Janvier 2025
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Freinet info n° 83
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Sommaire :
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Dans son environnement naturel, l'enfant est, par nature, expérimentateur. Il procède spontanément par un tâtonnement qui évolue depuis la forme primaire par essais-erreurs au hasard vers des formes supérieures, plus élaborées, que Célestin Freinet désignait globalement par "tâtonnement expérimental".
L'expérience tâtonnée permet aux enfants d'émettre et de modifier leurs propres hypothèses conduisant à la construction de savoirs personnalisés évoluant par les différentes médiations vers les savoirs communs. En règle générale la première phase est la phase d'hypothèses. Souvent implicites, elles peuvent s'exprimer par le geste, le dessin ou verbalement et émerger.
Lorsqu'une hypothèse est émise, elle est testée immédiatement par l'enfant : c'est la phase action-essai, de vérification. La réponse fournie en retour (feed-back) permet à l'enfant, si l'effet recherché est obtenu, de l'intégrer à sa structure cognitive par répétition, puis de la réinvestir et de la transférer à d'autres situations.
Si l'effet recherché n'est pas obtenu, l'enfant rejette son hypothèse et peut soit abandonner pour un temps son expérience tâtonnée, soit modifier sa première hypothèse pour en élaborer une nouvelle qui donnera lieu à de nouveaux essais jusqu'à l'aboutissement.
En début d’année, je propose aux enfants de choisir une couleur de peinture à la gouache et de s’amuser à trouver différentes techniques d’utilisation avec les outils dont ils disposent. Il n’y a pas d’objectif de production, les réalisations ne sont pas forcément faites pour être gardées, il s’agit de chercher des effets, d'expérimenter gestes et outils, de jouer avec la matière, de tester des techniques.
À la fin de la première séance, nous affichons les productions et celles et ceux qui le souhaitent peuvent s’exprimer. En premier, les enfants partagent leurs impressions, se posent des questions :
"Comment tu as fait ici pour que cette forme apparaisse ? "
"Là c’est comme ici ! "
"Comment as-tu fait pour que ça soit comme ci, comme ça ? "
"J’aime bien cette technique, ça me fait penser à… ".
Et seulement après, on donne la parole aux auteurs pour qu’ils répondent aux questions et s’expriment à leur tour.
"Comment tu as fait ici pour que cette forme apparaisse ? "
"Là c’est comme ici ! "
"Comment as-tu fait pour que ça soit comme ci, comme ça ? "
"J’aime bien cette technique, ça me fait penser à… ".
Et seulement après, on donne la parole aux auteurs pour qu’ils répondent aux questions et s’expriment à leur tour.
Consulter la revue CréAtions en ligne n° 261 Transformer l'essai pour d'autres idées artistiques.
... en Français, La grammaire en quatre pages de C. Freinet (extrait)
La technique de travail traditionnelle est tout entière basée sur la leçon faite par le maître, étudiée ensuite dans le manuel, avec la plupart du temps des résumés appris par cœur et des devoirs d'application.
C'est une méthode de travail. Elle a aujourd'hui fait ses preuves. On connaît les quelques avantages qu'elle présente : avec un minimum d'initiative et de don de soi, mécaniquement, en suivant les manuels, n'importe quel instituteur peut l'administrer, même sans faire le long apprentissage de l'Ecole Normale.
C'est une méthode de travail. Elle a aujourd'hui fait ses preuves. On connaît les quelques avantages qu'elle présente : avec un minimum d'initiative et de don de soi, mécaniquement, en suivant les manuels, n'importe quel instituteur peut l'administrer, même sans faire le long apprentissage de l'Ecole Normale.
Mais on a toujours hésité à en divulguer les inconvénients et les dangers parce que critiquer ce que l'on ne peut ou ne sait remplacer, c'est dénigrer et que dénigrer est toujours une position difficile et dangereuse.
Nous qui savons où nous allons, nous pouvons nous payer l'audace de dire que la technique traditionnelle des devoirs et des leçons, que nous critiquerons en détail dans une autre opuscule, présente, parmi tant d'autres tares, celle de n'avoir qu'une efficience extraordinairement réduite.
[...]
