATERIEL
Les outils
 
Pour graver le lino, l'outillage est très simple. Ce sont de petites gouges grandes comme des plumes à écrire qui s'adaptent à un manche (comme celui d'un tournevis) à la façon d'un plume à un porte-plume.
 
Ces gouges sont de deux sortes. Certaines ont le profil en V et servent à tracer les traits, les autres ont le profil en U et servent à évider les grands espaces blancs.
 
L'enfant, le manche de l'outil calé dans le creux de la main, entaille le lino en poussant l'outil devant lui. A ce sujet, donner à l'enfant, dès le début, l'habitude indispensable de tenir le lino qu'il travaille en mettant sa main libre derrière l'outil et non devant, car la gouge glissant maladroitement sur le lino couperait légèrement le doigt placé devant elle.
 
Il est très commode d'avoir autant de manches d'outils que de plumes, et d'avoir deux ou trois jeux d'outils en cas d'accident.
 
La Coopérative de l'Enseignement Laïc livre une trousse à graver simple mais suffisante, comprenant une plume en U et une plume en V avec leurs manches.
 
Le linoléum
 
La qualité du lino a une grande importance. Il faut choisir un linoléum uni, tendre et clair, Tendre pour sa facilité de travail, clair, parce que l'on voit mieux son travail. il faut bannir tous linoléums imprimés ou incrustés.
 
Pour couper le linoléum. entailler la surface d'un trait au canif ; en pliant le lino il se cassera et il ne restera qu'à couper les fils de la trame.
 
Le lino se durcit au froid, le faire chauffer légèrement pour le rendre plus tendre, le cas échéant.
 
Si la surface du lino présentait quelques aspérités, la polir avec du papier de verre ou une toile émeri très fine.
 
En résumé, prendre du véritable lino, de bonne qualité, uni, tendre et épais. (Le lino de 3 mm. d'épaisseur semble le plus favorable.)
 
Montage des clichés
 
Nous verrons, en fin de cet opuscule, comment on peut tirer un lino gravé sans presse d'imprimerie et donc sans montage sur support de bois.
 
Mais pour le tirage ordinaire à la presse à imprimer, il faut faire l'opération des professionnels : mettre le lino à hauteur parfaite du caractère d'imprimerie : soit 23 mm environ.
 
La C.E.L. vend des bois de montage tout prêts, sur lesquels il suffit de clouer les linos. Nous avons prévu trois formats :
le   10x7, de la largeur des composteurs, à placer en tête de l'imprimé, comme pour nos B. T. ;
le 8 x 6 pour placer au milieu d'un imprimé ;
le   5 x 6 pour cul de lampe, en fin de chapitre, ou pour terminer les imprimés courts.
 
Vous pouvez d'ailleurs réaliser vous-mêmes très facilement ces bois de montage, soit d'une seule pièce, soit même par des planchettes clouées. Mais attention, que les bords soient bien d'équerre, sinon le bloc d'imprimerie se soulève au serrage et les composteurs, mal d'aplomb, n'impriment que par le haut ou par le bas.
 
Nous recommandons alors, non pas d'ajuster chaque fois le lino au bois, mais de couper d'avance les linos à ces dimensions afin d'avoir un montage facile et parfait. L'enfant s'arrangera pour y inscrire les dessins à graver. Il y a inconvénient, en effet, à avoir un bois plus large que le lino (le bois risque de salir) et inversement, le lino ne doit jamais dépasser le bois, car il ne donnerait pas.
 
Pour fixer le lino, on peut :
 
a)         coller le lino sur la planche à la colle forte. C'est la solution parfaite, mais un peu longue, car il faut mettre le cliché à la presse et attendre qu'il sèche ;
b) fixer le lino avec de petites pointes de 4 mm. de longueur. Attention : fixer les pointes en les enfonçant dans les creux du lino pour qu'elles ne marquent pas au tirage. Deux pointes dans deux angles séparés suffisent ;
c) on peut préparer d'avance des bois porte-clichés en coupant les têtes des clous enfoncés dans le bois et sur lesquels il suffit ensuite d'appuyer le lino. Le lino s'arrache ensuite tout seul et le bois est prêt à resservir.
 
Utilisez si possible du bois dur : hêtre, par exemple, qui se fendille moins quand on enfonce les clous.
 
Rouleaux encreurs
 
Pour encrer les linos gravés, on se sert :
 
a) d'une plaque à encrer.
La C.E.L. en livre en fer, avec le matériel d'imprimerie. Mais il est très facile de s'en procurer une : une plaque de verre, un carreau de porcelaine, une plaque de tôle rigide, toute surface absolument plane conviennent parfaitement ;
 
b) d'un rouleau encreur :
La C.E.L. vend, avec son matériel d'imprimerie, des rouleaux encreurs, soit gélatine, soit caoutchouc. Les rouleaux caoutchouc, livrés avec le matériel d'imprimerie, quoique plus petits, suffisent pour le tirage des linos.
 
