Janvier 2025
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Freinet info n° 84
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Sommaire :
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[...] La Coopérative scolaire suppose :
- une vie nouvelle à réorganiser sur d'autres bases, l'abandon de la discipline traditionnelle, et l'appel le plus large possible à l'organisation par les enfants de la vie de leur classe ;
- un travail nouveau qui n'est plus réglé souverainement et préalablement par Paris, par les programmes ou par les manuels scolaires, un travail nouveau qui suppose et nécessite la coopération.
Tout notre matériel est conçu justement pour ce travail nouveau. Il est presque toujours un matériel collectif, communautaire, qui appelle l'organisation coopérative.
Les méthodes traditionnelles, la pratique du manuel étaient basées sur le travail individuel, qui ne saurait même s'accommoder de la forme coopérative : chaque enfant a son livre, fait son devoir, étudie sa leçon. Les essais d'entr'aide deviennent des tricheries et sont punis comme tels.
L'arrivée du matériel d'imprimerie dans une classe suppose un changement radical d'orientation. Ce matériel appartient à tout le monde et le travail qu'il permet ne saurait être que le travail d'équipe. Cela suppose un embryon au moins d'entente, d'organisation, un règlement, Il en est de même pour le Fichier scolaire Coopératif, le Dessin, la Correspondance, les Fichiers autocorrectifs, le musée et le travail scientifique, l'administration du jardin, le cinéma, les disques.
Quand vous avez ce matériel, vous n'avez plus à expliquer la coopération, la coopération est une nécessité. Vos enfants eux-mêmes comprendront que le travail en commun marche d'autant mieux qu'il est régi par des règles élaborées en commun, senties et approuvées, donc respectées par tous. Les statuts répondront à ce besoin.
Ces observations pourraient sembler accessoires ; elles sont essentielles. Nous sommes certes pour l'organisation, sans laquelle il n'y a que désordre, nervosité, inefficience. Mais on n'organise pas le vide. Si vous êtes seul à rouler sur une route privée vous n'avez pas besoin de règlement et vous trouveriez ridicule et comique le fait d'appliquer ici le code de la route sous prétexte que ce code existe ailleurs...
Mais dès que la circulation deviendra un peu plus complexe, alors oui, le règlement s'imposera.
C'est pourquoi nous disons aux éducateurs : ne partez jamais du règlement quand vous désirez constituer la Coopérative scolaire. N'organisez pas à vide mais introduisez dans le processus de vie de votre école des pratiques modernes de travail : cédez à vos élèves un coin de votre jardin, ou louez pour eux une parcelle voisine ; élevez un lapin, organisez des sorties, des visites, achetez notre matériel coopératif. Alors le besoin d'organisation s'imposera.
Ne présentez pas tout de suite des modèles de statuts. Organisez votre classe et votre travail selon vos moyens de bord, en vous inspirant certes de ce que vous avez vu réaliser ailleurs et de ce que vous aurez lu dans cette brochure. Laissez les enfants s'essayer en tâtonnant à cette forme nouvelle de vie. Il n'est pas nécessaire que le responsable ait été nommé par vote régulier ni qu'on ait défini toutes les attributions du trésorier. Ce formalisme quelque peu impressionnant, risque de décourager certaines bonnes volontés.
Créez, à même la vie, la fonction d'abord ; la fonction créera ensuite l’organe. Quand vous présenterez un jour prochain des statuts modèles, tous les enfants comprendront alors ce qu'ils sont - ou doivent être - et les statuts ne seront là que pour renforcer l'organisation normale et naturelle.
