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L'histoire de mon dessin

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Revue en ligne CréAtions n° 262 "Conte et raconte !"
annoncée dans Éduc'Freinet n°262 - Publication : avril 2023

Classe maternelle multi-âges - École de Guerlédan, Saint-Aignan (Morbihan)

Enseignante : Marie-Noëlle Robin-Decayeux

 

 

 L'histoire de mon dessin

 

Chaque année, j'édite un journal hebdomadaire constitué du travail de la classe : des dessins avec leurs histoires, des photos de productions artistiques et de constructions libres, des comptes-rendus d’activités.
"L’histoire de mon dessin" est un atelier ritualisé et clairement identifié par les élèves dans l’emploi du temps de la semaine. Il a lieu dès le lundi afin de me permettre d'avoir du temps pour faire la mise en page du journal hebdomadaire publié le vendredi. 

L’atelier se déroule en petits groupes de quatre ou cinq élèves qui s'installent avec moi.
Je donne les consignes durant les premières semaines de l'année puis très vite cela devient un incontournable de la culture de la classe.
Toutefois, je peux les rappeler lorsque le dessin ou l’histoire ne correspondent pas aux attendus : "C’est pour le journal - L’histoire peut être vécue ou inventée - Elle doit avoir du sens, un début, un évènement intermédiaire et une fin - Le dessin doit correspondre à l’histoire : certains détails doivent être présents (décors, personnages, environnement…)."


Les enfants dessinent d’abord au feutre fin noir puis me racontent leur histoire.

C’est à ce moment-là que je peux interroger la cohérence des deux et demander à reprendre soit le dessin soit l'histoire pour qu’ils correspondent bien.
Lorsque c’est terminé, les grands puis, au fur et à mesure de leurs progrès, les moyens et les petits, le mettent en couleur aux crayons de couleur dès le début d’année. Là encore, c’est un apprentissage à travailler en amont : colorier son dessin sans dépasser, être en accord dans le choix des couleurs entre l’élément à colorier et la couleur choisie…
Pour les moyens, cela démarre lorsque les éléments de leur dessin sont reconnaissables et deviennent plus faciles à colorier.
Ce n’est donc pas forcément au même moment pour tous et toutes.

 

Le bonhomme va dans sa chambre.
Il regarde par la fenêtre. Il voit des fleurs.
Il va les arroser.
Charlotte - GS
Une famille d'arbres se promène dans la forêt.
Ils rencontrent une fille et un garçon qui jouent à cache-cache
dans la forêt. Ils jouent tous ensemble
Ludmila - MS

 

Pour les petits et tout-petits, je m’arrête au dessin en noir et blanc sauf si, comme pour les moyens, le dessin est suffisamment apparent pour être colorié. C’est donc vraiment au cas par cas que la mise en couleur est réalisée.
 Le loup mange des petits enfants.
Il n'est pas content après les papas et les mamans.
Manech

 

Il m’arrive souvent dans l’année de modifier l’ordre du travail. Lorsque « dire l’histoire de mon dessin » fonctionne bien, je demande à  l'élève de faire l’inverse :


"Cette fois, tu vas d’abord me raconter l’histoire. Je l’écris dans ton cahier.
Et ensuite, tu feras le dessin au feutre noir."

C’est un exercice difficile pour eux : démarrer l’histoire n’est pas simple, ils n’ont pas d’éléments aidants sous les yeux. Tout doit donc partir d’une construction abstraite, essentiellement dans le langage. Lorsque l’enfant n’a pas d’idée pour démarrer, je le questionne sur ce qu’il a fait pendant le week-end et/ou je lui rappelle qu’on peut parler de personnages imaginaires que nous citons ensemble : dragon, monstre, princesse, chevalier, loup, lapin lutin, fantôme, sorcière, etc.

 

Mamie prend son seau. Elle va donner le lait aux petits veaux
dans la cage. La vache fonce sur la barrière, elle se sauve.
Mamie la récupère et la ramène dans le champ.
Elle a vêlé, elle a eu un petit veau. Elle le met dans une cage. 
Charlotte - GS
Mahé, Maman et moi, on fait du poney sur Evéa chacun son tour.
On va sur le canal. C'est le poney de Mahé.
Charlotte met les pieds d'Evéa dans l'eau et après on repart.
On met une selle, un casque et des bottes.  
Ludmila - MS

 

 

Enfin, je peux aussi partir d’images que nous avons observées en atelier langage* :

 

les enfants choisissent une image ou en prennent une au hasard et l'intègrent,
en la reproduisant entièrement ou en partie, à leur dessin.
Une fois celui-ci terminé, ils viennent me raconter l’histoire.


Un vampire va  dans la forêt. Il cherche des enfants.
Il veut leur faire peur. Il mord les enfants
qui ne sont pas sages. Il prend leur sang.

Charlotte (carte vampire)


Des gens se baignent. Ils voient une île.
Ils voient des cocotiers et du sable.
Ils vont s'allonger sur le sable et dormir.
  Ludmila
(carte île)

Cet exercice est très difficile, surtout pour les enfants dont le bagage langagier est pauvre.

D’où l’importance de leur lire et relire des histoires à l’école, de les emmener dans des lieux artistiques, des milieux naturels, et de les faire s'exprimer sur ce qu'ils voient, entendent, touchent, ressentent…

 

* Il a lieu une fois par semaine : mémory, loto, "7 familles",  "qui est-ce ?" "vocabulons des petits" avec le plus souvent des images simples ou un dessin très figuratif, des photos d'animaux, objets, lieux, personnages de contes, éléments naturels ou imaginaires : dinosaure, jardin, vélo, planète, pomme, vampire, chat, escargot, football, danse, etc.
À chaque présentation d'un nouveau jeu, nous échangeons sur les images, puis lorsqu'il est bien connu des enfants, il devient ainsi une "banque d'images" à utiliser pour une autre activité. Détourner de leur fonction d'origine des jeux présents dans la classe me permet ainsi d'avoir des images pour le langage sans en fabriquer.

 

  Conte et raconte !
  

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