Vous pouvez en fabriquer en habillant de caoutchouc de chambre à air ou de feutre un morceau de manche à balais bien cylindrique (voir ci-dessous pour la fabrication du rouleau et de la monture).
 
Vous pouvez avoir une monture plus solide en recourbant en U une languette de fer percée aux deux extrémités pour le passage de l'axe et au milieu pour le fer qui soutiendra le manche.
 
Si l'on veut tirer des linos en couleurs selon la technique que nous indiquerons, il faut plusieurs plaques à encrer et plusieurs rouleaux.
 
Mais si l'on veut encrer de petites portions de lino sans risque de faire chevaucher les couleurs, il y a avantage à employer des rouleaux de longueur variant entre 2 et 10 cm.
 
Cette fabrication est des plus simples. Voici les conseils que donne à ce sujet Duverger, de Gouex, Vienne :
1° Tube de caoutchouc (le nôtre a 12 mm. de diamètre et 3 mm. d'épaisseur).
2° Rouleau en bois, dont le diamètre est légèrement supérieur au diamètre du tube ;
3° Pointes rondes servant d'axe (le sabotier du village s'est fait un plaisir de nous les offrir).
4° Poignée en fil de fer se terminant par deux petites boucles.
 
Voici d'ailleurs un croquis simple qui mettra les choses au point.
 
Encrage : Autant de plaques à encrer que de rouleaux et de teintes (nous employons pour cet usage des plaques de verre qui ne sont autres que de vieilles plaques photographiques).
 
S'il y a quatre teintes, par exemple, deux élèves dont la tâche a été bien déterminée à l'avance, s'en chargeront, un rouleau de chaque main. Un troisième encrera le texte en noir et, s'il y a lieu, la partie de l'illustration qui doit être en noir également.
 
En quelques coups de rouleaux dirigés par des « spécialistes », le cliché est encré !
 
Vous remarquerez, au cours du tirage, qu'il n'est pas nécessaire d'encrer pour chaque imprimé.
 
Ce procédé n'a pas la perfection de la technique qui consiste à séparer pour l'encrage, les morceaux du cliché séparés à la manière d’un puzzle, mais il est plus simple et mieux à la portée courante de nos classes.
 
Encre
 
Pour imprimer le lino, il faut utiliser l'encre ordinaire d'imprimerie (et non l’encre à limographe qui est grasse et donne des bords huilés).
 
Mettre un peu d'encre (gros comme un haricot) sur la plaque à encrer et l'étendre soigneusement avec le rouleau encreur.
 
Quand le rouleau encreur est bien encré sur toute sa surface, le passer sur la face gravée du lino. Le lino, surtout lorsqu'il est tiré séparément, suppose un bon encrage.
 
Le papier
 
Utiliser du bon papier pour le tirage. Si l'on avait du papier très épais ou. du carton mince, il serait bon de l'humecter d'eau avant le tirage et de le sécher entre des feuilles de papier buvard, de cette façon il prendrait mieux l'encre.
 
Un papier trop mince laisse voir par transparence les grands noirs. Il devient inutilisable au verso si l'on a mis trop d'encre. Une auréole huileuse apparaît et diminue beaucoup la beauté du dessin.
 
C. - UNE CLASSE AU TRAVAIL DU LINOLEUM
 
Josette nous a apporté une pie qui a été dénichée peu de temps après sa naissance.
C'est un bébé pie, hérissé, avec un peu de duvet sur la tête et sous les ailes.
Les rémiges et les pennes ne sont pas encore formées et sortent à peine de l'étui.
Le bec est déjà gros, conique, mais les commissures sont encore transparentes.
Son corps rondelet est termine par une toute petite queue amusante.
Mais voici que notre nourrisson a faim, il ouvre un bec immense et pépie.
Nous lui donnons des vers et du pain trempé.
L'ageasson avale goulûment.
Rassasié, il s'essuie le bec, lustre ses plumes, s'endort la tête sous l'aile.
 
(LA CLASSE).
 
Comment nous avons l'habitude de procéder
 
Voici un petit texte qui vient d'être mis aux voix et adopté ::La pie. Elle est là sous nos yeux. Nous l'avons bien tripotée ; puis, nous l'avons installée sur une branche feuillue coupée à un des grands ormeaux de la cour. Elle a jacassé et cela nous a mis en joie. Elle a sali copieusement le plancher et nous l'avons trouvée adorable. Il faut la photographier ; et les enfants (qui n'ont point d'appareil comme le maître) n'ont pas voulu être en reste - chacun a bien le secret espoir de réussir, avec son crayon, mieux que le gâcheur de pellicule.
 
J'avoue tout de suite avoir été battu. Il faut dire les choses comme elles sont, tant pis... et tant mieux aussi.
 
