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Lettre d'information de l'ICEM - mars 2025

Mars 2025

 

Freinet info n° 85

 

Mars 2025

                    
 

 

 
  Sommaire :

 


 

 

 

 

 

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Françoise Diuzet, autrice d'École et écologie. Le dérèglement climatique. Comment en parler et agir avec les élèves ?, Paul Gangloff, auteur de Freinet TechniquEs, Freinettechnieken, Techniques Freinet et l'association Les Amis de Freinet seront présent·es à cet évènement. 
 
 

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 Le Nouvel Éducateur n° 200

 
 
Éditorial
La longue tradition scolaire a enfermé l’enfant dans un statut : celui qui ne parle pas, « l’infans ». Les avancées successives des pédagogies actives n’ont pas changé la donne sur le fond. Au mieux, l’enfant est acteur dans des situations proposées par le maître qui dirige la manœuvre.

Alors que l’école traditionnelle refuse de prendre en considération les préoccupations et les propositions des enfants qu’elle juge banales et de peu d’intérêt pour une acquisition efficace des connaissances, la pédagogie Freinet crée une rupture fondamentale : elle institue l’enfant comme auteur. Cette rupture décisive instaure un autre rapport au savoir qui bouleverse les processus d’apprentissage. L’enfant devient auteur, y compris dans la définition de ses tâches.

« Il n’y a qu’un seul principe moteur, la faculté désirante », dit Aristote. Chaque être vivant a le besoin essentiel d’augmenter son pouvoir sur le monde. Freinet appelait cela « la puissance de vie ». Le rôle du maître est de mettre en place un milieu qui permette à ce désir élémentaire de se déployer, offrant des motifs de création et d’expression, des sujets de recherche et des objets de connaissance.

Un enfant engagé dans un travail librement consenti, au sein d’une classe coopérative, perçoit la promesse de reconnaissance de ses œuvres par le groupe de ses pairs, dans l’école voire au-delà. Dès lors, il n’a plus de problème avec l’autorité. Il ressent qu’il peut « faire autorité », lui-même, à son niveau. La culture première de l’enfant trouve droit de cité au sein de l’école. Reconnu lui-même comme auteur, il devient beaucoup plus disponible et sensible à la culture, aux autres cultures.

Bien plus, l’enfant-auteur-créateur est en position de se créer lui-même à travers la production exigeante et authentique d’œuvres reconnues dans le cadre coopératif. [...]
 
Pierrick Descottes et Catherine Mazurie
 

 

 

 

 

[...]

 

Dévolution radicale
 
Ce projet d’émancipation, tel que l’entendent diversement les deux pédagogues, implique une véritable rupture. Je pense qu’on peut la formuler schématiquement comme ceci : elle consiste dans un processus de « dévolution radicale ». Je rappelle que la dévolution implique que l’élève se sente responsable de ses apprentissages, de sorte qu’il ne reste pas passif devant le savoir. Cette dévolution est ici doublement radicale : d’abord, parce que les élèves participent à tous les aspects du travail (y compris l’organisation de la vie sociale elle-même), et ensuite parce qu’ils y portent une responsabilité entière. Ce n’est pas le professeur qui conçoit d’avance une situation (dite adidactique) par laquelle les élèves assument la responsabilité d’un apprentissage dont l’objectif est par ailleurs défini ; ce sont les élèves qui inventent leur propre activité sous l’influence complexe du milieu. Dans le premier cas, ils sont acteurs, c’est-à-dire qu’ils agissent, certes, et plus aujourd’hui qu’autrefois, mais au sein d’une activité qui a été conçue pour eux, et sans eux ; ils interprètent en quelque sorte un rôle qui a été écrit pour eux. Dans le second cas, ils sont auteurs, ils explorent par eux-mêmes des horizons de promesses, comme ils l’avaient fait pour conquérir le langage, la marche, ce qui leur avait si bien réussi. C’est le philosophe Gilles Deleuze qui raconte combien il a fallu de temps à Van Gogh, comme à d’autres peintres, pour progressivement « conquérir la couleur ». C’est cela l’activité de création : une conquête incessante, un apprentissage continu.
Eh bien, c’est ainsi pour les enfants aussi, et je dirais, de la même manière. Si on n’insinue pas entre eux et la connaissance les coupures de l’ordre explicateur, c’est ainsi qu’ils s’y prennent pour apprendre : en créateurs, en auteurs, par un complexe processus de tâtonnement et selon leur nécessité intérieure. Ils produisent leur propre culture, comme les adultes produisent la leur, et qu’ils vont progressivement rencontrer. [...]
 
