Par Patrick Labarrière le 04/10/21 - 07:06
N°254
Éditorial
Passé le 55e Congrès de l’ICEM-pédagogie Freinet à Bétheny-Reims, passé les injonctions ministérielles de la rentrée scolaire, passé les protocoles sanitaires, voilà les premiers jours en classe avec l’interrogation récurrente : comment l’aménager au mieux ?
Tout espace influe sur les personnes qui y vivent, même si elles n’en ont pas conscience. Les couleurs employées, le mobilier utilisé et sa mobilité, la présence de la lumière du jour, la superficie disponible, la chaleur qui y règne déterminent certains comportements, permettent certains fonctionnements : ils favorisent la rencontre ou pas, la coopération ou la compétition, la polyvalence des activités individuelles et collectives...
En pédagogie Freinet, l’organisation matérielle, spatiale, architecturale est fondamentale. La révolution pédagogique commence par les changements matériels dans la classe. Penser l’espace-classe c’est penser une autre forme d’éducation, une autre posture de l’enseignant, un autre regard sur l’enfant. « Supprimez l’estrade ! » disait Freinet « et si vous ne pouvez pas l’enlever, faites-en une table d’exposition et de travail ». Ce numéro détaille donc l’aménagement des espaces scolaires, non seulement les classes, mais aussi les couloirs, les halls, les cours…
Contrairement à la « classe autobus », modèle immuable lié à l’enseignement transmissif magistral, l’espace de la classe Freinet est toujours interrogé. Les élèves ont, bien sûr, leur part dans cette réflexion sur l’organisation de leur lieu d’apprentissage. Et les enseignants et enseignantes l’aménagent en fonction des contraintes matérielles mais aussi de leur cheminement en pédagogie Freinet : abandon des pupitres personnels au profit d’espaces de travail (p. 12), tables mobiles à roulettes (p. 25), utilisation des murs comme tableaux (p. 23), colonisation du hall ou du couloir pour le travail individualisé et les ateliers… (p. 8-9)
On repère bien des points communs dans ces témoignages : favoriser l’expression libre, rendre la circulation plus facile pour apprendre l’autonomie aux enfants, permettre à la fois le travail individualisé et le travail coopératif. Tous les ingrédients de la Méthode naturelle.
Le comité de rédaction