L'ami Claude veut bien nous faire de son mieux le résumé de la suite des opérations.
 
I. ‑ Le dessin
 
Samedi, Josette a apporte une pie à l'école. Nous l'avons installée sur une branche. Nous l'observons et nous faisons un texte .
En rentrant, nous la dessinons. Chacun fait à sa façon en regardant l'oiseau.
Quand nous avons fini de dessiner, nous mettons les dessins sur une table et nous disons celui qui ressemble le plus à la petite pie qui sert de modèle.
C'est le dessin de Gugu Noiraud qui a eu le plus de voix.
Mais le dessin n'est pas parfait.
Alors Gugu le refait en calquant le sien, contre un carreau de la porte vitrée. Mais il dessine des plumes hérissées, une grosse tête, les 3 plumes de la queue très courtes, un gros bec, de longues pattes, très minces, et un corps tout rond.
 
Il. ‑ Report sur linoléum
 
Si la fidélité du dessin n'est pas absolument indispensable, l'élève peut refaire le dessin sur le lino.
 
Mais le plus simple est de décalquer ce dessin.
 
Seulement un tel dessin sera imprimé à l'envers. La plupart du temps, pour nos travaux courants d'illustration, cela n'a aucune importance.
 
Quand le lino doit être imprimé à l'endroit : pour des lettres, des mots, une carte de géographie, un geste de forgeron qui tient le marteau de la main droite, on fait le dessin sur du papier fin que l'on retourne pour le décalquer. Si le papier est trop épais, il faut faire apparaître le dessin sur l'autre face en plaçant sur la table une feuille de papier carbone, le côté coloré tourné contre la face inférieure du papier. On repasse les contours et on retourne le dessin qui apparaît à l'envers. On reproduit cet envers sur le lino et l'on grave. Au tirage, le dessin se trouve remis à l'endroit.
 
Dès que le dessin est ainsi décalqué, on dessine les contours avec un crayon très noir et tendre ou à l'encre noire, ou mieux, à l'encre de Chine. Puis, avec une plume à, gros bout, ou un morceau de bois taillé en biseau, on place les noirs et on dessine les contours des objets.
 
III. - Comment je fais du lino
 
Je cloue mon lino sur une plaquette de contreplaqué de 3 mm.
 
Il faut que les contours du dessin soient nets. Je les trace avec la plume en V.
 
Pour faire les hachures et les traits blancs je prends une gouge en V. Je dégage les grands blancs avec une gouge ronde. Je fais d'abord l'intérieur parce que, pendant le travail, la main pourrait abîmer les fins contours, comme le ventre de la pie. Il faut surtout tailler en biseau pour que la base des traits soit large et ne s'écrase pas au tirage. La gouge en V taille toute seule en biseau. Je dégarnis à l'aide de la gouge ronde parce que, s'il reste trop de lino dans les blancs, il pourrait recevoir de l'encre du rouleau, et il marquerait sur le papier. Il faut donc gratter presque jusqu'à la corde du lino.
 
IV. ‑ Tirage
 
Nous avons tiré un premier essai en noir. Nous n'étions pas très satisfaits. L'un de nous dit qu'il faudrait faire des feuilles vertes. Alors, à l'aide d'une scie à déchiqueter, nous avons coupé le lino et son support en deux parties : les feuilles et la branche, que nous avons passées en vert, et la pie en noir.
 
Pour passer l'encre, nous séparons les 2 pièces, Pour tirer, nous les remboîtons.
 
Claude VANIWETTE (12 ans).
 
D. ‑ LES PROCEDES
 
Les procédés de gravure
 
Il y a dans les livres actuels de fort jolis bois gravés. Ils connaissent un succès mérité. Peu à peu, les autres illustrations disparaissent à leur profit. Mais ce sont là des oeuvres d'artistes. Il n'est pas question de vouloir en faire autant, du moins pour aujourd'hui. Mais nous pourrons obtenir de fort jolis effets avec seulement du noir et du blanc.
 
Voici d'abord trois procédés extrêmement simples, que peuvent réaliser les tout-petits, mais que ne dédaignent pas les grands.
 
C'est d'abord le dessin au trait, pur et simple. Il suffit de dessiner une tête sur un morceau de lino et d'enlever à la gouge le tracé qu'on vient de faire. C'est généralement ainsi que se traduisent les tout premiers essais des petits linograveurs, Mais ils ont vite fait de comprendre que le fond noir n'est pas très artistique. Aussi, le second procédé employé marque-til un progrès.
 
2° Nous arrivons à la silhouette. Ici, plus de fond : les détails ; yeux, pattes de l'ours sont exécutés selon le premier principe exposé. Les anneaux de l'abdomen du doryphore sont plus fins : l'élève avait déjà la main bien plus légère. Ce lino était destiné à être tiré à l'encre rouge, le résultat était excellent.
 
