Les intoxications au monoxyde de carbone

Chaque année, en France, près de 6000 personnes, dont environ un tiers de jeunes enfants, sont intoxiquées par le monoxyde de carbone (hors suicide et incendie). 300 personnes en meurent (selon la Direction générale de la Santé).
Il s'agit de la première cause de mortalité par gaz toxique en France.
Ce sont autant de drames familiaux qui pourraient être évités avec des règles simples.

Nous allons voir d'où vient ce gaz, comment il agit sur notre corps, comment se soigner et que faire pour s'en protéger.

D’où vient le monoxyde de carbone ?

Lors d'une combustion normale, le carbone contenu dans la matière solide (bois, charbon), liquide (fuel, pétrole) ou gazeuse (propane, butane) brûle, en présence de l'oxygène de l'air, en émettant du dioxyde de carbone (gazeux) selon la formule chimique :

C            +        O2         ->     CO2
carbone        oxygène             dioxyde de carbone     

Cette réaction libère de l'énergie sous forme de chaleur, nous permettant de nous laver (chauffe-eau), de nous chauffer (cheminée), de cuire nos aliments (cuisinière),...

Si la quantité d'oxygène présent dans l'air diminue (lorsque la pièce est mal ventilée et que le chauffe-eau ne fonctionne pas bien, par exemple), alors la combustion devient incomplète et il y a formation de monoxyde de carbone (gazeux) selon la formule chimique :

2C            +     O2            ->     2 CO
carbone         oxygène          monoxyde de carbone

Le monoxyde de carbone est un gaz inodore, incolore. Il peut donc être présent dans un endroit sans que personne ne s'en rende compte. Or, il est extrêmement dangereux.     

Comment le monoxyde de carbone agit-il ?     

Le monoxyde de carbone entre dans le corps par la voie respiratoire (poumons).
Il traverse très facilement la membrane alvéolo-capillaire - cette membrane est le lieu, situé au plus profond des poumons, où se produisent les échanges entre les gaz contenus dans l'air et ceux contenus dans le sang.      

Le monoxyde de carbone se retrouve donc en contact avec l'hémoglobine présente dans le sang, dont la fonction est d'assurer le transport de l'oxygène dans le corps.
Comme il se combine avec l'hémoglobine environ 200 fois plus vite que l'oxygène, il en prend alors la place et cela même s'il n'est présent dans la pièce qu'en petite quantité.

Le manque d'oxygène qui en résulte provoque des maux de tête, des vertiges, des nausées, puis des vomissements, un état euphorique ou de la torpeur, et enfin la mort si la quantité de monoxyde de carbone et le temps de séjour dans le local sont suffisants.

Chez la femme enceinte, le fœtus est particulièrement vulnérable: décès avant ou après la naissance, malformation des membres.  

Comment se soigner?     

Pour soigner ce type d'intoxication, un seul remède: l'oxygénation.

Dès le retrait de la victime encore vivante du lieu où elle a respiré ce gaz, le monoxyde de carbone commence à s'éliminer.
Toutefois, la mise sous un masque à oxygène ou bien dans un caisson hyperbare* pour les cas les plus graves permet d'accélérer le processus.

Le temps de demi-vie** du monoxyde de carbone est d'environ 4 heures dans l'air ambiant, 80 minutes dans l'oxygène à la pression atmosphérique. Ce temps peut être réduit à 23 minutes dans un caisson hyperbare quand on augmente la pression à 3 fois la pression atmosphérique.

Comment éviter les intoxications au monoxyde de carbone ?

Un certain nombre de dispositions doivent être prises, soit parce qu'il s'agit du bon sens, soit parce que la loi nous oblige à les prendre.

Le bon sens nous dicte :

- de n'allumer le poêle à charbon que par temps froid...
- de lire et respecter la notice d'utilisation des appareils.…
- d'ouvrir la porte du garage avant de démarrer la voiture (ou la moto)...
- de respecter la destination des appareils.      
 
La loi nous lmpose :

- de confier l'installation et l'entretien annuel des appareils uniquement à des professionnels. . .
- de faire ramoner chaque année les conduits d'évacuation des gaz brûlés. . .
- de vérifier que les ventilations sont dégagées
- que les nouveaux chauffages mobiles d'appoints disposent d'un dispositif de sécurité. Sinon, il convient de le changer (appareil trop ancien).    

* Caisson hyperbare: enceinte étanche où la pression est supérieure à la pression atmosphérique.
** Le temps de demi-vie, c'est le temps au bout duquel la quantité initiale a diminué de moitié. Attention: si par exemple, il faut 4 heures pour éliminer la moitié du monoxyde de carbone, au bout de 8 heures, il en restera le quart, c'est-à-dire la moitié de la moitié.
En effet, cette élimination repose sur une loi mathématique que l'on appelle «logarithmique».

- maison toxique
- garage enfumé
- conduit de cheminée obstrué,
- appareils de chauffage défaillants,
- grilles d'aération bouchées :

danger !

En conclusion

Chaque année en septembre-octobre, c'est-à-dire avant la période «de chauffe», les pouvoirs publics rappellent l'obligation d'entretien des chaudières, chauffe-eaux, cheminées, poêle à charbon, etc. Il insistent sur les conséquences qui peuvent être terribles: un appareil qui ne fonctionne pas bien, et c'est toute une famille qui peut en mourir !

Malgré cela, chaque année au cours de l'hiver, on déplore de nombreux morts et des milliers de personnes hospitalisées.
Il existe des détecteurs de gaz portables, utilisés par les pompiers en France. Lorsque l'alarme est déclenchée, un signal sonore et une lumière clignotante sont émis. Il détecte aussi bien le monoxyde de carbone que le sulfure d'hydrogène, autre gaz toxique.

Alors, n'oubliez pas que respecter les conseils et obligations en matière d'entretien des appareils de production d'eau chaude et de chauffage, c'est d'abord penser à la sécurité de sa propre famille.      
 carte postale     

Pour sensibiliser le grand public, cette carte postale a été diffusée à 300000 exemplaires lors de la campagne nationale 2003/2004 d'information et de prévention contre les risques d'intoxication au monoxyde de carbone.
Cette campagne a été organisée par la Direction de la Défense et de la Sécurité civile et la Direction générale de la Santé, en partenariat avec les pouvoirs publics (Sapeurs pompiers, Commission de la sécurité des consommateurs), les distributeurs d'énergie et les professionnels de la filière énergétique (constructeurs, installateurs spécialisés)