Raccourci vers le contenu principal de la page

Pitture rupestri (La découverte de l'art préhistorique)

Dans :  Principes pédagogiques › 

 

CréAtions "Témoignages en liberté"

Enseignant-e-s : Maria Rosaria Di Santo et Lando Landi

Traductrice : Nadia Aboaf

 

 

PITTURE RUPESTRI

La découverte de l'art préhistorique

 

En CE2, en étudiant la préhistoire, les enfants arrivent tôt ou tard au paléolithique supérieur. Pour éviter que le discours sur les hommes préhistoriques ne se réduise à une espèce de fable sans aucun lien avec notre passé réel, nous avons pensé leur donner, dès le début, une approche scientifique en cherchant à faire réfléchir les enfants sur ces structures élémentaires qui sont à la base de toute société humaine (l’art, l’économie, la technologie, etc.). C’est en effet la connaissance de ces structures qui facilite la confrontation entre les différentes cultures. En discutant sur la façon d’organiser notre intervention, nous ne pouvons éviter de repenser à notre propre découverte des peintures rupestres de Lascaux.

C’était l’émotion de découvrir que nous étions en plein dialogue avec des hommes qui vivaient il y a des milliers d’années, l’émotion de découvrir qu’il est toujours possible de se reconnaître dans les manifestations culturelles d’autres hommes et d’y trouver un aspect de notre propre moi, peut-être oublié, de notre propre humanité. Faire ressentir ces émotions aux enfants, tout en cherchant à leur faire acquérir la capacité de décentrer leur point de vue, pour comprendre des us et coutumes différentes des nôtres, nous semblent être des objectifs particulièrement intéressants en ce début de siècle où l’importance des mouvements migratoires pose dramatiquement le problème de l'acceptation des différences culturelles. Présentée de cette façon, l’étude de la préhistoire permet d’aborder les problématiques d’une école qui souhaite aller au-delà de la transmission de notions. C’est ainsi que nous décidons de débuter notre parcours de l’art rupestre.

Arrivés en classe, nous commençons par un récit : « En septembre 1940, quelques enfants jouaient dans un bois près du village de Montignac (France), quand ils remarquèrent un trou profond sous les racines d’un arbre tombé au sol. Ils comprirent, grâce à l’écho que produisaient les cailloux qu’ils y lancèrent, qu’il devait y avoir une grotte souterraine. Le jour suivant, nos héros retournèrent au même endroit avec des cordes et des lampes torches. Ils descendirent courageusement dans la cavité et se trouvèrent au centre d’une grande caverne dont les parois étaient couvertes de peintures splendides. Ces enfants avaient découvert l’une des plus belles grottes peintes par les Hommes du Paléolithique : la grotte de Lascaux ! »

Nous concluons notre récit en disant qu’il n’est pas donné à tout le monde de faire des découvertes aussi importantes… mais chacun de nous peut chercher à reproduire ces peintures de nos lointains ancêtres en utilisant les techniques qu’eux-mêmes utilisaient. Nous expliquons ensuite : « les artistes du Paléolithique obtenaient le jaune, le marron et le rouge brique à partir de terres colorées (ocre) réduites en poudre. Le noir était obtenu à partir du charbon. Le blanc était peu utilisé. Les couleurs étaient diluées dans de l’eau et ensuite mélangées avec des substances capables de mieux les fixer sur la roche comme le sang, la graisse animale ou le jaune d’œuf. Les peintures étaient réalisées sur les parois des cavernes alors que nous, nous utiliserons des dalles de pierre ».

Puis nous nous procurons ensuite le matériel : les dalles de pierre (une pour chaque enfant) auprès d’un négociant en matériaux de construction, les ocres dans un magasin de couleurs et peintures, cinq ou six œufs, quelques petits morceaux de charbon (à utiliser comme crayon de papier), des verres en plastique pour y mettre les couleurs, quelques petites branches pointues de différentes dimensions à utiliser comme pinceaux pour ceux (rares) qui n’aiment pas se salir les doigts.

 

 

Les enfants diluent
les poudres dans l’eau
jusqu’à ce qu’ils obtiennent une pâte
à la consistance crémeuse
puis nous ajoutons
un peu de jaune d’œuf
comme liant.


 Nous projetons ensuite quelques diapositives de Lascaux, de Rouffignac et de Pech-Merle pour montrer quelles couleurs les hommes du paléolithique supérieur utilisaient et pour observer comment ils représentaient les animaux, sujets de leurs peintures : isolés ? En troupeau ? Insérés dans un paysage ? Dans une scène de chasse ? De profil ? De face ? En mouvement ? Statiques ?

  Ensuite, une fois la lumière éteinte, nous évoquons par un récit, le monde mystérieux de la préhistoire, afin de faire en sorte que les enfants, au lieu de recopier passivement (et scolairement) les peintures rupestres, capturent dans leur imagination ces animaux qui donnaient lieu à des chasses et à l’admiration de nos lointains ancêtres.

Puis nos petits artistes se mettent au travail, d’abord en traçant avec le charbon les contours de l’animal choisi, puis en commençant à le colorier.

 

     

  

A la fin, ceux qui le souhaitent, peuvent présenter leur travail
à leurs camarades pour qu’ils donnent leur avis.

Au cours de cette expérimentation, nous constatons que les enfants qui croyaient ne pas savoir dessiner - parce qu'ils étaient trop inhibés par la tradition scolaire qui les avait habitués à recopier sur de petites feuilles avec des crayons et des feutres, des dessins tracés au tableau par l’enseignant - se sont finalement débloqués avec cette technique et, à leur grande joie, ils ont pu découvrir que la peinture était un moyen d’expression à leur portée. 

     

 

Témoignages en liberté