Le procédé de la silhouette sera ensuite utilisé dans presque tous les cas, mais avec d'autres procédés destinés à le rendre plus artistique et que nous verrons bientôt.
 
3° Autre genre de silhouette. - C'est la silhouette en blanc sur fond noir, utilisée pour représenter, par exemple, des animaux au plumage ou au pelage blanc ou très clair. Assez facile dans le cas de l'hermine, où les membres ne sont pas apparents, le procédé se révèle très artistique pour le pigeon-paon.
 
Même procédé, mais pour représenter ungrand nombre de sujets. Voici des fleurs blanches sur fond noir. Elles deviendront très jolies si l'enfant pense (et il y pensera certainement) à rehausser les pétales avec de la couleur.
 
Exécutez 15 carrés semblables, peignez les pétales à l'aquarelle : bleu pour un carré, rouge pour le suivant, puis bleu, puis rouge, etc., collez au mur. Quelle belle frise, si l'on met les carrés sur pointe !
 
5° Nous relions les deux procédés : la silhouette noire domine, mais les feuilles mortes et les visages sont vidés d'un simple coup de gouge. La pluie est un peu grosse, mais l'artiste est de la taille des personnages qu'il dessine.
 
6° Une silhouette noire entièrement vidée donne un croquis agréable si le contour est bien égal.
Nous pouvons affirmer les traits et arriver ainsi à des formes très élégantes.
 
7° Appliquons les divers procédés que nous venons d'expliquer plus haut. Nous aurons des contrastes amusants : un chat très noir boit dans un pot très blanc. Une façon ingénieuse de dessiner les petits poulets les fait parfaitement ressortir sur le plumage noir de la mère. Il est très simple aussi de représenter les brins de paille : blancs sur noir. noirs sur blanc.
 
8° Il faut, certes, arriver à simplifier beaucoup. Une douzaine de brins de paille, sans plus, c'est suffisant pour indiquer un nid. Aussi, le croquis doit-il être consciencieusement élagué pour ne retenir que l'essentiel. Il est inutile de vouloir atteindre la réalité : nous ne voulons pas une photographie. Cette fenêtre de classe par laquelle on voit quelques branches et un corbeau traduisent suffisamment la saison froide. Les branchettes n'y ajouteraient rien.
 
9° Comment se rendre compte de l'essentiel ? Dès qu'un tracé plait, on le reproduit contre la vitre de la fenêtre ou de la porte à 4 ou 5 exemplaires, et puis on pose avec une plume, un bout de bois taillé en biseau ou un petit pinceau des touches d'encre de Chine aux endroits convenables.
 
On reporte sur lino celle des épreuves qui satisfait le plus l’œil par sa juste répartition des noirs, l'harmonie de ses taches de lumière. On peut corriger un projet sur papier en grattant l'encre de Chine au canif, ou par quelques traits de craie ou de la gouache blanche.
 
10° Les ombres. Cependant, il faudra un jour nous rendre compte d'une lacune clans notre « art ». Les blancs et les noirs font des effets vigoureux, certes, niais les demi-teintes sont bien agréables à l’œil. Elles se représentent par des hachures plus ou moins serrées, plus ou moins larges. Il faut s'y essayer sur des bouts de lino inutilisables. Avec la gouge en V, traçons à des écartements variables des sillons parallèles dans le lino. Nous nous rendrons compte que de fines striures à 2 ou 3 millimètres les unes des autres éclaircissent un fond noir... de plus en plus à mesure qu'elles sont plus larges ou plus rapprochées. On peut ainsi choisir dans la gamme ce qui représente la demi-teinte désirée. Il ne faut pas essayer d'obtenir un gris en enlevant une pellicule plus ou moins épaisse de lino : on réussit très mal à gratter une couche uniforme, et l'effet n'est pas très séduisant. De plus, le travail est fort long et délicat. Les meilleurs artistes en reviennent tous au procédé des hachures. Nous en trouverons des exemples dans les linos qui vont suivre.
 
11° Les dégradés. Ils s'exécutent comme les ombres, et font la transition entre une partie de dessin noire et une autre partie blanche ; exemple : entre le dos et le ventre du brochet. Il ne s'agit pas d'ombre, on le comprend : le dos du brochet serait, bien au contraire, la partie éclairée. Mais elle est sombre par sa couleur. Certains aiment peu ce dégradé « en dents de scie », c'est une affaire de goût. Il convient bien ici au caractère de l'animal. Pour l'exécuter on laisse d'abord en noir tout le dos, c'est après que l'on tient le lino à l'envers, et qu'à des intervalles aussi réguliers que possible, on pousse vers la ligne du ventre de petits coups de gouge en V.
 