Alors vous aurez définitivement évité l'écueil de la bureaucratie. Vous aurez sûrement la Coopérative scolaire réalisée par et pour les enfants. Et vous pourrez pousser au maximum l'organisation, l'obéissance au règlement, la conscience scrupuleuse des responsables parce que la Coopérative scolaire sera devenue la nécessité vivante de votre travail. [...]
Célestin Freinet
[...] Lorsqu’il écrit un texte, l’élève rencontre une multitude d’obstacles. Le recours à ses pairs lui confère plusieurs avantages : il permet à l’élève de ne pas se démobiliser dans l’accomplissement de sa tâche tout en faisant émerger des pistes de réflexion qui lui permettront, c’est le pari que nous faisons, de surmonter les obstacles rencontrés et de progresser. Ce temps de réflexion collective autour d’un texte, c’est le « point d’ancrage » nécessaire à son auteur pour progresser. Ce qui était possible devient alors réalisable, le texte prend forme grâce à l’aide apportée par la classe ! L’estime de soi et la confiance de l’enfant qui aura bénéficié de l’aide du groupe s’en trouvent renforcées. Et ceci d’autant plus si son texte est publié.
Dans son processus d’écriture, l’enfant en panne d’idées ou en difficultés a besoin de l’aide de la classe pour le soutenir dans l’écriture ou le travail de correction de son texte. Différents outils, aides, dispositifs, formes d’organisation du travail sont indispensables pour permettre à tous les enfants de progresser dans l’écriture des textes libres et de vaincre les blocages. Voici quelques pistes puisées dans notre expérience d’enseignants en cycle 3 pour mettre en place la coopération au service du texte libre. Il ne s’agit pas d’un exposé exhaustif. [...]
Annie de Larochelambert et Alain Schartner
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Séances de grammaire coopérative en CM1/CM2
Pour aider mes élèves à mieux s’approprier la notion de fonctions dans la phrase, je leur propose un travail coopératif en plusieurs étapes.
1 ) Les élèves se mettent par groupes hétérogènes de 5 ou 6. Ensemble ils se mettent d’accord sur une phrase, qu’ils vont ensuite analyser. Ils mettent en évidence le sujet, le verbe, les compléments de phrases et les compléments de verbe.
2) Le groupe a à sa disposition des étiquettes en carton (format environ 1 2 cm sur 30 cm) sur lesquelles figurent les différentes fonctions possibles. Chaque élève recopie sur une feuille le ou les mots en lien avec la fonction et l’attache sur le carton avec deux pinces à linge (en faisant attention de ne pas masquer la fonction écrite sur le haut de l’étiquette).
3) Tous les groupes se disposent en cercle dans la classe de telle manière que tout le monde voie tout le monde. Ensuite les discussions commencent. Un premier tour est consacré aux corrections orthographiques et un 2 e tour à la vérification des choix des fonctions et aux discussions pour justifier ses choix. Chacun peut proposer une modification dans son groupe ou dans les autres groupes, il doit justifier sa correction. [...]
Christine Durand
[...] Mais concrètement c’est quoi la coopération ?
Définition de Sylvain Connac :
La coopération entre élèves : ensemble de situations où des élèves produisent ou apprennent à plusieurs, impliquant le partage de désirs et la générosité réciproque. Ils œuvrent et agissent ensemble pour un bénéfice mutuel.
La célèbre affiche des ânes permet une belle illustration.