Nicolas Go

 

Lire l'intégralité de la conférence.

 

 

 

 

 

 

LE TEXTE LIBRE DOIT
ÊTRE VRAIMENT LIBRE

 Il semblera que nous émettions là une évidence superflue.
C'est que la tradition scolastique est si tenace, elle a si définitivement marqué la majorité des maîtres, elle a si peu confiance en l'enfant qu'on veut bien, si les officiels le recommandent, laisser écrire des textes libres... mais vous comprenez, il faut bien orienter les enfants vers les sujets à examiner ou à développer... Nous n'allons pas leur laisser écrire n'importe quoi...
Alors, on fait texte libre, comme on faisait naguère la rédaction imposée. On demande aux enfants d'écrire, à heure fixe, un texte libre. C'est-à-dire qu'au lieu de leur donner le sujet de rédaction, on leur laisse le choix de ce sujet. Cet exercice devrait s'appeler plutôt : Rédaction à sujet libre.
Si, à ce moment-là, l'enfant n'a pas envie d'écrire, il devra écrire tout de même; s'il n'a pas dans la tête un sujet passionnant, il faudra qu'il le trouve. Ou on le lui soufflera.
Et les rédactions ainsi obtenues seront peut-être lues, mais sans plus. Elles seront corrigées et recopiées sur un cahier spécial, ce qui peut avoir déjà quelques vertus scolaires et humaines.
On comprend cependant qu'une telle technique de travail, si elle est en progrès sur la pratique traditionnelle de la rédaction imposée, n'apportera que très exceptionnellement les avantages majeurs que nous reconnaîtrons au texte libre : spontanéité, création, vie, liaison intime et permanente avec le milieu, expression profonde de l'enfant.
Un texte libre doit être vraiment libre. C'est-à-dire qu'on l'écrit lorsqu'on a quelque chose à dire, lorsqu'on éprouve le besoin d'exprimer, par la plume ou le dessin, ce qui bouillonne en nous.
L'enfant écrira son texte spontané sur un coin de la table le soir ; sur ses genoux, en écoutant parler la grand-mère qui ressuscite pour lui les histoires étonnantes du temps passé ; sur le cartable, avant d'entrer en classe et aussi, naturellement, pendant les heures de travail libre que nous réservons dans notre emploi du temps.
Alors, nous aurons la certitude que les textes obtenus sont bien, à l'image de la vie, ceux qui ont le plus agité les enfants, ceux qui les ont intéressés le plus profondément, ceux donc qui auront pour nous la plus éminente vertu pédagogique.
Mais alors diront les collègues qui n'ont pas encore expérimenté, nous nous mettons ainsi à la remorque des enfants ; nous nous rabaissons jusqu'à eux au lieu de les élever jusqu'à nous, car enfin cette richesse prometteuse du texte libre ne saurait être que l'exception.
Nous aurons rarement un choix suffisant de textes, car nos élèves n'aiment pas travailler quand on ne les y oblige pas, et ils sont bien vite à bout de souffle. Ou bien alors, ce seront toujours les mêmes qui feront les textes, ce qui n'est qu'une solution de surface.
[...]
Cette idée d'expression libre en général, et de texte libre en particulier est aujourd'hui entrée dans les mœurs. Nous n'encourons plus de ce fait les critiques qu'on nous a faites il y a vingt ou trente ans, quand on nous accusait de cultiver une sorte de mensonge en présentant comme œuvres d'enfants des réussites où le maître avait une trop grande part.
On se rend compte aujourd'hui qu'un tel mensonge ne saurait garder longtemps la complicité des enfants eux-mêmes. Si les enfants sont fiers de leur œuvre c'est qu'ils ont conscience d'en être vraiment les auteurs, le maître ou les camarades n'étant intervenus en l’occurrence que pour lécher le nouveau-né, pour lui permettre de conquérir sa place dans une compétition où la littérature d'enfants n'avait, avant nous, aucune place.
Il suffit de feuilleter d'ailleurs les milliers de journaux scolaires qui paraissent mensuellement pour comprendre qu'une voie est désormais tracée, celle du texte libre tel que nous en avons défini la technique.
Les enfants ne se laisseront plus ravir leur conquête. Une page pédagogique est tournée. L'École ne sera plus demain ce qu'elle était hier. Le texte libre aura été dans cette évolution une étape décisive.
 