12° Ombres sur objets ronds. Ils doivent évidemment être parallèles aux lignes qu'ils rehaussent.
Sur des surfaces brillantes, on doit ménager des reflets qui sont, comme on le voit, faciles à exécuter à la gouge.
Voici maintenant des ombres obtenues en croisant les coups de gouge. On peut arriver ainsi à varier les surfaces exprimant des demi-teintes. Cela rompt la monotonie des hachures trop nombreuses, ou dirigées toutes dans le même sens. Mauvais procédé pour des ombres sur un coin de rivière, mais excellent s'il s'agit de toiture, de fond sur lequel doit se détacher un beau motif : lettre ornée, etc.
 
On réussit également très bien en donnant de tout petits coups de gouge en V pour montrer, comme dans ce panier de beurre, une quantité de petits reflets provenant de la paille de rembourrage.
 
Avec la gouge ronde, on obtient un effet d'écailles à employer pour représenter une eau très ridée sur laquelle se reflète le soleil, les plumes d'oiseaux.
 
Il ne faut pas vouloir donner trop de coups de gouge : en se rejoignant, ils pourraient faire des blancs qui, en trop grand nombre, font un effet désastreux. Et les trous se rebouchent difficilement : il y a des recettes, mais c'est toujours plus long que de recommencer courageusement. Quant à couper la tête de cette huppe pour la remplacer par une autre sculptée dans une pièce rapportée, cela me parait impossible. Remarquons que la chose est aisée s'il s'agit de la queue ; c'est un peu une affaire de chance, car enfin en ne fait pas exprès de se tromper.
 
Les pelages s'exécutent comme les plumages, mais les enlevés sont plus courts encore, dirigés dans le sens des poils ; il vaut mieux se borner à ne représenter que quelques lignes de lumière sur le corps de l'animal, aux endroits des reflets luisants, ce procédé donne un joli relief quand il est employé avec modération.
 
Pour obtenir de plus jolies couleurs, nous avons bien indiqué, au paragraphe des silhouettes en blanc, un petit procédé. Il peut s'appliquer presque partout où les blancs sont très importants et traduisent des teintes différentes. Voici un peuplier à illustrer à l'aquarelle, ainsi que le ciel et les champs (les plus lointains plus clairs que ceux du premier plan).
 
Les linos en plusieurs teintes
 
Autant de teintes, autant de fractions séparées de lino qu'on remboîte comme il l'a été expliqué pour la pie : ici, pas de repérage, les deux ou trois morceaux étant remboîtés, le tirage se fait d'un seul coup.
 
Voici, par exemple, un épi de mais. Un lino représente les feuilles, un autre l'épi. Les deux parties vont exactement l'une dans l'autre. Un rouleau encrera les feuilles, un deuxième encrera les grains. Au gré des enfants, on fera des feuilles vertes, un épi rouge ; des feuilles rouges, un épi jaune ; des feuilles bleues, un épi jaune ou rouge. (Les couleurs employées en décoration ne sont pas toujours les couleurs naturelles).
 
On pourra essayer de mélanger 2 encres intimement et éclaircir avec de l'encre blanche. Un mélange mal fait à dessein donnera un chinage assez agréable parfois. Du bleu et du blanc mal mêlés donneront un ton camaïeu intéressant.
 
On traiterait en trois tons un pavot : vert, rouge et noir (pour le bouton) ; nos petits rouleaux de liège de 1 cm de large permettront toutes les combinaisons. Il suffit d'avoir un peu d'imagination.
 
Mais il peut se faire que cette méthode présente des difficultés d'exécution dans le découpage. En voici une autre. Sur un premier lino, il faut décalquer et graver la partie du dessin qui doit être de la première couleur; pour tout le reste : blancs et partie différemment colorée, ce lino est évidé.
 
Sur un second lino, décalquer et graver la partie du dessin qui doit être de la seconde couleur.
 
Pour l'impression, tirer le premier lino comme d'habitude. Pour le second, il est préférable d'agir inversement. La feuille, déjà imprimée, est posée le clos sur la table et l’on applique dessus le second lino encré. En agissant de cette façon, il est plus aisé de faire concorder les deux impressions. Le repérage est ici le point délicat de la manœuvre.
 
Le lino en trois couleurs est aussi simple. Les deux gravures auront des parties communes. Et en choisissant deux encres de couleurs complémentaires, l'on obtient une gravure en 3 couleurs, 2 couleurs franches et une couleur composée.
 
Pour la gravure de cette page, par exemple : le premier lino avait la roulotte, l'âne, le pré, l'arbre. Le second lino avait la fumée, les volets et la fenêtre de la roulotte, le foin, et aussi le pré et l'arbre.
 
Les visages ‑ Les mains
 
Nous voici en présence de difficultés assez ardues à surmonter. La ressemblance, c'est un peu difficile pour nous. On l'obtient par une série de détails que les gens bien doués saisissent à la pointe de leur crayon. Les représenter en demi-teintes par des coups de gouge savamment exécutés, ou des lignes principales très pures, c'est plus difficile encore. Aussi essaierons-nous de simplifier le plus possible : des oppositions de noir et de blanc, étudiées de notre mieux, papier et pinceaux à la main, nous permettront bien au moins de traduire l'âge de la personne à représenter. Des cheveux et une barbe d'argent ont besoin d'un fond noir pour mieux ressortir. Il en est de même des jeunes boucles blondes. Une perruque sombre s'accommodera mieux toute seule, sans aucun fond, au moins à quelque distance.
 