C'est en écrivant qu'on apprend à écrire
De mes observations personnelles, je déduirai déjà ceci : qu'on peut fort bien écrire correctement sinon académiquement, sans connaître les règles de grammaire. Il suffit pour cela d'avoir senti la nécessité de quelques principes essentiels et surtout d'avoir, par de nombreux exercices, assoupli notre plume comme nous avons, au cours de nos premières années, assoupli notre langue au contact familial.
Mais en fait d'exercices, nous n'avons que faire de ces "devoirs" dont sont bourrés nos manuels. Les seuls exercices que nous préconisions et que nous acceptions, sont ceux que suscite et motive la vie, ceux qui répondent aux besoins d'activité, d'expansion et de perfectionnement des enfants.
Et, comme préface au cours le grammaire annoncé, nous poserons seulement aujourd'hui le premier, le grand principe : le principal devoir de grammaire française et le plus profitable est la rédaction : individuelle, par groupes, ou en collaboration avec le maître, pourvu que cette rédaction ne soit pas un devoir, mais bien l'expression d’une pensée qui a besoin de jaillir.
C'est en écrivant et en lisant qu'on apprend à écrire et à lire (écrire signifie ici rédiger). Qu’importe si le jeune enfant ne distingue pas le nom du verbe, si les grands élèves confondent article, proposition, adverbe. Rien ne presse...
En ce début d'année vivez avec vos élèves, aidez-les à s'exprimer et à s'épanouir, en vous appuyant sur les motivations que nous avons suscitées : imprimerie, échanges scolaires, manuscrits ou imprimés, vie sociale de la classe. Ce travail sera cent fois plus profitable que tous les exercices de grammaire.
Au Cours Élémentaire et au Cours Moyen cependant, si vous voulez faire un peu de grammaire formelle, car il faut penser aussi, nous le savons, aux inspections et aux examens, donnez à conjuguer aux temps usuels (indicatif présent, imparfait, passé composé. futur, conditionnel, impératif) quelques verbes et expressions tirés du texte journalier. Le verbe, surtout en français, a des formes tellement variables et baroques qu’il n'est pas inutile pour l'orthographe en particulier, d'en montrer toute l'année les difficultés. Mais que ce travail n'ait jamais la forme d'une conjugaison morte : qu'il soit toujours basé sur l'intérêt du jour et se présente à l'esprit de l'enfant comme une nécessité.
A tous les cours, et dès le début de l'année, il est naturel pendant la mise au point des textes à imprimer, d'attirer l'attention des enfants sur les formes grammaticales qui s’apprendront sans ennui ni dogmatisme. Il sera facile déjà de montrer ainsi activement à différencier le nom, le verbe et les adjectifs.
Lire La grammaire en quatre pages de C. Freinet
La recherche mathématique est une technique d'apprentissage basée sur des productions mathématiques libres d'enfants (parfois appelées créamaths) à base de traits, de points et/ou de chiffres et de signes. Elle se pratique plutôt en demi-groupe classe et nécessite donc un travail autonome des autres élèves.
Il s'agit pour chaque enfant, à partir de sa production initiale et avec l'aide de l'enseignant·e, de se donner un but de recherche, un défi à relever. L'enseignant·e intervient régulièrement pour l'aider à progresser dans sa propre démarche en l'aidant à la clarifier, en lui donnant les bons outils et, au final, en validant la réussite du défi.
Des phases de mises en commun sont organisées en collectif dans lesquelles toutes les étapes de la recherche sont présentées et explicitées à la classe par l'enfant, où les autres peuvent poser des questions et donner de nouvelles idées. L'enseignant·e reformule souvent et nomme les notions importantes. Ces moments peuvent être ponctués d'essais réalisés par tout le groupe pour s'approprier ou aider la recherche en cours et s'entraîner sur des techniques ainsi découvertes.
Et pour aller plus loin, lire Le point d'Inflexion.
Retrouve des applications concrètes de Tâtonnement expérimental en classe sur le site Coop'ICEM.
Apprendre par « tâtonnement expérimental » : un processus naturel d’apprentissage et d’action.
Retour sur des écrits de Freinet, confortés récemment par la neurophysiologie.
L’occasion de faire le point sur ce processus confronté ici à des pratiques actuelles.
LÈMERY Edmond et HANNEBIQUE Sylvain
Acheter la version numérique ICI.