Célestin Freinet, Bibliothèque de l'école moderne
 
 
 
 

 
Le journal scolaire est une technique qui vise à faire vivre les écrits des enfants car, pour qu'ils aient du sens, il faut qu'ils soient réellement lus et diffusés dans et à l'extérieur de l'école : autres classes, parents, environnement de l'école, correspondants...
Ceci passe nécessairement par des moments de création (texte libre, création poétique, plastique...) et par une technique de mise en page et d'impression. À l'origine, les enseignant·e·s Freinet utilisaient pour ce faire l'imprimerie. Aujourd'hui, cela passe plutôt par l'utilisation de logiciels sur ordinateurs, parfois par de la mise en page sous forme de collages, le tout étant photocopié, relié...
Ces journaux papier sont parfois complétés par des outils de diffusion via internet.
 
 
 
 
 
 
Méthode naturelle de peinture et dessein politique
 

La méthode naturelle d'apprentissage décrite par Freinet(1) s'inspire de la manière dont les bébés et les jeunes enfants procèdent au cours de leurs premiers apprentissages, la parole, la marche. Elle estime les individus suffisamment équilibrés capables de se cultiver et de se former dans un environnement stimulant. Observons un moment de pratique de méthode naturelle de peinture dans une Section de Petits-Moyens d'école maternelle.
 
  Présentation technique de l'atelier

Il s'agit plus exactement d'un atelier gouache. De temps en temps, nous proposons plutôt de l'encre et, exceptionnellement, de la peinture acrylique. La gouache est privilégiée en raison de sa facilité d'utilisation et de nettoyage à l'eau. Dans notre classe de 60 m2, le coin peinture est constitué de deux tables à hauteur des enfants, accolées et formant un carré d'environ 4m2. Logiquement, l'atelier est installé à proximité du lavabo de la classe, le matériel est entreposé sur des étagères et dans des bacs rangés sous les tables. Les enfants peignent debout. L'atelier peut accueillir huit enfants, utilisant, la plupart du temps des feuilles de 120 grammes de format A3. C'est la taille maximale pour un atelier de huit et le grammage minimum acceptable pour la gouache. Plus légère, la feuille se gondole, supportant mal une couche de peinture épaisse. Un doigt de peinture non-diluée est préparé dans des petits pots bébé, rassemblés par dix dans des barquettes afin d'éviter qu'ils ne se renversent. Après chaque séance, les pots sont triés (rincés si les couleurs ont été mélangées), puis bouchés et rangés sur les étagères. Je regrette de n'avoir pas accès à de meilleures marques de gouache comme Pébéo car la plupart ont le défaut de perdre en séchant la vivacité de leurs coloris. Des pots de brosses rondes et plates de dimensions variées sont disposés sur la table. Les poils de soie, plus souples, rebiquent. Ils sont réservés à l'encre. Pour sécher, les œuvres sont suspendues par des pinces à linge percées dans leur travers (vieille technique de séchage des feuilles à l'ère de l'imprimerie). Dans l'idéal, nous rêverions de disposer du luxe d'un espace permettant d'autres expériences où les enfants auraient le choix de peindre à même le sol, sur des formats plus importants. Dans notre réalité, ceci reste du domaine de l'exceptionnel comme dans la cour de récréation, aux beaux jours sans vent.
Ces détails minutieux peuvent paraître rébarbatifs au néophyte, ils sont pourtant impératifs au succès de l'atelier. La méthode naturelle se fonde sur une organisation matérialiste scrupuleuse optimisant les conditions et les circonstances afin de proposer les situations d'apprentissage les plus adéquates. Les maîtres s'adaptent au milieu. Ils saisissent des opportunités. Dans certains cas, ils envahissent les couloirs, optent pour le plan vertical, squattent une salle de classe désaffectée. Ils profitent des matériaux abandonnés par les collègues, offerts par des parents ou rencontrés dans la rue. Ils font œuvre de créativité, d'invention pédagogique.
 
Jean Astier
 
 
  1- Célestin Freinet, Œuvres pédagogiques, Seuil, 1994. Édition en deux tomes. 
 
 

 
 
 
 
 
 

 Le texte libre vers l'expression littéraire

 

Le texte libre, démarche phare de la pédagogie Freinet, place l'enfant dans une situation de même nature que celle de l'écrivain. Une situation exigeante où liberté et désir de l'auteur se conjuguent à la rigueur de l'élaboration.
Quelle mise à en place en classe ?
 