On étudie patiemment ensuite, sur le vif, les mains d'un camarade qui tourne un vase et qui marquera pour nous un temps d'arrêt parfois fort long s'il est assez patient, ou si la difficulté ne se montre pas trop insurmontable.
 
Les traits droits - Perspective
 
Il faut apprendre à faire des traits droits et fins sur des chutes de lino. Après, si on a la main assez sûre, on se lance dans les exécutions sérieuses. Mais on a toujours la ressource de prendre, pour guider au moins le premier coup de gouge en V un double dm en bois dur, ou mieux, une petite réglette plate métallique, comme le dos d'une vieillescie cassée.
 
L’écriture - Les lettres ornées
 
Celle qui se représente le mieux est l'écriture imprimée à cause de sa forme géométrique. L'écriture ordinaire, comme celle du mot Merci ! sera cependant facile, si l'on écrit assez gros. Les lettres ornées plus ou moins richement feront toujours le meilleur effet pour commencer une page. Mais attention : il faut dessiner à l'envers sur le lino si nous voulons imprimer à l'endroit.
Le procédé est simple ; il est expliqué dans cette brochure, au paragraphe : « Quand faut-il retourner un modèle ? »
 
Imprimerie en lino
 
Pour les camarades qui attendent leur imprimerie ou qui ne peuvent se payer deux polices à la fois pour les grands et les petits, voici une imprimerie rudimentaire, mais facile à construire presque sans frais, et qui donne tout de même d'assez bons résultats :
 
1° La police. - Gros caractères dessinés (à l'envers) en lignes sur lino. Prévoir des quantités plus grandes de lettres courantes. Choisir des linos de même épaisseur - on peut utiliser toutes les tombées ‑ et graver.
 
Coller ensuite à la colle forte les bandes obtenues sur des baguettes de même épaisseur et même largeur : 8 mm environ pour l'épaisseur, largeur à volonté selon l'intervalle que l'on désire obtenir entre deux lignes.
 
Veiller surtout à ce que le bas des lettres soit partout à la même distance du bord inférieur de la baguette.
 
Découper entre deux lettres à la scie à découper et classer les caractères dans une casse après avoir indiqué un repère pour ceux qui peuvent se renverser (u et n, b et q...).
 
Prévoir aussi en baguettes nues, des blancs de différentes longueurs.
 
2° Le cadre. ‑ Pour format 13,5/21, dresser une planche de 27 mm aux dimensions 10,5 x 18 cm environ. Clouer autour des baguettes suffisamment larges pour dépasser, en forme de cuvette, de 7 à 8 mm.
 
Prévoir au fond les logements de deux écrous entre baguette et planches pour serrage.
 
Prévoir également entre les lignes, des lamelles de zinc ou fer blanc pour conserver l'alignement des lettres.
 
3° Encrage. ‑ Le texte étant composé, encrer avec un simple tampon un peu bombé sur lequel on aura étendu un peu d'encre d'imprimerie: tapoter avec le tampon en évitant un encrage trop copieux.
 
4° Tirage. ‑ Poser la feuille à imprimer sur le cadre, placer dessus quelques buvards, puis une planchette de 27 mm, appuyer fortement avec les mains sans bouger.
 
On peut tirer le lino gravé en même temps en ayant soin de choisir le support-bois de même épaisseur que les supports des caractères.
 
Il ne reste plus qu'à corriger à la plume les quelques blancs qui auraient pu se produire.
Quelques menues idées
 
FRISES ET CACHETS
 
Les frises terminent une page agréablement. Une petite feuille, une simple languette de lino de 3 mm de large sur 4 ou 5 cm de long, quelques motifs très simples empruntés à la géométrie ou aux végétaux, cela suffit. On tâche de styliser le plus possible.
 
La feuille à imprimer doit être placée sur une surface très souple (3 ou 4 épaisseurs d'étoffe ou un feutre assez doux : quelques essais vous indiqueront le meilleur matelas). Le cachet doit être de petites dimensions et bien encré. Il ne faut pas oublier, si l'on a posé un cachet dans un cahier, de protéger la page d'en face avec un buvard.
 
Les grands élèves, en retournant l'écriture, peuvent imprimer pour les petits des billets de 10.000 à 50 fr. et sur des jetons de diamètres différents, des pièces de 20 fr. à 1 fr. Cette fausse monnaie ne conduira personne en prison et formera un matériel calqué sur la réalité, très commode pour un nombre très grand d'exercices, jusque et y compris des problèmes de C.E.P.
 
