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Assassinat d'un enseignant à Conflans Sainte-Honorine

Assassinat d'un enseignant à Conflans Sainte-Honorine
Communiqué de l'ICEM pédagogie Freinet, 17 octobre 2020

 

Les membres de L’ICEM, l’Institut Coopératif de l’École moderne, ICEM - Pédagogie Freinet, expriment leur plus grand soutien aux proches et collègues de Samuel Paty, cet être que nous ne connaissions pas, mais en qui nous reconnaissons soudain, hélas, notre commune humanité. Notre collègue, professeur d'histoire-géographie au collège de Conflans Sainte-Honorine, vendredi 16 octobre 2020, a été sauvagement décapité.

Selon les premiers éléments de l'enquête, les motivations de cet acte odieux, ignoble et révoltant relèvent du terrorisme islamiste. Nous attendons, comme tous nos concitoyens, ce qu’établira la justice, sans nullement nous laisser aller à des conjectures plus que jamais dangereuses. Nous ne nous permettons que de parler depuis notre place, même si notre désarroi est aussi intense et profond que pour quiconque s’est réveillé ce matin en France, et ailleurs.

L’effroi touche toute part d’humanité en nous ; mais le pire des dangers serait de faire progresser, en nous aussi, la peur ou l’aveuglement d’une vengeance, qui détruiraient plus encore l’humain de notre communauté sans frontière ni ségrégation. Dans cette communauté des vivants, enseigner librement demeure plus que jamais le principe au nom duquel nous devons ne pas renoncer à pratiquer ce si difficile métier d’apprendre et de grandir. Un métier qui n’a pas d’âge, un métier dans lequel une nation entière doit conserver une confiance inébranlable.

Aujourd'hui, ce sont tous les éducateurs et toutes les éducatrices que nous sommes qui sont meurtris au plein cœur de notre métier, et pour tout dire au cœur de notre citoyenneté. Aucun enseignement ne doit faire encourir le risque d'une mort à celles et ceux qui l'enseignent — Aucun ! Rejetons l'ignorance et l'obscurantisme, les fausses informations, discours haineux et les mirages de tous les fanatismes.

Plus que jamais, face à l’immonde, revendiquons ce qui fonde un monde digne. L'école du peuple, que nous défendons à chaque instant, est une école où chaque enfant est « de même nature que nous » (tel est le premier des invariants dans lesquels nous fondons notre pédagogie). Cette école est libre, radicalement.

C’est une école où chaque élève est appelé à exercer cette liberté, en s'exprimant, en tâtonnant, en cherchant ses chemins de raisons et d'émancipations.

Nous, éducateurs et éducatrices, coopérons avec les jeunes praticiennes et praticiens, nos égaux en cœur, en esprit et en citoyenneté, nous travaillons ensemble à tracer des sillons si difficiles où planter de quoi faire pousser autre chose que des haines aussi massives que bêtes, à tracer des lignes de crête pour élever nos pensées. Des conditions de travail et de vie où chaque enfant, chaque adolescent, mais aussi ses parents, sa communauté, peuvent se sentir accueillis, quelles que soient l’origine sociale et géographique, lointaine ou proche, la couleur de peau, la religion, ou l’absence de religion.

Nous affirmons ici notre attachement à la laïcité, à une école pour toutes et tous, émancipatrice et ouverte, à la liberté d'expression.

Ne cédons pas au désespoir. « Il y a un invariant aussi qui justifie tous nos tâtonnements et authentifie notre action : c'est l'optimiste espoir en la vie » : tel est le trentième de ces repères qui nous aident à persévérer dans notre pédagogie.
En ce jour pourtant si sombre, il n’est pas le moindre à nos yeux, en nos esprits.

ICEM pédagogie Freinet, 17 octobre 2020

 

 

De nos camarades de la FIMEM...

COMMUNIQUÉ DU CA FIMEM SUR LE MEURTRE DE SAMUEL PATY

Le professeur français Samuel Paty a été assassiné de façon barbare dans l'exercice de ses fonctions d'éducateur.
Il avait essayé de faire réfléchir ses élèves sur l'importance de la laïcité, sur ce qui peut et ne peut pas être fait dans une société laïque moderne. La justice française suivra son cours, et établira les motifs et les responsabilités d'un geste aussi atroce.

A sa famille, à ses élèves, à toute la communauté scolaire du collège Conflans Sainte le CA Fimem, exprime son émotion et sa solidarité.

Le CA Fimem, par ailleurs, exprime sa solidarité avec les camarades de l'ICEM, et les remercie d'avoir immédiatement publiè un communiqué largement diffusé.

Les travailleurs scolaires des Mouvements membres de la Fimem s'engagent dans les écoles de leurs pays, dans tous les établissements, à construire au sein de l’école publique une école démocratique, laïque, coopérative, inclusive, où chaque enfant a une place centrale, indépendamment de l'hémisphère géographique, de la nation, de l'ethnie, du sexe, de la couleur de peau, de la langue, de la religion, etc.

La diversité est une véritable richesse, à accepter, à valoriser, qui aide à grandir.
Par une didactique et une pédagogie populaires, initiées par Freinet, qui permettent le développement d'une pensée critique et laïque,
nous pouvons aider à la formation d'individus de plus en plus libérés du totalitarisme de la pensée et de la violence fanatique.

C’est par le travail d’une pédagogie coopérative et de l’acquisition d’une conscience planétaire que pourra être poursuivi l’obiectif de transformation:
- de l'ignorance et de l’obcurantisme, par la préparation, l'étude, l’éducation;
- de la réception de nouvelles non fondées et non neutres, à la recherche de nouvelles vérifiées
- des paroles de haine et des mirages de tout extrémisme, en paroles de tolérance et de raisonnement respectueux des autres, etc.

La réponse la plus correcte est le développement d'une éducation émancipatrice dans laquelle la FIMEM s'est engagée depuis longtemps et dans laquelle elle continuera à s'engager.
Seules la culture et l'éducation peuvent sauver le monde !

Le C.A. FIMEM
Antoinette Mengue Abesso, Cheikh Makhfousse Seck, Gláucia Ferreira, Lanfranco Genito, Marguerite Gomez, Mohamed Id Babou