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Tant qu'il y aura du désir, on pourra parler et peut être même improviser !

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Secteur Pratiques sonores et musicales
Tant qu'il y aura du désir, on pourra parler et peut être même improviser!
Stéphane Daubilly


Pas facile non plus pour exprimer mardi soir ce qui me parlait tant dans cette improvisation? Certes, il y a des références (le free jazz, la musique contemporaine, Fluxus, Dada, Jean Dubuffet...), certes on peut comparer, mesurer, adjectiver tout ça pour tenter d'expliquer ou de justifier ce qui se passe la dedans mais souvent, ça tombe à plat comme une feuille morte.
Qu'est-ce qui fait qu'on entre ou qu'on n'entre pas là-dedans ou plutôt, qu'est-ce qui fait que cette musique et ces œuvres entrent ou n'entrent pas en nous ?
Je ne sais pas quoi répondre... sinon que les réactions hostiles, enthousiastes ou mitigées des spectateurs traduisent toutes à leur façon la réussite de ce NON SPECTACLE.
Non spectacle car on perd, face à l'improvisation (et non l'improvisation édulcorée sous forme de match (là, c'est moi qui polémique !), son statut de simple spectateur qui est si souvent confortable car il nous implique si peu dans la création de l'œuvre !
De l'improvisation musicale ou graphique j'en ai vu, j'y ai pris du plaisir et puis, je m'y suis ennuyé et puis au fur et à mesure j'ai appris à me construire mes propres critères pour pénétrer ces musiques et ces œuvres non préparées, non mises en scène si ce n'est par la vie des créateurs mais aussi par la réaction de la salle, l'architecture et l'histoire des lieux.
Quand j'ai lu les articles de Sol, ma première réaction fut la suivante : si des enfants d'une classe Freinet avaient produit en direct la même chose (car c'est bien de choses qu'il s'agit) qu'elles auraient été les réactions du public présent ?
Toute la journée de mercredi, j'ai entendu qu'il fallait être perméable aux apports des enfants, comment est-ce possible quand on est si peu enclins à se laisser envahir par la création spontanée. On attend toujours trop des artistes, je ne sais pas ou plutôt, je ne veux pas savoir comment les copains auraient réagi aux créations spontanées des enfants … pas envie de polémiquer sur l'art !
Comme je ne veux pas polémiquer, je vais terminer cet article en citant Cecil Taylor (pianiste fondateur du free jazz et de la musique improvisée noire américaine) qui me semble avoir clairement résumé les réactions des critiques et du public face à l'improvisation libre dans les années 60 : « J'ai certainement plus appris dans le ghetto noir de Boston qu'au conservatoire...Pourquoi faut-il passer tant d'années à apprendre les traditions musicales européennes alors que pas un des profs ou des musiciens ne connait quoi que ce soit de Harlem ou de la tradition négro-américaine ? Les critères employés sont particuliers à leur musique, après tout ! Mais quelle pourrait être l'idée de la beauté pour Louis Amstrong ? Qui s'en soucie ? Et même si cela les intéressait, leur opinion ne m'intéresse plus, simplement parce qu'ils n'imaginent pas que nous puissions avoir nos critères. »
Stéphane Daubilly

 

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