La page, sans autre lino d'illustration, est plus gaie.
 
Clouons sur une poignée de bois, une très minime sculpture sur lino (initiale, chiffre) et nous pourrons l'utiliser comme cachet.
 
Voici de quoi enrichir des tableaux météorologiques à l'usage des petits. (Voir p.18 les 3 linos du bas.)
 
Derniers conseils pour les linograveurs
 
Retenez bien, en résumé, que le plus joli lino n'est pas le plus chargé de détails. Eclaircir un croquis, élaguer les branches inutiles est peut-être ce qu'il y a de plus délicat. Mais on y arrive en pensant fortement à ce qu'on veut montrer, prouver. Il suffit de se demander sincèrement si ce brin d'herbe signifie quelque chose dans le tableau, ou n'ajoute rien à l'effet très simple qu'on veut obtenir. On verra s'il disperse fâcheusement l'attention autour du sujet principal ou, au contraire, s'il doit être là, parce que la bique tend le cou vers lui.
 
Pour supprimer certains détails, jolis cependant, il faudra s'armer de courage ; mais la simplicité des lignes, qui est un des éléments de la beauté, veut qu'on soit impitoyable.
 
Toutefois, simplicité ne signifie pas sécheresse, et autour du motif que nous voulons exprimer sur le lino, il y a bien de petites choses qui aident à le mieux comprendre ; les grandes personnes disent : « qui créent une atmosphère ». C'est cela qu'il faut rechercher. Les fonds, par exemple, font mieux ressortir les têtes. Un âtre a besoin d'une paire de sabots, d'un chat ou d'une vieille qui se réchauffe. Un premier plan d'herbe est rehaussé par une tige élégante et fleurie ; un ciel de nuit a besoin d'une lune, d'un croissant ou de 3 ou 4 étoiles (2 coups de gouge en V qui font une petite croix.. on ne comptera pas s'il y a 5 branches puisque ce n'est pas cela qu'on regardera - mais ce sera suffisant pour que l’œil soit satisfait, car il sera tout à la silhouette d'un lièvre qui regarde le clair de lune et qui occupe le centre du tableau.
 
Les hachures sont agréables : les demi-teintes serrent la réalité de plus près, mais songez à la vigueur d'une silhouette noire sur fond approprié (le faucheur qui revient, ses outils sur l'épaule, se tire sur un joli papier teinté de couchant) ; à la netteté d'un lino traité en noir et en blanc, avec entre ces deux valeurs, une juste proportion d’ombres et de lumières. On obtient par un heureux coup de gouge des reflets d'une vérité incontestable sur des objets polis.
 
C'est là un des attraits du lino de réaliser un effet qui frappe l’œil par sa hardiesse, plutôt qu'un fouillis de fines ombres qui, lorsqu'elles ne sont pas parfaitement exécutées, amènent la confusion dans un tableau. Le beau lino est avant tout un heureux mariage des lumières et des ombres.
 
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Je voudrais que cette brochure révèle à tous les écoliers, petits et grands, un procédé très intéressant d'exprimer en jolies gravures ce qui leur trotte par la tête. On voudrait faire bien, très bien du premier coup. Les essais sont vite satisfaisants pour les bonnes volontés qui n'hésiteront pas a recommencer une fois, deux fois, trois fois même, un lino qui, peu à peu, se perfectionne sous l'outil patient. Regardez les linos gravés des autres enfants, les bois gravés des livres. Recherchez les procédés employés pour rendre les ciels, les eaux, les champs, les arbres. Copiez un tableau qui vous semblera facile à reporter et que vous choisirez en rapport avec votre habileté. Et puis, très bientôt, allez-y carrément, mettez le modèle devant vous, allez dans les prés, et reproduisez ce qui vous plaît du grand spectacle ; faites tout seul, volez de vos propres ailes. Quelle source de joie est plus claire au monde ?
 
LALLEMAND.
 
Utilisation pratique des linos graves
 
Le tirage des linos
 
Nous ne concevons pas la gravure du lino comme un exercice de travail manuel auquel les élèves d'une classe ou une ou plusieurs équipes s'entraîneraient méthodiquement, La gravure doit être motivée, c'est-à-dire qu'elle ne s'exécute que lorsqu'elle a un but : le tirage.
 
La chose va de soi pour toutes les écoles travaillant à l'imprimerie ou se lançant dans la rédaction du texte libre et du journal scolaire.
 
