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Portraits à l'école maternelle de La petite Fourmi, en Chine

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Revue en ligne CréAtions n° 249 "Qui suis-je ?"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°249 - Publication : octobre 2020

École maternelle de la Petite Fourmi, Wuhan (Chine)

Enseignantes : HUANG Xiaolu, HUANG Li, SI Nuo et ZHU Haixia

 

 

 

 

 Portraits

 

 

 

 

L'école privée de La petite Fourmi se situe en Chine à Wuhan, énorme centre industriel et universitaire international. Ses enseignantes se forment à la pédagogie Freinet. Elles ont participé au Congrès d'Angers où des portraits ont été exposés. Nous publions ici leur témoignage.

Des répertoires graphiques
Ce projet est né de l’exploration du code artistique de l’artiste espagnol Joan Miró dans la classe Rousseau.

D’abord nous proposons aux élèves de faire un relevé des signes présents dans les œuvres de Miró : Le bel oiseau révélant l'inconnu à une paire d'amoureux, Soirée snob chez la princesse, Ciphers et Constellations dans amour avec une FEMME, Maravillas con Variaciones Acrósticas et Vase.

  

   

Lors des ateliers différenciés d’apprentissage, les enfants peuvent s’entraîner en dessinant et en décrivant : croisement de lignes en un point (étoiles), lignes brisées - lignes ondulantes, constellations, structures concentriques (œil), et reproduction de signes divers (lune, nuages, personnages). Chacun élabore son propre répertoire graphique.


Les enfants commencent par observer les signes graphiques. Ils constatent :

 

 

 

 

YAO Xintong, 4 ans : Ici, il y a beaucoup de formes, il y a des étoiles, il y a des météores, beaucoup de petits météores. Je préfère l’appeler Miró, parce que Joan Miró est trop difficile pour moi.

 

 LI Laixi, 4 ans: Je ne comprends pas ! (Elle a ensuite réalisé son propre répertoire graphique en souriant.)

  

 

Gui Ziyang, 4 ans : Un poisson, une étoile, un cercle et un bébé dedans.

 

  

Gao Shengxuan, 5 ans : Les cornes, la baleine, la petite cape portée par un bébé. Toute cette ligne et les choses à l'intérieur me font ressentir comme une grande vache. (Il venait d’avoir une petite sœur en ce moment-là.)

 

Un atelier qui s’appelle chasseur de signes permet aux élèves d’aller à la découverte du monde étoilé de Joan Miró. Ils peuvent aller à la chasse aux étoiles et autres signes avec une épuisette puis faire un inventaire de la récolte. Les élèves identifient d'abord les signes graphiques, repèrent et nomment les signes présents sur la toile en termes figuratifs (étoiles, œil, lune, nuages, personnages, point d’interrogation…) ou en termes descriptifs (petit point avec deux boules aux extrémités, ligne ondulante, ligne brisée). Puis ils peuvent essayer de reproduire les différents signes. Après, les élèves montrent leurs productions devant la classe et ils échangent ce qu’ils trouvent et apprennent. Par exemple comment obtenir une étoile en croisant plusieurs lignes ou comment dessiner une ligne ondulante ? Avec les discussions, les élèves peuvent repérer les formes récurrentes et maîtriser les gestes graphiques plus ou moins complexes. En même temps, ils reproduisent des signes en repérant leurs caractéristiques.

 

     

 

Des répertoires à la pâte à modeler puis au dessin et à l'expression orale
Ce répertoire graphique sert de référentiel lors des phases de productions. Il est important de noter que les répertoires individuels des enfants ne sont pas des premiers jets. Ils sont l’aboutissement d’un travail progressif de reproduction des signes. Nous mettons aussi à disposition des matériaux divers pour développer la conscience spatiale des signes graphiques : les enfants créent des signes avec de la pâte à modeler.

Lors de l'étape suivante, nous proposons aux enfants de réaliser, en dessinant ou en modelant des personnages du monde de Miró, mais beaucoup ne sont pas d’accord. Ils pensent que leurs personnages n'appartiennent pas à l’univers de Miró, mais à leurs propres mondes.

 De la reproduction des signes à la combinaison des formes, que les enfants explorent avec enthousiasme pour créer des personnages, le projet se poursuit. Cette recherche esthétique se mue progressivement en une quête philosophique socratique.

  

  

 

L'expression artistique comme langage
Nous, les enseignantes de l’école maternelle La Petite Fourmi, estimons que l’exploration de
soi à travers la production artistique est une autre langue dans laquelle l’enfant crée du sens et comprend la vie. Ces enfants, qui ont entre quatre ans et six ans, utilisent la brosse et l’argile pour créer leur identité propre. À l’aide de lignes, de couleurs et de formes, ils utilisent le langage de l’art pour raconter leurs histoires et mettre en valeur les détails complexes de leur vie.

  

     

 

 
  

   Qui suis-je ?