Nos contes de la nuit
Dans notre couloir, les enfants regardent souvent l'affiche qui est exposée. Elle leur évoque Kirikou (certains ont vu le dessin animé à la maison). Je leur fais alors remarquer qu'ils ont bien reconnu le travail de Michel Ocelot mais que l'affiche n'est pas celle du film Kirikou mais celle des Contes de la nuit. Je l'avais achetée quand, quelques années auparavant, ma classe était allée au cinéma voir le film. Comme ils ne connaissent pas ces contes, j'emprunte les livres à la médiathèque et leur lis.
Puisqu'ils trouvent l'affiche très belle, je leur propose de s'en inspirer pour dessiner les contes avec la technique encres et gros sel. |
Dans un premier temps, nous faisons des essais sur les papiers à disposition dans la classe : le carton ne convient pas, nous retenons donc le papier Canson®. "L'effet magique" de la technique les rend très productifs et productives, chacun·e réalise quatre ou cinq fonds.
La semaine suivante, nous reprenons les fonds pour y ajouter un personnage, un monstre, un paysage .... en noir. Je renonce rapidement à l'encre de chine car c'est une technique trop difficile à mettre en œuvre avec vingt-quatre enfants.
Je trouve les premières productions décevantes, beaucoup de cœurs, d'étoiles. Mais les enfants adorent, ils les emportent donc à la maison.
Lors des deux séances suivantes, je précise : il s’agit de représenter Nos contes de la nuit.
De quels monstres ou personnages se souviennent-ils·elles ? Serpents, dragons, araignées, fourmis géantes.
Desquels ont-ils·elles peur ? Monstres à six têtes, grands et gros, avec des grandes dents, ceux qui mangent les enfants et tout le monde.
Les enfants s'entrainent à les dessiner au crayon gris. Au fur et à mesure, j'affiche leurs productions au tableau pour les commenter lors d'un regroupement : "c'est trop joli" est la remarque la plus courante.
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À cet âge-là pour ces enfants dont beaucoup ne parlent pas le français chez eux, il est difficile de comprendre des conseils oraux. Afin de les amener à enrichir leurs productions, je leur montre certaines images des livres pour qu'ils observent les détails des profils, des ombres, etc. Certains le font alors d'eux-mêmes pour trouver de nouvelles idées.

Nous mettons les travaux sous cadre et les accrochons dans les couloirs. Ils sont fiers de leurs réalisations et savent reconnaitre, pour chacune, leur auteur·e. Les enfants des autres classes admirent leurs productions.
Lors des lectures, j'apprécie la qualité d'écoute des enfants dont beaucoup ont habituellement du mal à soutenir leur attention. D'ailleurs, quand nous visionnons le film, je m'aperçois que certains ont mémorisé des extraits des contes. Je souligne leur investissement et leur persévérance car j'ai souvent le sentiment qu'ils redécouvrent les arts plastiques à chaque projet. Je note une certaine pauvreté de l'expression et un apparent manque de soin dans leurs productions largement compensés par l'intérêt pour les contes et par le plaisir à expérimenter et à faire leurs fonds "magiques".
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