Raccourci vers le contenu principal de la page

logo blog Bilan d'étape d'une tentative de continuité éducative en temps d'enfermement

 En temps normal comme en temps confiné, l'école a beau s'efforcer de ne pas être exclusive, les enfants pauvres ou d'origine modeste n'en tirent pas les bénéfices qu'ils pourraient en escompter

Le texte se trouve en pièce jointe.

Fichier attachéTaille
bilan_de_la_continuite_peda.pdf47.02 Ko

Message d'une maman au sujet de ce texte et du précédent (DLM)

Bonjour Jean,
Tes deux textes publiés en fin de semaine me donnent envie de rebondir.

Tes témoignages démontrent qu'il n'y a pas besoin de moyens exorbitants, ni compliqués, pour que l'apprentissage se fasse spontanément, librement. C'est rassurant et encourageant, car ça sonne comme une évidence, dans la continuité de l'apprentissage de la marche ou du langage chez les tout jeunes enfants.
Et je crois qu'il est important, pour garder le cap, de toujours le répéter, d'où la nécessité de le verbaliser, comme tu le fais, sur le blog ou en ce moment dans le journal DLM.

Aujourd'hui nous avons tellement d'injonctions, que même en étant convaincus et acquis à une cause, on perd parfois le fil.
Il y a quelques semaines, tu m'écrivais que c'était un privilège pour nos enfants de fréquenter livres et images, à travers notre travail notamment. [Précision : les deux parents illustrent ou réalisent des livres pour enfants.]
Le terme privilège m'a interpelée en me rappelant une anecdote : il y a un an et demi, Philaé, June, et moi dessinions sur le tableau à craie à la maison. Philaé me demande de nous dessiner, toutes les trois. Alors que je dessinais le personnage me représentant, elle me dit "Tu peux lui faire un sourire, parce que même si vous faisez du dessin, et que vous êtes en colère, vous pouvez quand même sourire."
Philaé a appuyé là où ça fait mal.
Cette période marquait la fin de trois maternités rapprochées et le point culminant de frustrations liées au manque de temps, d'espace, d'argent. La colère était alimentée par le manque de reconnaissance de notre métier, statut quasiment inexistant, salaires dérisoires. À cette époque, commencer à militer pour la bibliothèque a été réconfortant. J'ai repris confiance en retrouvant un peu de légitimité. 

Je trouve que la charge d'élever des enfants est écrasante, probablement aujourd'hui plus qu'hier, à cause de toutes ces inégalités. Il est donc réconfortant de savoir qu'en leur donnant des feuilles et des crayons et en leur lisant des histoires, on fait déjà l'essentiel. Malheureusement, les choses les plus simples sont parfois les plus difficiles à entendre. Ça rend incontournable la lutte pour la défense du service public.

En tous cas, je journal a en quelque sorte été un exutoire, pour notre foyer, ces dernières semaines. Passée, je l'avoue, la stupeur des premiers jours (je me suis sentie tétanisée par la cadence des envois, avec cette surenchère de liens, de vidéos,.. merci d'avoir fait redescendre la pression), le journal a été notre fil conducteur, pour construire les projets, ritualiser comme tu dis, et rendre légitime ce temps consacré aux enfants. À défaut de pouvoir travailler à nos projets, on a fait le choix de se rendre disponibles, anticipant les frustrations. Et c'est bien comme ça.

Merci !!

À bientôt,

Aude