Un outil pour la classe, TATEX
développer le génie inventif de chacun par le travail coopératif :
48 défis pour s'initier au tâtonnement expérimental
développer le génie inventif de chacun par le travail coopératif :
48 défis pour s'initier au tâtonnement expérimental
ATELIERS TATEX :
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Des situations de tâtonnement expérimental dans divers domaines de la technologie, réalisables de la maternelle au lycée selon les défis.
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Des pratiques de recherche coopérative libre à partir de matériaux faciles à se procurer.
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Où le travail manuel appelle des réflexions approfondies...
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Des moments de réelle jubilation, tant pour les élèves que pour les enseignant·e·s.
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De nombreuses lois de mécanique, de dynamique ou de physique mises en jeu.
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Des occasions de faire des liens avec l'environnement technologique, naturel ou architectural.
Il n'est pas nécessaire de connaitre ou maitriser tous les phénomènes physiques mis en jeu pour se lancer.
Conçus pour être facilement mis en oeuvre de la maternelle au lycée avec du matériel aisément récupérable, ces ateliers visent aussi à montrer que tout groupe d'individus est capable de développer un "génie inventif" étonnant.
Tribune unitaire du Collectif Riposte éducation
Riposte éducation est un collectif de chercheurs, de responsables associatifs et syndicaux de l’éducation qui appelle à « refonder » le système éducatif pour aller vers davantage de coopération, d’épanouissement et d’émancipation des jeunes.
https://collectif-riposte-education.fr
https://collectif-riposte-education.fr
Il y a bientôt un an, près d'une cinquantaine de mouvements pédagogiques, associations complémentaires de l'école, associations d'usager·ères, et organisations syndicales, plusieurs centaines de chercheur·es et personnalités de l'éducation lançaient le collectif Riposte éducation, à travers un premier appel rassemblant toutes celles et ceux qui ne peuvent se résigner à une École du tri social. Faisant le constat d'un service public d'éducation « qui va mal », où les inégalités scolaires se creusent, où la réussite scolaire est de plus en plus marquée par l'origine sociale et où les personnels sont à bout, où les enfants et les jeunes sont en souffrance, elles et ils appelaient à rompre avec les politiques éducatives menées depuis 2017 pour « refonder une institution éducative démocratique, humaniste, moderne. »
Un an après, nous lançons un nouvel appel dans un contexte politique instable et inquiétant, hostile à l'école publique et face à une nouvelle dégradation du système éducatif en France. Ce contexte appelle à repenser la finalité de notre système éducatif et à définir collectivement son rôle sociétal. Il est urgent de redonner à l'École et à ses personnels, aux parents, aux associations d'éducation populaire et d'éducation nouvelle, les moyens de travailler conjointement à l'épanouissement et à l'émancipation des jeunes, et de retisser les liens humains qui sous-tendent la société.
Un an après, nous lançons un nouvel appel dans un contexte politique instable et inquiétant, hostile à l'école publique et face à une nouvelle dégradation du système éducatif en France. Ce contexte appelle à repenser la finalité de notre système éducatif et à définir collectivement son rôle sociétal. Il est urgent de redonner à l'École et à ses personnels, aux parents, aux associations d'éducation populaire et d'éducation nouvelle, les moyens de travailler conjointement à l'épanouissement et à l'émancipation des jeunes, et de retisser les liens humains qui sous-tendent la société.
Aujourd'hui, le caractère ségrégatif du système scolaire est aggravé tant par que par les mesures du soi-disant « choc des savoirs » que par un soutien institutionnel marqué aux établissements privés sous contrat, qui revendiquent de ne pas appliquer les réformes afin de renforcer leur attractivité, . L'éducation nationale est soumise à une mise au pas idéologique, sous la houlette du conseil scientifique de l'éducation nationale et par la généralisation des évaluations nationales. La finalité de notre système éducatif serait de trier les élèves et de permettre à une petite proportion d'élu·es de pouvoir choisir leur voie et poursuivre des études. La hiérarchisation des savoirs et des filières, l'orientation par l'échec dès le collège, la diminution des enseignements généraux dans les filières professionnelles ne permettront pas aux nouvelles générations une autonomie et une possibilité d'évolution ou de mobilité professionnelle.
Envie d'en savoir plus ?
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ICEM-Pédagogie Freinet
10, chemin de la Roche-Montigny 44000 Nantes
02 40 89 47 50 secretariaticem-freinet.org (secretariaticem-freinet.org)
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Mouvement Freinet international
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