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En Chantier n°2 : Le slam, art moyen


 
Une scène slam, c’est une scène ouverte, vrac poétique, brocante du texte autoproduit.

Une auberge espagnole de la tchatche.

Son but, c’est la diffusion vivante de textes originaux, voire improvisés, à une seule voix,

sans instrument, sans accompagnement, sans décorum :

seulement un texte et une voix (aidée d’un micro).

C’est un dépouillement, une simplicité qui permet une participation spontanée, brute, amateur.



Car tout le monde est orateur, oratrice, orateure, orateureuse, orat’heureuse…

Chacun chacune est invitéE à venir dire, déclamer, chuchoter, fredonner, incarner, improviser

un texte original, historiette, coup de gueule, fable, fragment de vie, poème.

Tous les mots sont permis (il est juste préférable que les textes ne soient pas trop longs).

Le public est réceptif, complice… de toutes façons, il sait que la fois d’après, c’est lui –

c’est toi qui causes : la scène n’est pas étanche, pas réservée, elle t’attend, elle te tend les bras

(c’est une image).



Alors viens slamer, viens nombreux, et crache ton venin, ton amour ou ton rire.

Crache tes maux. Crache tes mots. Tes mots. Les tiens, les nôtres, dans le sens qu’on veut.

Parce qu’il y a des mots fétiches qui traînent partout, dans l’air comme une pollution ambiante,

le monotone bourdonnement des médias, des politiques et du café du commerce.

Des mots magiques. Croissance. Sécurité. Progrès.

D’autres qui ne disent pas vraiment ce qu’ils veulent dire. Plan social. Culture du risque.

Autant de trucages, autant de mensonges, autant de couleuvres qu’on avale par l’oreille.

Le brouhaha soporifique de la bêtise dominante.



Alors, faut se grouiller de parler, avant que les mots ne disent que ce qu’on leur aura ordonné de dire.

Que les langues se délient. Que des voix sortent de l’ombre. Que les oreilles frétillent.

Dire nos mots, dire notre sens des mots.

Gueuler ou grincer, mais dire quelque chose, et quelque chose qui a de la gueule.

Que chacun chacune mette son grain de sel brut dans une reprise de parole collective.



C’est la mise en pratique de la phrase de Lautréamont : « La poésie doit être faite par tous. Non par un. »

Une poésie pour laquelle où l’on parle, quand on parle, à qui l’on parle, ne sont pas choses anodines.

Une poésie – dans le sens le plus noble du terme – de circonstance.

Le slam est un art moyen. Pas un art médiocre, un art médian, un art mitigé, un art tiède, un art mou,

un art centriste, un art bayrouïste. Ni un art élitiste. Ni un art d’artistes. Au contraire.

Un art extrême, exigeant et démocratique, simple, brut et viscéral. Et un art sans marché de l’art.
Jikabo, slameur

Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
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