La coopération doit être choisie et non subie.
La coopération ne s'impose pas. Chacun a le choix de travailler seul, à plusieurs, d'aider ou de se faire aider. Le rôle de l'enseignant serait-il alors de former les élèves à la coopération afin de motiver plus souvent les élèves à faire ce choix ?
La coopération n’est pas une méthode mais un ensemble de dispositifs. On n’a pas besoin de la
coopération tout le temps.
Il semble important de disposer d’un temps individuel de réflexion avant la coopération, pour se préparer à donner un avis ou avoir quelque chose à apporter au groupe.
Comment constituer des groupes de coopération ? La répartition aléatoire des élèves volontaires pour coopérer est la moins mauvaise des méthodes.
La meilleure façon de faire progresser les élèves les plus faibles, c’est de les rendre tuteurs d’un de leurs camarades. [...]
Anne, Claudine, Alain, Laurent
[...] En classe les élèves ont un texte, qu’ils lisent et pour lequel ils doivent répondre aux questions. Bien sûr comme ils travaillent au sein du même groupe, ils peuvent s’entraider.
Pour ma part, je leur dis que je suis leur « joker » et que je peux donc les aider à tout moment.
Ce travail d’une durée de 20 à 30 minutes est la première étape.
Ensuite les groupes changent puisque tous les élèves qui ont travaillé sur le même texte se retrouvent dans des groupes (et nous avons alors 4 groupes de 6 élèves) pour comparer leurs réponses s’entraider, se corriger\ Ce travail prend de nouveau une vingtaine de minutes. L’objectif est que chacun.e réintègre le groupe initial en ayant augmenté, amélioré , confirmé ses savoirs. Ainsi chacun.e devient « expert » dans son domaine.
Là c’est le temps d’une pause (en général la récréation).
Puis nous passons à la dernière étape : il s’agit de réaliser une trace écrite pour transmettre aux camarades ce qu’on a appris sur le sujet.
Les groupes initiaux se reconstituent et chacun.e est possesseur d’une partie du savoir. Ensemble ils constituent le texte final.
Le lendemain, les textes sont lus au groupe classe et les élèves choisissent le texte qui leur semble le plus complet ou le plus représentatif de la période. [...]
Christine Durand
[...] « C’est quoi le conseil ? »
« Ça permet de faire respecter les règles, de communiquer les problèmes que l’on a, de parler, de faire des propositions, de trouver des solutions, d’aider ceux qui ont des problèmes... c’est bien, car ce n’est pas que le maître qui décide. »
Pour ces enfants, le conseil est bien perçu comme un lieu important d’information, d’analyse, de régulation et d’organisation, où ils partagent le pouvoir collectif avec l’adulte. Ils ont une possibilité réelle d’influer directement sur leurs conditions de vie et de travail. Mais le pouvoir du conseil dépend des capacités de l’enseignant à faire respecter ses décisions : je ne peux partager que le pouvoir que je détiens moi-même.
Faire respecter les décisions
Les décisions, aboutissement d’un choix réfléchi et lucide, doivent être appliquées : chacun en est responsable solidairement avec les autres. L’enseignant en est le garant mais les enfants doivent aussi y contribuer en exécutant les tâches prévues et en s’engageant dans les responsabilités dont le besoin a été déterminé. C’est la part coopérative de chacun.
Exercer un pouvoir de décision a pour corollaire le devoir de participer à l’application, chacun à la mesure de ses capacités. [...]
Jean Le Gal
[...] Sur la place des parents
• dans la classe
Une classe coopérative est une classe qui « travaille » et qui a besoin de « travailleurs » enfants et/ou adultes pour réaliser ses projets.
Les parents peuvent devenir ces travailleurs qui vont aider la classe à avancer. Dans ce cas, on intègre les parents comme acteurs et non comme simples observateurs (même si cela est déjà important que les parents puissent entrer en classe pour observer).
En fonction des projets, les parents pourront venir plus ou moins souvent et s’impliquer de façons multiples. Mais il est important que les dispositifs choisis fassent des parents de vrais coopérateurs.
Au niveau des enfants, on ne travaille pas seulement sur la dimension affective (le bonheur de voir papa, maman, tata, papy ou mamie à l’école, oh combien importante !) mais on va plus loin en faisant du parent un membre actif du groupe en apprentissage.
Il y a toutefois un écueil, important à prendre en compte, dans l’injustice que peut ressentir un enfant dont le ou les parents ne jouent pas le jeu et ne viennent pas (ou ne peuvent pas) venir à l’école.
• en Pédagogie Freinet, plus généralement
En PF, on vise un fonctionnement de société particulier et les parents font partie de la société. Eux aussi doivent avoir une place, être reconnus dans leur singularité et leur globalité. Les garde-fous et invariants de la PF valent pour tous les temps et espaces ; ils permettent d’avoir un cadre sécurisant pour chacun (adultes ou enfants), d’interroger chaque situation au regard de ce cadre, d’apporter des réponses en cas de dysfonctionnements, d’éviter de tomber dans des écueils ou de réussir à en sortir.
Dans le Nouvel Éducateur N°98, Xavier Nicquevert, précisait :
« Le Mouvement Freinet a été parmi les premiers partisans d’une école ouverte sur la vie. Mais cela signifiait d’abord que les portes étaient ouvertes pour que les élèves en sortent et aillent vers la vie réelle afin de l’observer. Cela impliquait des interventions multiples de toutes sortes de personnes et, en tout premier lieu, les parents. Leur présence se programmait en fonction des projets de la classe ou des évènements de la vie, toujours appréhendée dans sa globalité. » [...]
Philippe Durand
Une archive : Mémento du bon coopérateur
Coopérer pour développer la citoyenneté. La classe coopérative.