Laboratoire de Recherche Coopérative, édition 2015 
 
 

 

 

 

 

Freinet TechniquEs, Freinettechnieken, Techniques Freinet
 
L'ouvrage est en trois langues : français, anglais, néerlandais et contient une centaine de reproductions en couleurs de pages de journaux de classe.
Deux essais accompagnent les reproductions, Caractères mobiles de César Rogers et Un journal d'opinion de Marie Preston.
Il s'agit d'un livre relié, cartonné, de 296 pages au format 17 × 21 cm vendu 27,50 €.
Paul Gangloff, César Rogers et Marie Preston
Éditions Rollo Press
 Paul Gangloff sera présent au salon parisien de la pédagogie Freinet le 29 mars 2025 à la Bourse du travail.

 

Découvrir un aperçu du livre.

 

Pour acheter en ligne

 

 

 
 
 
 

36e Semaine de la presse et des médias à l'école du 24 au 29 mars 2025.
Où est l'info ?

« Où est l’info ? » fait écho à Où est Charlie ? de Martin Handford, cette quête visuelle d’un personnage iconique difficilement repérable dans des paysages sursaturés de détails. Omniprésente, l’information est, elle aussi, de plus en plus difficile à identifier dans le flux d’une myriade de formats et de supports.
Former les publics, dès les plus jeunes âges, à s’orienter dans ce dédale est l’un des enjeux de l’éducation aux médias et à l’information. Mais avant de décrypter les supports et formats, il est nécessaire de se poser la question fondamentale : « qu’est-ce que l’info ? » « comment la distinguer du divertissement ? », surtout quand les frontières deviennent floues ?
Ce thème ouvre aussi la porte aux révolutions numériques, avec l’essor des solutions d’IA générative. Comme toujours, cette avancée brouille les repères. La surabondance d’informations exige un pari audacieux : celui de l’intelligence des usages contre celui des détournements partisans, consuméristes ou purement illicites.
Car l’information, pilier de l’engagement citoyen, peut aussi être une arme lorsqu’elle est manipulée ou travestie. C’est le devoir de chaque citoyen de veiller à ce qu’elle reste un outil de liberté et non d’oppression. Première action éducative en nombre de participants, la Semaine de la presse et des médias dans l’École invite les enseignants de toutes les disciplines, de la maternelle à la Terminale, à travailler sur ces enjeux fondamentaux de l’éducation aux médias et à l’information.
 

Avec CréAtions, Jmagazine, JCoop et BTj.
 

 

Les contenus mis en ligne sur Coop'ICEM pour cette semaine de la presse et des médias à l'école :
https://www.icem-freinet.fr/revues_classes/accueil_revues.html

Les contenus quotidiens mis en ligne sur Coop'ICEM durant la semaine de la presse, du 24 au 29 mars 2025 :
https://www.icem-pedagogie-freinet.org/spme-2025

 
 
 
 
 
 
Fin janvier 2025, le Défenseur des droits alertait et plaçait l’État face à ses responsabilités au sujet de l’Aide Sociale à l’Enfance, mais aussi sur la prise en charge des enfants à la rue (plus de 2 000 chaque nuit), sur l’accès aux soins. "De graves atteintes à l'intérêt supérieur et aux droits des enfants" étaient dénoncées.
À la mi-février, le projet de réforme du droit des mineurs arrivait au parlement, initié par le parti présidentiel, LR et le RN. Celui-ci est nourri des fantasmes de la droite et de l’extrême-droite de
« l’ensauvagement » et prévoit la fin de l’excuse de minorité pour les enfants de 16 et 17 ans, un recours accru aux centres éducatifs fermés et un durcissement du Code de la Justice Pénale des Mineurs.

Depuis quelques jours, c’est le pensionnat Notre-Dame-de-Bétharram qui donne une horrible illustration de l’abandon des enfants par l’État et en l’occurrence par son actuel premier ministre et ancien ministre de l’Éducation nationale François Bayrou.
Les faits sont accablants et illustrent le mépris envers les droits les plus élémentaires des enfants. Couvrir ainsi que l’a fait l’actuel premier ministre les violences sexuelles, des viols et des violences physiques ayant eu lieu dans un établissement scolaire est la marque ultime du déni de l’État des droits des personnes les plus faibles qu’il est censé protéger : les enfants.
 
L’ICEM – Pédagogie Freinet rappelle que la France est signataire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, que celle-ci l’oblige à reconnaitre, mettre en œuvre et faire appliquer les droits des enfants jusqu’à leur majorité.
 
 
 
 
 
 
 
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