1° Pour les classes ayant un matériel d'imprimerie à l'Ecole.
 
a) Fixer le cliché sur un bois de montage de la CEL ou sur un porte-cliché préparé à la menuiserie. Veiller à ce que l'ensemble ne soit pas plus haut que le caractère. Fixer le cliché avec deux petits clous enfoncés dans les blancs du cliché.
 
b) Si vous tirez le cliché en hors-texte, la chose est simple. Il suffit de le placer sur la presse et de tirer comme on tire le bloc d'imprimerie.
 
c) Si votre lino illustre un texte et doit être tiré en même temps que ce texte, il faudra régler très minutieusement la hauteur du cliché. Si le lino ne donne pas bien, c'est qu'il n'est pas assez haut ; ajoutez des épaisseurs de carton jusqu'à ce que vous ayez une page parfaite. Si le cliché donne bien et, le texte ne marque pas c'est que le cliché est trop haut : enlevez des feuilles pour diminuer l'épaisseur.
Quand tout est réglé, vous tirez le tout comme un texte imprimé en veillant à un bon encrage du cliché.
 
d) Vous obtiendrez de très heureux effets en encrant, par exemple, un texte en noir et le lino en couleur.
(Le repérage peut s'obtenir parfaitement sur la presse).
Pour les écoles possédant l'imprimerie, le tirage des linos ne nécessite aucun matériel supplémentaire.
Il suffit alors d'acquérir le matériel de gravure, soit trousse et lino en vente à la C, E. L.
 
2° Tirage du lino sans presse. ‑ On a donné, p.2 et 3, quelques explications pour le tirage sans presse. Pour obtenir un tirage parfait et propre, voici un procédé complémentaire.
 
Un élève encreur pose le lino gravé sur une feuille de papier et encre copieusement: puis il prend le lino gravé (sans monture) sur une autre feuille absolument propre, et à la place exacte qui a été marquée au crayon.
 
A ce moment-là l'élève qui tire pose la feuille en se référant à des repères calculés d'avance. Il passe ensuite sur le cliché le rouleau presseur en caoutchouc ou un tampon dur comme indiqué. Il enlève la feuille imprimée. L'élève encreur prend le cliché et continue l'opération.
 
Ce procédé assure la propreté parfaite et permet un bon repérage, surtout pour les linos en plusieurs couleurs.
Le tirage sans presse nécessite le matériel suivant :
rouleau encreur,
plaque à encrer,
encre,
rouleau presseur caoutchouc.
(La Coopérative livre ce matériel aux conditions du tarif).
 
3° Autre utilisation des linos ou des clichés :
‑ tirages en hors texte sur papier de luxe pour exposition, encadrement et vente ;
‑ en coloriant les linos gravés, en les transforme en pièces de décoration tout à fait comparables au contreplaqué découpé.
Les linos gravés peuvent être parfaitement utilisés par les imprimeurs pour des éditions à grand tirage.
Pour tous ces procédés, surtout pour les classes possédant l'imprimerie, la linogravure est une source supplémentaire d'intérêt, de beauté et de profit coopératifs.
 
Des tableaux statistiques
 
On bourre parfois le cerveau des enfants d'une quantité de nombres : population des grandes villes, des principaux pays, importance des commerces comparés, production du charbon ou de l'électricité, etc... La plupart du temps, l'enfant ne se fait aucune idée des grandeurs que ces nombres expriment. Ne vaudrait-il pas bien mieux fixer dans le cerveau de l'enfant quelques notions claires et moins prétentieuses ?
Les auteurs de livres de géographie l'ont d'ailleurs bien compris et donnent des graphiques très simples pour que l'enfant voie, saisisse, comprenne. Un navire plus ou moins grand représente l'importance d'un port ; un géant concrétise la population de Paris, un nain telle ville de 100.000 habitants. Un carré plus ou moins grand ou des bouteilles de diverses grandeurs mettent en valeur la production en denrées alimentaires ou en vin.
 
Dessinons donc et gravons ces images concrètes.
 
Commençons par notre village. Il a 300 habitants. Les enfants comprennent de suite qu'il faudrait 300 bonshommes, ce qui est impossible à représenter. Mais nous allons représenter 100 habitants par un bonhomme. Notre village sera donc représenté par trois silhouettes et le bourg voisin de 1000 habitants par 10.
 
Avec les gravures ainsi obtenues nous pourrons, pour ainsi dire, matérialiser des statistiques qui parleront à nos enfants.
 
(RUCH, Bas-Rhin.)
 
Les cartes muettes
 
Reporter à l'envers sur un lino une carte géographique muette, par l'un des procédés expliqués déjà. On peut enlever les grands blancs à la scie à déchiqueter, obtenir les contours des côtés d'un trait fin et régulier, les massifs montagneux d'un noir strié abondamment pour les parties de basse altitude, en réservant un noir de plus en plus intense au sommet. Tirer avec de l'encre, très claire, ou en mettre sur la plaque à encrer le minimum nécessaire pour la lisibilité de l'épreuve. L'encre des écoliers doit en tout cas être beaucoup plus foncée que la carte. Le procédé permet de rapides exercices et se prête au rendu de détails très fins.
 
On peut confectionner de tels linos dans les classes de C.E.P. et de scolarité prolongée. Ils rendent aux élèves et aux maîtres des services appréciables.