Il nous apporte ici une vision globale de ce que représente aujourd’hui la classe coopérative, mais aussi des moyens de démarrer dans une évolution progressive et maîtrisée.
Il apporte des éléments-clés à des institutions incontournables de la classe coopérative : le Conseil de la classe, les lois et règles, les responsabilités. Ancré sur des appuis théoriques essentiels et des pratiques vécues et réfléchies, cet ouvrage constitue un outil pertinent pour tout enseignant, éducateur, parent,… intéressé pour donner à l’enfant, au jeune, une vraie place à l’école et dans la société.
Le choix de la coopération par Célestin Freinet et les praticiens actuels du Mouvement Freinet se situe dans un engagement politique, social et pédagogique. Dans ce cadre, la classe coopérative est envisagée comme un ensemble complexe, cohérent et ouvert qui évolue en permanence.
Jean LE GAL
Coopérer, s'entraider dans la classe

Une conception de l’éducation différente.
L’entraide facilite également le travail de l’enseignant dans la gestion de l’hétérogénéité et dans les réponses aux difficultés individuelles d’apprentissage de sa classe.
Cette édition s’adresse à tout enseignant ou tout éducateur qui souhaite explorer cette voie dans sa pratique quotidienne. On y trouve de nombreuses expériences et pratiques : l'entraide au quotidien, le tutorat, les échanges de savoirs, les Arbres de connaissances...
Cette édition s’adresse à tout enseignant ou tout éducateur qui souhaite explorer cette voie dans sa pratique quotidienne. On y trouve de nombreuses expériences et pratiques : l'entraide au quotidien, le tutorat, les échanges de savoirs, les Arbres de connaissances...
LE MÉNAHÈZE François
Coopérer pour changer de monde

François Le Ménahèze dresse, dans un premier temps, un état des lieux de notre société, de notre École et de notre environnement pour, dans un second temps, nous emporter dans le monde de la coopération.
Entre narration et fiction, on s’attache à ces personnages qui vont découvrir un milieu jusque là inconnu.
Entre narration et fiction, on s’attache à ces personnages qui vont découvrir un milieu jusque là inconnu.
C’est en traversant les origines, et la réalité actuelle, de la coopération, que nous sommes amenés à comprendre qu’un autre monde est possible, notamment suite à de riches rencontres, celles de professionnels exerçant dans divers milieux (entreprise, santé, agriculture, banque, enseignement, art, journalisme, recherche, animation, etc).
L’auteur nous amène à suivre la voie de la coopération et, par là-même, à basculer des biens vers les liens pour reprendre pouvoir sur nos vies, notre environnement, notre démocratie.
Des leviers, voire des moteurs d’action, vont ainsi émerger pour faire vivre la coopération au quotidien.
Autant d’éléments qui pourront engager chacunˑe sur la voie de la créativité et de l’intelligence collective.
Autant d’éléments qui pourront engager chacunˑe sur la voie de la créativité et de l’intelligence collective.
François Le Ménahèze
Une coédition des éditions ICEM et des éditions du Cafard
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Fichier d'incitation coopération citoyenneté

Une pédagogie active, de projet, qui demande aux élèves de s’approprier leurs savoirs, les engage dans une réelle autonomie et une responsabilisation avec une nouvelle gestion des espaces de libertés dans la classe. Cela implique des déplacements, des choix personnels, un accès à la parole qui peut générer des conflits et des événements imprévus à gérer.
La coopération entre élèves sera pertinente d’un point de vue éducatif si elle se construit d’une manière globale à travers les multiples occasions qu’offre la classe coopérative.
Pour se lancer vers cette pédagogie, il s’agit à la fois de partager le quotidien de son métier avec d’autres professionnels et d’introduire des techniques éducatives initiées pour la plupart par les militants de l’ICEM - Pédagogie Freinet : l’expression, le conseil, le « Quoi de neuf ? », le plan de travail, les messages clairs, la correspondance, les créations mathématiques, les enfants tuteurs, les marchés de connaissances, et bien d’autres encore.
Nous vous proposons 43 fiches pour les élèves et les enseignants à utiliser afin d’enrichir la culture de la classe et tenter de dépasser difficultés ou problèmes d’organisation selon 6 domaines :
– autour du conseil
– autour des autres lieux de parole
– autour de la vie du groupe dans la classe
– autour des moments de travail
– autour des projets de la classe
– autour de la communication.
Ces pistes émanent de l’expérience d’enseignants coopérateurs expérimentés. Elles s’appuient sur une conception globale et complexe de la classe et des élèves. Elles engagent la construction de comportements responsables et l’apprentissage d’une autonomie coopérative et citoyenne au sein de l’école.
Sylvain CONNAC, Eric JOFFRE, Dominique TIBERI
La coopération pour apprendre


Le dossier de ce numéro s’attache à montrer la variété des situations d’apprentissage coopératif : créations en arts plastiques, débat mathématique,… du jardin au CDI.
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Dossier
Témoignages et réflexions : cheminer avec la pédagogie Freinet en unité d’autisme, en Ulis collège, avec le RASED, les AES… Droit à la singularité, restaurer la confiance en soi et valoriser, donner du temps pour trouver sa place.
Vie de l'ICEM
Une classe qui fait vivre la poésie hors les murs, une classe qui manifeste pour les droits de l’enfant, un GD qui revit, des nouvelles de la préparation du prochain Congrès de l’ICEM en aout 2025.





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