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Extraits du journal de Dôlan - stage de Sarzeau, organisé par le Secteur Arts et Créations en août 2001

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Le cheminement de Dôlan

Day 1

 Le matin, enfermée sous la pluie avec tous ces gens que l’on ne connaît pas, la question qui se pose est : « Pourquoi suis-je ici ? » C’est terrifiant. La réponse se trouve dans mes objectifs : surmonter mes propres barrières afin de créer quelque chose.

  « Tu vas rester ! »

L’après-midi, ça va un peu mieux.

Qu’est-ce que c’est un déclencheur ? parmi d’autres choses, c’est ça .............

 Quelle horreur… Merci Agnès.

 Day 2

Au matin, la tension monte un peu, histoires des « fils rouges » du passé : ça ne me fait pas peur. J’ai tellement envie de faire quelque chose, rien ne peut me décourager. J’ai confiance, ça va venir…

Le soir, hmmm, pas encore. Je ressens une légère panique, rien de trop inquiétant ; ça va venir…

 Pendant la nuit, la légère panique devient un peu plus forte ; des idées me tournent dans la tête et moi, je tourne dans mon lit (superposé). J’espère que je ne dérange personne, surtout pas Hélène, qui dort au-dessous de moi.

 Au petit matin : et si ça ne venait pas… ?

 


Day 3

Le matin, en voiture, direction le Centre d’art de Kerguéhennec !

L’air est frais et un voile de brouillard matinal nous accueille à l’entrée du parc. Les appareils photos sortent et on se prépare à tout ce que le jour va nous offrir. Je ressens déjà quelque chose d’extraordinaire.

L’après-midi, il fait chaud. Quelle surprise de voir notre déclencheur orange figurant dans le travail de Sylvie Franchon ! Comme le monde peut être petit ! On se promène. Je me sens très calme. Je reste en éveil, sensible à tout ce qui m’entoure. Je n’analyse pas trop, de peur de casser ce que je ressens.

 Je trouve dans l’herbe une libellule morte. Je la prends. Elle me « parle ». Quelque chose se passe en moi. Cette libellule est importante. Elle est mon déclencheur. Pourquoi ? Je ne peux pas le dire exactement mais au vu de l’intensité de ma réaction, il ne pouvait pas en être autrement. Elle sera un élément de mon « fil rouge ».

On s’approche du « Naufrage de Malévitch », œuvre de François Morellet qui se trouve en partie dans le lac du parc. Nous traversons un pont et nous entendons des miaulements. Nos récupérons deux chatons qui ont besoin de notre aide. Très perplexes, on se demande comment ces chats peuvent se retrouver dans un lieu pareil. C’est décidé : ils vont venir avec nous à Sarzeau.

 Agréablement épuisés, on rentre « à la base » après une journée plein de richesses, avec deux «stagiaires» en plus et le début de mon « fil rouge » dans le sac. Quelle belle journée !

 Le soir, on mange dehors, je ne sais pas quoi exactement mais c’est sans importance : j’ai le début de mon « fil rouge ». Je vais bien dormir.

 Mais ce n’est pas vrai ! Pendant la nuit, je n’arrive pas à m’endormir. Je suis trop contente, je ne peux pas enlever ce sourire qui se trouve coincé sur mon visage.

 

Day 4

 Le matin, du béton cellulaire, des outils, des conseils, des renseignements techniques et beaucoup de bruit. Tout le monde s’y met ou presque. On creuse, on scie, on tourne, on est détendu.

 Il y a de la poussière partout, je vais à l’ombre et je m’écarte du bruit. J’ai besoin de solitude. Je creuse un rectangle dans mon bloc de béton cellulaire. Je creuse une place pour ma libellule.

Je réfléchis ; ce choix de matières me plaît, les contrastes qui se forment aussi : naturel / artificiel, organique / synthétique.

 Je continue dans mes réflexions. Je veux tisser quelque chose, je veux prendre seize « choses ». Je cherche, je me tourne vers la nature, mon environnement immédiat.

 Je vois des arbres, de grands pins maritimes. Je trouve des aiguilles de pin par terre. Seize aiguilles alors, un pour chaque membre de notre groupe.

 Je suis consciente et un peu inquiète parce que derrière mon choix de matières pour le tissage, il y a un double sens : les aiguilles peuvent faire mal. Je décide que c’est quand même une matière convenable pour symboliser les membres de notre groupe, moi incluse. En tout cas, ce n’est pas cette qualité qui va dominer: les aiguilles vont travailler ensemble pour créer quelque chose de plus fort. Il me reste à creuser un deuxième bloc pour accueillir le tissage et le groupe.

 En début de nuit, nous revenons d’une soirée de discussion devant le feu, sous un ciel étoilé. On prend un coup très fort quand on trouve, en morceaux par terre, le travail de Vincent et d’Eric, cassé et détruit par quelques jeunes vacanciers avec qui on partage le lieu. Leurs motifs sont aussi mystérieux que l’endroit où peut se trouver maintenant ma libellule.

 On va se coucher.

 

Day 5 & 6

 C’est vraiment incroyable !

 Un peu brisée, ma libellule réapparaît : elle a survécu aux événements de la nuit précédente et c’est Vincent qui la retrouve. Il vient m’aider avec le tissage. Les aiguilles ne sont pas très coopératives, mais on finit par les convaincre (avec quelques gouttes de colle !). Deux plaques de verre, des clous et voilà, mon « fil rouge » est prêt à trouver son lieu d’exposition.

 Je l’ai trouvé. C’est en bas, c’est un endroit entouré d’arbres, une cachette où les feuilles sur les branches créent e petits parasols pour la libelle et nous.

 Day 7

 C’est le jour des présentations

Du calme, du calme, on va tous passer par là…

 Avec chaque stagiaire, un moment privilégié. « Chaque-un » présente son œuvre finale et révèle le cheminement qui l’a conduit à cette conclusion et on y retrouve, souvent, le groupe omniprésent.

Day 8

 
Le départ

Il est très difficile de dire « au revoir » à tous ces gens que l’on connaît. Après une semaine inoubliable, je rentre chez moi avec tout ce que j’ai vécu greffé sur mon âme, et un petit chaton dans un carton sur mes genoux.


Sarzeau et au-delà, Dôlan Llewellyn

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